Avec le retour en grâce du disque vinyle, de nombreux utilisateurs souhaitent redécouvrir leur collection, ou écouter les vieux disques de papa stockés dans le garage ou à la cave. Quelle platine vous faut-il ? Comment la brancher et de quels accessoires avez-vous besoin ? On vous dit tout.
Il est maintenant clair qu’on ne peut plus parler de mode passagère, le disque vinyle est de retour. Des magasins de disques ont refait leur apparition dans toute la France, les grands distributeurs recommencent à proposer des galettes noires dans leurs rayons, les disques d’occasion sont de plus en plus courus, et les éditeurs recommencent à presser les nouveautés en disque microsillon. Mais se lancer dans le disque vinyle demande quelques connaissances de base. Voici les questions à se poser et bien entendu les réponses adaptées.
Quel type de platine vinyle vous faut-il ?
La platine USB
Si vous voulez écouter vos disques mais aussi les transposer sur CD ou les enregistrer sous forme de fichiers numériques, il vous faut une platine USB. C’est une platine vinyle avec sortie USB qui vient se connecter à votre ordinateur et qui numérise vos fichiers. Elles sont normalement livrées avec un logiciel de découpage des pistes. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez télécharger le logiciel Audacity. Référence du genre, il demande un petit temps pour bien l’appréhender, mais il est à la fois complet, très efficace et gratuit.
D’autres platines USB permettent aussi de numériser directement les pistes de votre disque sur clé USB. Dans ce cas précis, il n’y a pas de traitement des titres (suppression du souffle, égalisation des niveaux sonores, etc…) mais il reste toujours possible de le faire a posteriori, toujours à l’aide d’Audacity.
La numérisation des disques vinyles est bien moins ardue qu’il n’y parait. En revanche elle demande précision et patience pour obtenir les meilleurs résultats. Si vous souhaitez mixer numérisation et écoute sur votre platine, préférez un modèle avec prise USB ET sortie RCA. Si en plus elle est équipée d’un pré-amplificateur, ce sera encore mieux. Nous reviendrons plus loin sur le rôle de ce fameux préamplificateur.
La platine « classique »
Si vous souhaitez essentiellement – voire exclusivement – écouter vos disques vinyles, une platine vinyle simple sera la plus indiquée. Sensiblement plus chères que les platines USB, les platines « classiques » sont aussi bien plus fidèles et musicales. Si vous optez pour une platine automatique, le bras de lecture se remettra alors automatiquement en place en fin de disque ; certains se lancent aussi automatiquement en appuyant sur un bouton. Ce genre de platine s’adresse aux utilisateurs qui recherchent la simplicité ou encore qui craignent de faire un mauvais geste qui abîmerait irrémédiablement leur disque.
Rien que pour le plaisir du geste qui consiste à lever le bras et à le poser délicatement sur le disque, les platines dites manuelles ont ma préférence. C’est l’utilisateur qui se charge de soulever le bras de lecture, de positionner la tête de lecture (dite cellule phono) sur le disque et de relever le bras pour le remettre en place en fin de lecture. Certains pensent qu’elles sont plus musicales que les platines automatiques, je n’en suis pas particulièrement convaincu. Il existe une dernière catégorie, les platines semi-automatiques. Le bras se soulève en fin de lecture du disque et le plateau s’arrête, mais c’est l’utilisateur qui doit replacer manuellement le bras sur son support.
La platine Bluetooth
*Compte tenu de l’évolution des usages, l’arrivée de platines Bluetooth était inévitable. Ici, plus que la qualité audio optimale, c’est le côté pratique qui est recherché. La platine vinyle Bluetooth permet d’envoyer la musique issue de votre disque noir vers votre enceinte sans fil ou votre casque sans fil. Le tarif de ces platines, oscillant en général entre 100 et 300 euros, les place plutôt dans la catégorie de l’entrée de gamme mais des marques spécialisées en haute-fidélité proposent des produits plus aboutis, à l’image du français Elipson. Beaucoup sont dotées d’un préampli phono intégré, et certaines offrent en plus de la connectivité Bluetooth un port USB.
Le tout-en-un
Dernière possibilité, vous orienter vers un tout-en-un : il s’agit d’un ensemble monobloc intégrant l’amplification, les haut-parleurs, la platine vinyle, souvent un tuner radio FM et plus rarement un lecteur CD. L’avantage évident de ce système est qu’il n’y a aucune problématique de branchement, vous pouvez écouter vos disques immédiatement. Le prix est aussi très sensiblement inférieur à une solution en éléments séparés.
En revanche, ne nous voilons pas la face, la qualité de restitution est à des années-lumière d’une qualité audiophile. Un tout-en-un conviendra en solution de dépannage ou si vous possédez un petit nombre de disques. Si vous souhaitez redécouvrir les plaisirs et la musicalité du microsillon, une platine dédiée, bien que plus onéreuse, me paraît incontournable.
