De temps en temps, dans le flot d’enceintes sans fil que nous recevons pour test, émergent des produits qui sortent de la norme, soit par leur conception, soit par leur design, ou encore par leur qualité sonore. La Klipsch Stadium réussit l’exploit de réunir les 3. Sans plus attendre, nos impressions.
La firme américaine Klipsch est une légende de la haute fidélité. Créée dès 1946 par le regretté Paul W Klipsch -un pionnier du genre et une des figures les plus respectées du milieu- elle s’est dès ses débuts spécialisée dans les enceintes à haut rendement, basées sur l’utilisation de pavillons et de chambres de compression. Jalonnée par des modèles devenus des produits mythiques comme la très imposante Klipschorn (1946), la Cornwall (1959) ou encore la fameuse La Scala (1963), l’activité de Klipsch se poursuit à ce jour avec des gammes dédiées à la haute fidélité, à l’écoute nomade (enceinte et casques), et à la sonorisation. La Klipsch Stadium que nous découvrons aujourd’hui revendique fortement l’héritage de cette belle lignée tant dans son design que dans sa conception.
Qualifier la Klipsch Stadium d’enceinte nomade serait abusif. Le bébé pèse tout de même ses 12,9 kg ! Les dimensions de 53 cm de large sur 21 de hauteur et autant de profondeur n’en font pas non plus un objet discret. Ce n’est pas plus mal car le design, qui n’est pas sans évoquer les enceintes d’encoignure Klipsch de la grande époque, est très soigné et plutôt réussi. Même l’emballage moulé évoque le matériel hifi haut de gamme. La Stadium se présente sous la forme d’un parallélépipède en aluminium brossé et creusé en son centre. Le visuel ci-dessous vous permettra de mieux vous faire une idée de l’objet.
Plus qu’une enceinte monolithique, il s’agit en fait de 2 enceintes distinctes réunies par la même base. En face avant et en bas de cette base on a accès aux touches de réglages, soit une pour l’appairage, une autre pour la sélection de la source, et 2 pour le réglage du volume. A l’arrière on trouve un tableau très complet. Avec successivement le connecteur d’alimentation, une touche de connexion Wifi, une autre de connexion Bluetooth, une prise USB (pour la charge d’un lecteur nomade ou l’écoute numérique d’un appareil Apple), une prise optique, une entrée RCA (canal gauche + droit) et le pas de vis pour l’antenne Wifi fournie.
La Stadium couvre donc la quasi-totalité des possibilités de connexion modernes, Bluetooth pour les appareils nomades, Airplay pour les produits Apple, entrée optique pour connecter son téléviseur, entrée RCA pour brancher une platine CD ou un tuner, et donc USB pour lire les fichiers stockés sur un appareil nomade Apple. Elle est aussi compatible DLNA. Pour chipoter un peu, une entrée au format jack pour connecter un lecteur mp3 en filaire aurait été appréciée, mais c’est vraiment pour faire la fine bouche. Notons que Klipsh a adopté sur cette enceinte la norme Bluetooth A-PTX, une norme audiophile réduisant la compression avant émission pour un résultat plus respectueux du message sonore original.
La Stadium est donc, comme on le disait plus haut, la réunion de 2 enceintes sur la même base. Chacune dispose ainsi de son transducteur d’aigu, à savoir une chambre de compression 1″ (2,5 cm) chargée par un pavillon Tractricx, une spécialité de la marque- puis d’un haut-parleur de médium 3,5″ (8,9 cm) à diaphragme en aluminium et pour finir un haut-parleur de grave 5,25″ (13,3 cm) à longue extension et positionné verticalement au centre de l’enceinte. Les 2 haut-parleurs de grave se font face dans l’évidement central pour un résultat visuel étonnant. Toutes ses technologies sont issues en droite ligne de l’expérience accumulée par Klipsch lors de la conception de ses enceintes haut de gamme. Les haut-parleurs sont protégés par un cache en tissu acoustique amovible. On note aussi la présence de 2 évents de décompression en face avant. Terminons cette longue présentation en parlant de la télécommande fournie. Loin des « machins » « indigents » souvent livrés avec les matériels même haut de gamme, la télécommande Klipsch est une création originale au design en arc (voir visuel ci-dessous). Le fabricant à poussé le détail jusqu’à y inclure un logement (accessible en tirant sur la base) pour votre lecteur nomade !
