Le premier critère retenu en haute fidélité, comme en audio-vidéo d’ailleurs, est souvent la puissance. Ce chiffre indiqué par tous les constructeurs mérite pourtant quelques explications.
La norme de référence en matière de puissance audio est la norme RMS. Ce chiffre correspond à la puissance moyenne continue que pourra supporter sans dommage votre enceinte, ou dans le cas d’un amplificateur, la puissance moyenne continue qu’il pourra fournir. Attention, il ne s’agit pas de la puissance maximale, car la musique est constituée d’alternance de signaux élevés et d’autres plus modérés. La puissance maximale pendant un court instant est quand à elle -parfois- indiquée sous le nom de « puissance crête » ou « Peak power ». Les constructeurs usent aussi d’autres termes tels que la puissance musicale (qui ne repose sur aucune base technique réelle et qui souvent sert à gonfler les chiffres) et la puissance DIN qui est une norme allemande, mais la seule puissance permettant des comparaisons d’un appareil à l’autre reste la puissance RMS.
Vous avez certainement remarqué des chiffres de puissance très importants sur des produits d’entrée de gamme, et à contrario, des puissances assez modestes pour des appareils coûtant parfois plusieurs milliers d’euros. Ce qui nous amène à la première constatation, la puissance n’a rien à voir avec la qualité d’un produit. Elle sert essentiellement à parfaire l’adéquation entre l’enceinte et l’amplificateur, à savoir qu’une enceinte de faible sensibilité sera mieux « tenue » par un amplificateur puissant, quand une enceinte de sensibilité élevée fonctionnera très bien avec des amplificateurs de puissance modeste. Cette notion de sensibilité, extrêmement importante, a d’ailleurs fait l’objet d’un post précédent.
Pour revenir à la puissance, un amplificateur peu puissant (disons 2 X 50W ou moins) mais bien construit, notamment au niveau des transformateurs de sortie, vous surprendra sur des enceintes mêmes réputées difficiles à tenir, quand des amplificateurs affichant une débauche de watts mais au schéma peu abouti, seront vite à la peine. De là vient cette expression un peu étrange de « bons Watts », et l’exemple le plus frappant se retrouve sur les amplificateurs à tubes. Leur puissance est souvent limitée (entre 2X20 et 2X40 watts), mais grâce à leur point fort qu’est le transformateur de sortie, quand il est bien conçu évidemment, ils donnent une sensation de puissance « ressentie » bien supérieure aux chiffres bruts.
Pour les amplificateurs à transistors, les plus utilisés par le grand public, certaines marques se sont spécialisées dans les petits amplificateurs peu puissants mais « pêchus », comme l’anglais Nad ou encore l’anglo-japonais Rotel et l’eternel Marantz. Un bon indicateur de la qualité du schéma d’un amplificateur est le rapport entre puissante et impédance. Si la puissance annoncée par le fabricant en 4 Ohms est le double de celle en 8 Ohms, il y a de fortes chances que vous ayez affaire à un amplificateur de conception soignée.
En fait une grosse puissance se justifie avant tout avec des enceintes de faible sensibilité ou difficiles à alimenter. Sinon, il faut garder à l’esprit qu’un amplificateur de 2 X 200 watts ne vous servira pas à grand-chose pour une écoute domestique dans une pièce de dimension petite à moyenne, vos oreilles crieront grâce avant même que votre bouton de volume soit arrivé au quart de sa course. A contrario, méfiez-vous des puissances importantes annoncées par certains, je pense en particulier aux enceintes pour ordinateurs ou à certains amplificateurs audio-vidéo. Outre le fait qu’il s’agit rarement de puissance RMS, vous constaterez un déséquilibre et de la distorsion vite désagréables dès que vous pousserez un peu le volume.
En bref, préférez peu de Watts de bonne facture à beaucoup de Watts mais avec un rendu sonore détestable. La qualité plutôt que la quantité.
Bonne écoute !