Après la métaphore de l’apocalypse dans Knock at the Cabin, M. Night Shyamalan revient avec un nouveau projet riche en tension, Trap. Une énigmatique chasse à l’homme au sein d’un stade durant un concert. Une nouvelle intrigue chargée de mystères, une réalisation minutieusement soignée ou encore de nouveaux twists ? Trap est l’occasion d’effectuer un retour sur la carrière d’un auteur qui a connu des hauts et des bas, mais en restant toujours fidèle à lui-même.
M. Night Shyamalan : le prince du twist
Depuis sa plus tendre enfance, M. Night Shyamalan (de son vrai nom Manoj Nelliyattu Shyamalan) rêvait de cinéma. Son père aurait bien voulu que le jeune homme originaire de Pondichéry poursuive la tradition familiale en embrassant une carrière de médecin (en hommage, il en incarnera un dans Sixième Sens). Mais c’est à croire que l’imaginaire de Shyamalan était plus fort que la science. Et après avoir réalisé d’innombrables home movies, il réalise son premier long-métrage à 22 ans. Mais Praying with Anger, tout comme son deuxième film Wide Awake, passeront totalement inaperçus.
C’est en 1999, grâce à son troisième opus, que Shyamalan s‘impose finalement sur la scène internationale : son Sixième Sens avec Bruce Willis s’impose comme le phénomène de cette fin de millénaire et reste encore à ce jour un grand classique du thriller surnaturel. Il y impose ses marques de fabrique : un récit lent, un art du suspense inspiré par Hitchcock (comme lui, Shyamalan s’amuse à apparaître dans chacun de ses films) et un twist final totalement renversant.
Les années de galère
Le jeune réalisateur star devient alors le chouchou des médias, la critique l’adoube « roi du suspense ». Il s’ensuit une suite de films marquants et audacieux. À l’instar d’Incassable (2000), une histoire de super-héros tout en demi-teintes. Deux ans plus tard, Signes divise les spectateurs mais impressionne par sa maîtrise. C’est avec Le Village que les choses se gâtent. Le film, qui raconte l’histoire d’une communauté vivant en autarcie dans les bois et menacée par des créatures étranges, ne convainc pas entièrement et l’aura prestigieuse de l’« enfant miracle » commence à se ternir.
Ses choix suivants entérinent l’impression que Shyamalan serait l’homme d’un seul film. Et force est de constater que, de 2006 à 2014, ses projets s’avèrent des échecs tant commerciaux que publics, dont le nadir est sans doute Avatar le dernier maître de l’air. Cette adaptation de la brillante série pour la jeunesse est une monumentale sortie de route considérée comme l’un des pires films jamais produits, malgré un matériel d’origine brillant. La fin d’une histoire ?
Shyamalan : le singulier d’Hollywood
Mais le prince du twist ne pouvait laisser ainsi le rideau se refermer. Et Shyamalan de signer en quelques films un retour des plus inattendus. Maintes fois raillé pour son After Earth avec Will Smith (que l’on disait fini), le voilà qui revient en 2015 avec un « petit » film, The Visit, conte terrifiant et surprenant de la part d’un auteur encore plein de ressources. Les fans reprennent espoir. Et Shyamalan de brillamment dépasser leurs attentes avec un film situé dans le même univers qu’Incassable : Split.
James McAvoy y interprète un homme aux personnalités multiples (plus de 20 !), confronté à l’avènement d’une nouvelle identité encore plus terrifiante et dangereuse que les autres : la Bête… Suite au succès du film, Shyamalan retrouve la confiance de ses fans, et réalise le 3e volet de sa trilogie « superhéroïque ». Glass conclut avec maîtrise cette vision originale du genre, réunissant les protagonistes d’Incassable et Split. Au même moment, le réalisateur s’investit davantage dans un média qu’il n’avait jusque-là qu’effleuré : la série.
Des oeuvres aux concepts surprenants
En 2015, M. Night Shyamalan produit la série Wayward Pines, créée par Chad Hodge. Il réalise le pilote, nouvelle démonstration de son penchant pour les cités et décors mystérieux où se trament de sombres machinations. Cependant, il ne s’investit que modéremment dans cette production arrêtée au bout de 2 saisons. A l’inverse, Servant, création de Tony Basgallop pour Apple TV+, séduit le réalisateur par sa relecture audacieuse du trope de la nounou des films d’horreur. Producteur supervisant chaque épisode et s’entourant des meilleurs éléments (Julia Ducournau, alors en pleine préparation de la future Palme d’Or, Titane, réalisa les 2 premiers épisodes de la saison 2), Shyamalan imprime sa marque sur cette marche hypnotique vers la terreur.
Il retourne vers le cinéma en 2021 avec Old, méditation terrifiante et mélancolique sur la vieillesse, située dans une plage aux étranges effets. Inspirée par un roman graphique, Old confirme combien le réalisateur se plaît à décontenancer et à diviser le public. Avec un rythme soutenu et une intrigue aussi mystérieuse qu’intense, le film parvient à captiver de bout en bout. En dépit d’une fin un brin facile et expédiée, le long-métrage est un succès pour Shyamalan.
Deux ans après Old, le réalisateur s’aventure dans une nouvelle adaptation, celle de La Cabane aux confins du monde de l’auteur Paul G. Tremblay. Dans ce film, renomé Knock at the Cabin, Andrew et Eric partent en vacances dans une petite cabane en forêt avec leur fille adoptive, Wen. Alors que le séjour débute, la famille est prise en otage par 4 étrangers qui imposent un choix impossible à la famille afin d’éviter l’Apocalypse. Dans ce long-métrage principalement axé sur ses personnages, le casting est irréprochable, en particulier Dave Bautista qui démontre une nouvelle fois son talent pour interpréter un rôle grave et dramatique. Tout comme Old, le film brille par son rythme haletant et son intrigue oscillant entre mystères et surprises. Malgré une fin à nouveau trop rapide, Knock at the Cabin reste un long-métrage d’excellente facture.
Après autant de projets de qualité, Trap s’annonce comme un nouveau film à surveiller de près. Dans cette nouvelle histoire, un tueur en série surnommé The Butcher accompagne incognito sa fille Riley au grand concert de la popstar Lady Raven. Il se rend rapidement compte que le stade est cerné par les forces de police. Le père se retrouve ainsi piégé à l’interieur de l’enceinte. Dans les salles le 4 août prochain, c’est une nouvelle intrigue que nous allons pouvoir découvrir.