Yôko Ogawa revient cette année avec un court recueil de nouvelles dont les histoires sont autant de petites pépites littéraires. Qu’elles soient teintées d’un sentiment d’étrangeté ou d’un doux sourire poétique, les nouvelles rassemblées ici témoignent de l’univers si particulier de l’auteure japonaise.
L’univers de Yôko Ogawa
Qu’ont de commun une jeune fille qui brode un couvre-lit dans une maison de santé, une femme âgée qui se prend pour une princesse, un homme qui se présente tous les ans à la même date chez sa tante pour son anniversaire… ? En apparence rien, si ce n’est d’évoluer dans des univers atemporels et à la géographie incertaine. Autant de personnages ou de situations banales auxquelles Yoko Ogawa réussit à introduire un sentiment d’étrangeté ou de fantastique chez le lecteur. Son écriture simple et poétique amplifie le style puissant de ses récits où éclosent ses thèmes de prédilection tels que l’obsession du classement (Morceaux de cake), le fantastique (L’encyclopédie), l’intemporalité (Ce qui brûle au fond de la forêt) ou l’enfance (La jeune fille à l’ouvrage).
10 facettes de son talent
Publié il y a presque vingt ans au Japon, le recueil de nouvelles que publie aujourd’hui Actes Sud a l’avantage indéniable de rassembler dix courts récits qui, à eux seuls démontrent la palette et tout le talent de l’auteure japonaise. Ces nouvelles sont aussi beaucoup moins sombres que certains textes parus par le passé tels que Hôtel Iris où la perversion et la relation entre les deux personnages pouvaient susciter un sentiment de voyeurisme, voire de malaise chez le lecteur.
Grande admiratrice de l’œuvre de son compatriote Haruki Murakami ou de l’américain Paul Auster, ses textes subissent l’influence de ces deux grands auteurs contemporains, dont on retrouve des clins d’œil littéraires disséminés à travers son œuvre.
Ces récits permettent de mieux appréhender et découvrir une œuvre riche et iconoclaste, faite alternativement de courts récits et de romans.
—
Parution le 3 février 2016, 224 pages
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayole