Le charismatique et énergique chanteur de The Prodigy, légende de l’électro-rock, Keith Flint, s’est donné la mort ce week-end. Il avait 49 ans. A l’origine danseur pour le groupe anglais, il en est petit à petit devenu l’emblème. Sa présence scénique et ses prestations vocales en ont fait une icône de la musique populaire des trente dernières années.
Quelques pas de côté
La jeunesse de Keith Flint n’a pas été de tout repos. Fils d’un architecte, il a grandi dans l’est de Londres, avant de déménager dans l’Essex. Sa scolarité, au lycée puis dans une école d’art, fut interrompue prématurément, compliquée par des relations tendues avec son père. Il a longtemps voyagé, devenant par exemple vendeur de rue en Israël, avant de revenir en Angleterre à la fin des années 1980, où il s’est investi dans la scène rave, alors balbutiante, comme danseur. Le jeune homme fréquente, entre autres, à cette époque, The Barn, une boîte de Braintree où mixe un certain Liam Howlett. Leur rencontre va être déterminante : le DJ est séduit par le charisme du jeune homme, et il l’embauche pour tonifier ses shows aux platines. Howlett donne également sa chance à Leeroy Thornhill ; les trois hommes montent un trio et choisissent le nom de The Prodigy.
De la danse au chant
Mélangeant l’énergie de la musique techno, une influence punk notable et quelques touches de reggae, The Prodigy connaît un grand succès en 1992, avec son premier album, The Prodigy Experience. Au sein du groupe, qui commence à enchaîner les concerts, Keith Flint trouve vite un rôle de frontman, chargé d’haranguer les foules et de diriger le joyeux chaos qui règne lors de ses concerts très musclés. Avec ses tatouages, ses piercings et ses crêtes de cheveux colorés, le garçon incarne l’attitude rebelle qui fait la réputation de ce groupe electro pas comme les autres. En 1993, le rappeur Maxim Reality intègre le groupe. Deux ans plus tard, Keith Flint devient l’autre vocaliste officiel de la bande, avec l’enregistrement de Firestarter, qui sera l’un des plus importants morceaux de The Prodigy, avec Smack my Bitch Up et Breathe. Bruitages, guitares saturées, boucles de drum’n’bass sont venus enrichir la palette du quatuor d’album en album, qui enregistre un succès colossal jusqu’au début des années 2000.
Un homme de scène
Après The Fat of the Land, The Prodigy s’éloigne du devant de la scène au début du troisième millénaire. Keith Flint souhaite faire une carrière solo, mais le projet échoue. Il ne chante pas sur l’album du retour du groupe en 2004 (Always Outnumbered, Never Outgunned), mais continue de faire état de son charisme sur scène durant les années qui suivent, en véritable maître de cérémonie des lives tonitruants de la formation. En 2009, sa voix reparaît sur le disque Invaders Must Die, alors même que The Prodigy continue de faire honneur à son rôle d’ambassadeur de la scène dite « big beat » (où l’on trouve aussi Fatboy Slim, les Chemical Brothers ou Propellerheads) dans les plus grands festivals de la planète. En 2015 et 2018, après que Keith Flint s’était reconverti, à temps partiel, comme propriétaire de pub dans sa région natale, le groupe avait sorti deux disques, The Day is my Enemy et No Tourists, et préparait son retour en tournée au printemps. Le plus charismatique de ses membres laisse désormais orphelin plusieurs générations ayant connu sur scène ou sur disque l’une des rages les plus impressionnantes de la musique pop.