Il y a 25 ans disparaissait l’un des plus grands auteurs de science-fiction, que ce soit pour le nombre de ses écrits que pour la reconnaissance aussi bien du public que de ses pairs. Il s’agit bien évidemment d’Isaac Asimov, et l’occasion de revenir sur le plus emblématique de ses cycles, j’ai nommé Fondation…
Mais d’abord, de quoi parle Fondation ?
L’humanité a essaimé dans toute la galaxie, occupant 25 millions de mondes, rassemblés sous l’égide de l’Empire Galactique. Mais cet état touche à sa fin, du moins selon le professeur Hari Seldon, concepteur d’une nouvelle science, la psycho-histoire. En effet, d’après ses calculs, l’Empire Galactique va s’effondrer, et une ère chaotique de trente mille ans devrait suivre avant l’émergence d’un nouvel Empire.
Si la chute de l’Empire est inéluctable, Hari Seldon se propose de réduire la période de barbarie à un millénaire. Pour cela, il obtient du gouvernement de Trantor d’installer une communauté sur Terminus, une petite planète de la périphérie de la galaxie, sa Fondation, qui devra guider l’humanité à travers le chaos prochain.
Une œuvre à part !
Prix Hugo spécial de la meilleure série de Fantasy/Science-fiction de tous les temps, il n’est rien de dire que l’œuvre d’Isaac Asimov a une place à part dans la littérature de l’imaginaire. Des premières nouvelles publiées à partir de 1942, au dernier roman, posthume, en 1993, s’est écoulé un demi-siècle. Toutefois, le noyau originel de la série contenant dix récits sont regroupés au début des années 50 pour former Fondation, Fondation et Empire et Seconde Fondation. Ce n’est qu’en 1982 qu’Isaac Asimov donna une suite, Fondation Foudroyée, suivie de Terre et Fondation en 1986. En 1988 et 1993 sortiront les derniers opus, Prélude à Fondation et L’Aube de Fondation, qui sont en fait un prélude au cycle originel. Ces derniers ajouts permettront de lier définitivement le cycle de Fondation aux cycles des Robots et celui de l’Empire.
Le contexte
Dans l’univers de Fondation, l’humanité s’est répandue dans toute la galaxie, sans jamais rencontrer de vie extraterrestre intelligente. L’unification sous l’égide d’un seul gouvernement a permis de conserver une culture commune entre les planètes, même si bien entendu, chacune a ses spécificités. De fait, aucun danger externe ne menace l’Empire Galactique, ni l’humanité dans son ensemble, mais c’est bien en interne que le danger guette : l’Empire est sclérosé, décadent, le système est corrompu, inefficace : une transposition de l’Empire Romain avant sa chute dans un futur lointain, en somme. Sur les quelques cinq cent ans sur lesquels s’étale la série, on va voir évoluer les personnages, les concepts, la Fondation elle-même d’ailleurs, comment les protagonistes vont lui permettre de survivre en la faisant évoluer vers une forme plus adéquate, devenant ainsi de véritables figures historiques, avant que le temps ne rende leurs œuvres dépassées.
La psycho-histoire
Mais l’axe principal de Fondation reste la psycho-histoire, cette science qui prévoit les grandes tendances de l’avenir en se fondant sur des calculs mathématiques effectués à partir des données économiques, politiques, sociologiques de l’histoire de l’humanité. Ce qui est intéressant, c’est que plus l’échantillon est important, plus la marge d’erreur est faible : la psycho-histoire sera moins fiable à l’échelle d’une planète qu’à l’échelle galactique. Du coup, cette science ne fonctionne pas pour un seul individu, ou même un groupe restreint. L’action d’un individu seul n’aura également qu’une influence négligeable sur le plan que va mettre en place Harry Seldon grâce à cette nouvelle science. De ce fait, la thématique sur le rapport de force entre individu et communauté est très importante dans Fondation.
Des thématiques nombreuses
Se projetant dans un futur lointain, Isaac Asimov a construit un univers où l’humanité… n’a quasiment pas évolué. Que ce soit physiquement ou psychologiquement, l’homme, malgré son expansion dans l’ensemble de la galaxie sur plus de vingt millénaires, reste semblable à son ancêtre du XXe siècle. Son espérance de vie n’a pas augmenté, il est la proie des mêmes forces et mêmes faiblesses. Et si les sciences ont bien entendu évolué, elles n’ont pas réussi à transformer l’homo sapiens en homo spaciens. L’occasion de décrypter différentes formes du pouvoir avec lucidité et un certain humour, leurs atouts, leurs défauts et l’opposition qu’elles rencontrent : que la puissance provienne du savoir ou du commerce, qu’elle soit militaire ou religieuse, elle toujours imparfaite et remise en cause. Bien entendu, nombreux sont les autres thèmes abordés dans le cycle, mais difficile d’en parler sans trop en dire et gâcher la découverte pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu.
Une influence majeure, mais un cycle inadaptable sur d’autres médias ?
Il n’est rien de dire que Fondation a eu une influence énorme sur la science-fiction dans son ensemble, et même en-dehors, à l’image de son auteur. Si de nombreux films, jeux-vidéo ou cycle romanesque ont construit des univers inspirés de certains aspects de Fondation, celui-ci n’a jamais été adapté sur petit ou grand écran, malgré plusieurs projets avortés. Dernièrement, une adaptation par la chaine HBO, sous la direction de Jonathan Nolan était prévue pour 2018, mais il semblerait que finalement ce soit Skydance Television qui reprenne le projet. Pour le meilleur ? Pour le pire ? Pour ne pas aboutir ? Malheureusement, la psycho-histoire ne m’est d’aucune aide à ce sujet !
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