Critique

De beaux jours à venir de Megan Kruse : à l’aube d’une grande œuvre

29 septembre 2016
Par Antoine
De beaux jours à venir de Megan Kruse : à l’aube d’une grande œuvre
©DR

En s’attaquant à trois des mythes fondateurs des États-Unis – la famille, la violence et la route – Megan Kruse livre un premier roman exceptionnel d’émotion et de maîtrise. Ces Beaux jours à venir portent bien leur nom : entêtants, ils fourmillent de promesses !

Naissance d’une vocation

De beaux jours à venir

Megan Kruse, âgée d’une trentaine d’années, est originaire de la partie rurale de l’Etat de Washington, à l’extrême nord-ouest des États-Unis. Une région dure, désolée, qu’elle décrit comme « le pays des coulées de boue ». Sans doute parce qu’ici, au-delà de la brutalité meuble de la terre, des vies et des villes coulent également, au bord du désespoir.

Après avoir parcouru le vaste monde, elle est finalement revenue s’établir à Seattle. Comprenant qu’elle faisait partie à jamais de cet environnement, beau et laid à la fois, et que c’était à partir de cette matière qu’elle voulait écrire. Elle dit aussi que sa mère lui a transmis « l’amour du langage » et son père « l’amour des histoires ».   

Naissance d’un récit

De beaux jours à venir démarre alors qu’Amy, qui subit la violence de Gary depuis des années, décide de s’enfuir avec ses deux enfants, Jackson, 18 ans et Lydia, 13 ans. Le trio s’installe dans un motel, mais dès le lendemain, Jackson disparait… L’adolescent, rebelle, sensible et différent, en quête d’amour et de reconnaissance, est retourné chez son père, trahissant sa mère et sa sœur. Amy doit alors affronter l’un des dilemmes les plus douloureux qui soient pour une mère : si elle veut protéger sa fille, elle va devoir abandonner son fils…

Naissance d’un écrivain

Décomposé en trois parties, De beaux jours à venir est un récit à trois voix (Amy, Jackson, Lydia), qui déroule sa grâce et sa férocité entre l’État de Washington, l’Idaho, l’Oregon et le Texas. Lumineux, même lorsqu’il plonge au plus profond de la noirceur humaine. Question de rythme : l’écriture, à la fois véloce et contemplative, est immédiatement personnelle. Question de regard : celui de Megan Kruse, ample et précis, est très cinématographique. Puissant, souvent bouleversant, De beaux jours à venir se dévoile peu à peu, comme un roman terriblement addictif sur le lien. Ne serait-ce que pour cela, cette justesse entre le fond et la forme, il témoigne d’emblée de la présence d’un grand écrivain.

Paru le 25 août 2016, 384 pages

Traduit de l’anglais (États-Unis par Héloïse Esquié)

De beaux jours à venir, Megan Kruse (Denoël), sur Fnac.com

Article rédigé par
Antoine
Antoine
Libraire Fnac.com
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