La séance d’écoute, réalisée avec des fichiers stockés sur un iPad puis sur des iPhone et un lecteur Cowon Z2, s’est déroulée dans une salle de conférence. Autant dire que ni les proportions de la salle ni l’acoustique n’étaient optimales. Et pourtant c’est une vraie claque sonore que nous avons reçue ! Entendons-nous bien, je ne dis pas que la Klipsch Stadium sonne bien pour une enceinte sans fil, je dis qu’elle sonne bien, point final ! Que ce soit avec du jazz, de la variété française, du rock, de la musique électronique, de la folk, du reggae, ou d’autres styles musicaux, nous n’avons jamais réussi à prendre cette diabolique enceinte au dépourvu. La Stadium est une enceinte très dynamique, mais cela n’a rien de bien surprenant pour ceux qui connaissent la personnalité sonore des modèles Klipsh. Ce qui est bluffant, c’est sa facilité à remplir un vaste espace sans difficulté, et en totale contradiction avec son format. Ce n’est pas une enceinte sans fil qu’on écoute, c’est un système audio complet, avec une répartition spatiale jamais entendue -en ce qui me concerne du moins- sur une enceinte sans fil. Et que dire de la pression sonore ! Nous l’avons poussée à des niveaux que je vous déconseille d’atteindre chez vous, sous peine de pétition de l’ensemble de vos voisins pour obtenir votre départ ! La stadium tient la puissance de manière phénoménale, bien aidée il est vrai par son amplification numérique de 400 watts en crête. Plus fort encore, même à niveau sonore indécent, elle garde sa tenue et on ne perçoit pas de distorsion, de détimbrage ou de boursouflure du grave.
La Klipsch Stadium sait aussi verser dans la finesse, j’ai pu le constater à l’écoute d’un quartet de jazz avec Archie Shepp au saxophone. Elle n’atteint certes pas le raffinement de mon système-repère basé sur une amplification à tube et sur des enceintes bibliothèques haut de gamme, et c’est normal. Mais elle offre une restitution apaisée, musicale avec notamment un registre aigu qu’on n’attendait pas à pareille fête. J’ai particulièrement aimé la fusion des registres, très bien optimisée. Sur des titres plus calmes extraits d’albums aux qualités d’enregistrements variables, elle fait preuve d’une certaine transparence en révélant les différences de traitement acoustique d’un titre à l’autre. Très bonne restitution également sur les voix, à l’image du titre « Dans ma rue » de Zaz, rendu avec émotion et neutralité.
Alors, la Klipsh Stadium serait-elle l’enceinte sans fil ultime ? Non, d’abord parce que l’enceinte ultime n’existe pas, on peut toujours mieux faire, heureusement d’ailleurs ! Ensuite parce qu’elle impose tout de même ses conditions pour bien fonctionner. Il faut bien entendu privilégier un support lourd et stable vu l’étendue du registre grave. Elle a aussi besoin d’espace pour s’exprimer, elle se sentira vite à l’étroit dans une pièce de 15 m². Et enfin, son tarif de près de 2000€ (1999 € exactement, mais on ne va pas chipoter, hein ?!) ne la rend pas vraiment abordable à tout les budgets. Quoiqu’il en soit, la Klipsch Stadium est, sans le moindre doute possible, la meilleure enceinte sans fil et la plus vivante qu’il m’ait été donné d’écouter à ce jour.
Nous ne disposons pas encore d’informations sur la commercialisation de ce bijou sur le réseau Fnac, mais soyez assurés que nous vous tiendrons au courant dès que nous en saurons un peu plus.