Pour ce qui est du choix de la marque de la platine, je vous conseille de faire confiance aux marques éprouvées comme le leader du marché Pro-Ject, le britannique Rega, Audio-Technica, ClearAudio ou encore Thorens qui sont des spécialistes. On trouve aussi de bonnes platines chez des constructeurs plus généralistes comme Marantz ou Denon. Certaines marques moins connues du grand public et plus haut de gamme proposent de petits bijoux de musicalité, comme les anglais Linn (et sa fameuse Sondek LP12), Roksan et Michell ou le Slovène Kuzma. Les platines EMT ou Garrard sont également très recherchées en occasion, tout comme la très résistante Technics SL-1200. Les platines sont souvent livrées avec une cellule phono préinstallée mais vous voudrez peut être en changer plus tard pour monter en gamme. Vous pourrez vous orienter sans risque vers les modèles de chez Shure, Ortofon, Grado, vers la fameuse et increvable DL103 de Denon ou encore les modèles de chez Sumiko.
Retrouvez notre guide d’achat des platines vinyles
Comment brancher sa platine ?
Vu la quantité importante de questions sur le sujet, c’est un point qui mérite qu’on s’y attarde. Sans rentrer dans des détails techniques trop complexes, les platines vinyles, de par leur fonctionnement et leur technologie, nécessitent un traitement particulier sur la chaine hifi. A l’arrière de votre chaine ou de votre amplificateur, vous trouvez des entrées audio stéréo de coloris rouge et blanc, ce sont des RCA dites entrées ligne.
Parfaitement adaptées au signal en provenance d’une platine CD, d’un tuner FM ou d’un DAC audio, elles ne conviennent pas pour une platine vinyle. Le son en provenance d’une platine vinyle nécessite un traitement (appelé correction RIAA) et une amplification particulière. Si vous branchez directement votre platine sur cette entrée RCA, le niveau sonore sera très bas et la distorsion (signal dégradé) rendra le son inexploitable. Pour connecter une platine vinyle, il vous faut une entrée RCA dédiée, appelée entrée phono. Deux cas de figure se présentent alors :
Vous disposez d’une entrée phono sur votre appareil
Pas de problème, vous connectez directement votre platine vinyle à cette entrée, vous procédez aux différents réglages préconisés par le constructeur, vous donnez un coup de brosse à votre disque, et en avant la musique ! Si votre platine est équipée d’un câble de mise à la masse, veillez à le connecter sur la vis correspondante située sur votre amplificateur. Sur le visuel ci-dessous (face arrière d’un amplificateur Marantz PM5005), l’entrée phono est à l’extrême gauche et la vis de mise à la terre se situe juste au-dessus.
Vous n’avez pas d’entrée phono
Pas de panique, vous avez 2 solutions :
- Soit votre platine est préamplifiée (c’est le cas de nombreuses platines USB, à vérifier sur la notice) et vous pouvez attaquer directement une entrée RCA classique (l’entrée auxiliaire par exemple, elle est souvent nommée Aux)
- Si elle n’est pas préamplifiée, ce qui est le cas de la majorité des modèles moyen et haut de gamme, vous devrez intercaler entre votre platine et votre amplificateur un petit module appelé préamplificateur phono. Très simple à connecter, il fera l’interface entre les deux et vous permettra de profiter de vos disques. On en trouve à tous les prix, de quelques dizaines d’euros à plusieurs milliers. Je recommande les préamplificateurs phono de chez Pro-Ject, Nad ou encore Cambridge Audio qu’on trouve souvent entre 100 et 150€.
Quels sont les accessoires indispensables ?
Certains accessoires sont tout simplement indispensables. Pour commencer, une brosse antistatique pour ôter la poussière de vos disques à chaque utilisation. Préférez une brosse carbone toute simple, elles sont très efficaces et peu onéreuses. Vous pouvez aussi acquérir une brosse de nettoyage pour le diamant de la cellule, à utiliser bien entendu avec toutes les précautions d’usage pour ne pas l’abîmer. Sur les platines lourdes, vous pouvez utiliser un palet presseur qui optimisera le contact du disque sur le plateau et minimisera le risque d’erreur de lecture. Je ne reviendrai pas sur l’entretien des disques, qui a déjà fait l’objet d’un article.
Voilà pour ce petit décryptage qui, je l’espère, vous aura encouragé à vous lancer dans le disque vinyle. Pour conclure, soignez bien votre installation. Eviter de placer la platine près de vos enceintes ou sur un support instable, elles sont très sensibles aux déplacements d’air des membranes de haut-parleurs et d’une manière générale aux vibrations. Pensez à bien conserver vos précieuses galettes debout, de préférence biens serrées l’une contre l’autre. Et n’abusez pas des nettoyants chimiques qui dégradent les disques plus qu’autre chose.
Bonne écoute !