Avec le retour en grâce du vinyle ce sont des centaines de modèles de platines qui sont proposées au consommateur. Et le choix n’est pas toujours facile, surtout si vous êtes néophyte. Voici quelques pistes pour vous guider dans votre choix, en fonction de vos envies, de vos besoins et de votre budget.
Quelle platine pour quel usage ?
Le choix d’une platine vinyle dépend directement de l’usage que vous souhaitez en faire.
Si vous souhaitez numériser vos disques noirs pour en conserver une sauvegarde ou pour pouvoir les écouter sur une platine CD avec le côté pratique que cela implique, vous vous tournerez vers une platine avec connexion USB. Assez simples d’utilisation, ces platines ne sont pas toujours optimales au niveau du rendu sonore, surtout en entrée de gamme. La fabrication est souvent assez basique et les cellules dédiées peu qualitatives. Bref, ce ne sont pas les platines idéales pour une écoute de qualité, leur spécialité étant évidemment l’extraction des informations en analogique pour un transfert en numérique.
A noter au passage que la numérisation des disques vinyles a tendance à faire perdre le côté « chaud » de la retranscription, qui est l’apanage de l’analogique. Ceci étant, certains constructeurs proposent des platines USB de qualité, comme Denon avec sa DP-450 USB. Notons aussi que certaines platines USB disposent d’un préamplificateur intégré, ce qui permet d’attaquer directement n’importe quelle entrée RCA sans devoir passer par un préamplificateur externe. Sur la Denon ci-dessous, elle est matérialisée par la sortie « Phono Out »
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Si vous ne souhaitez pas numériser vos disques mais juste pouvoir les écouter dans les meilleures conditions, vous pourrez vous orienter vers une platine plus traditionnelle, avec ou sans préamplificateur intégré.
Autre possibilité, la platine Bluetooth, qui vous permettra de diffuser directement le son du disque sur une enceinte ou un casque sans fil. Bonne nouvelle, certaines platines comme la platine TN-280BT-A3 proposée par Teac proposent à la fois du Bluetooth, une sortie pré-amplifiée et un port USB.
Pour résumer :
- 1. Vous cherchez un système simple et sans prise de tête pour écouter vos disques sur votre casque Bluetooth ou votre enceinte sans fil => Il vous faut une platine vinyle Bluetooth
- 2. Vous voulez écouter mais aussi numériser vos disques, soit parce qu’ils sont rares soit parce qu’ils n’ont pas été réédités en CD ou en dématérialisé => la platine USB vous tend les bras.
- 3. Vous voulez retrouver le son du vinyle en branchant votre platine sur une chaine ou une mini-chaine de qualité. Vous pouvez alors opter pour une platine « classique », avec ou sans préampli phono, selon votre installation existante.
Entrainement direct ou par courroie ?
Pour assurer la rotation du plateau d’une platine vinyle, un moteur est mis à contribution. Son rôle, essentiel, est de transmettre le mouvement au plateau qui accueille le disque. Cette transmission est appelée entrainement, et il en existe deux types :
L’entrainement direct
Le moteur est positionné dans l’axe du plateau. Il transmet donc directement sa rotation au plateau, d’où son nom. Cette technique, longtemps majoritaire chez les fabricants, reste aujourd’hui utilisée par des constructeurs aussi sérieux que Technics, Audio Technica et le grand spécialiste Thorens sur une partie de sa gamme.
L’entrainement par courroie
Il est bien plus répandu de nos jours sur les modèles grand public. Le principe est simple : au lieu d’être positionné dans l’axe du plateau, le moteur est déporté et doté d’une poulie. La rotation de la poulie est transmise au plateau par une courroie. Sur la plupart des platines entrée et moyen de gamme, il est intégré au châssis mais sur les platines davantage tournées haut de gamme, il n’est pas rare que le moteur soit totalement déporté, ce qui permet de réduire encore la transmission des vibrations au plateau.
Quelle technologie choisir ?
L’entrainement direct a pour principaux avantages un démarrage – et un arrêt – quasiment instantané et une meilleure régularité de la rotation. Elles sont particulièrement prisées des DJs car l’entrainement direct permet de jouer avec la vitesse de rotation ou encore de scratcher. Elles sont aussi réputées robustes, justement pour pouvoir répondre à un usage stressant pour le matériel. Une platine à entrainement directe sera donc le bon choix si vous êtes amené à la déplacer souvent, pour un usage intensif et bien entendu pour mixer. L’un des inconvénients des platines à enseignement direct est que le moteur a tendance à transmettre au plateau ses vibrations, lesquelles sont l’ennemi N’1 d’une platine vinyle.
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Les platines à entrainement par courroie se sont imposées auprès du grand public. D’abord par leur design, jugé plus raffiné et plus aérien que celui souvent lourd des platines à entrainement direct. Ensuite et surtout parce que le fait de déporter le moteur en dehors de l’axe du plateau permet de réduire la transmission des vibrations. Des marques comme Pro-Ject et Rega s’en sont fait les spécialistes. Mais cette technologie comporte elle aussi ses défauts. La courroie, soumise à une tension permanente, à l’usure et aux variations de températures, doit être remplacée régulièrement. Outre le côté peu pratique, cela augmente le coût d’utilisation, d’autant que les fabricants ont souvent tendance à avoir la main lourde les tarifs (plusieurs dizaines d’euros pour une courroie de marque).
En termes d’écoute, je ne me hasarderai pas à juger des mérites respectifs des deux technologies, c’est une affaire de goût. On entend souvent dire que les platines à entrainement direct sonnent moins bien que les platines à courroie. Mais le succès durable des platines Technics dérivées de la légendaire SL-P 1200 MKII (sortie en 1978 !) sont là pour prouver qu’une platine à entrainement direct bien conçue n’a rien à envier à la concurrence.
L’entrée-milieu de gamme
Vous recherchez une platine USB qui propose une bonne qualité sonore et l’expérience d’une grande marque sans devoir vous ruiner ? Le modèle AT-LP5X d’Audio-Technica répondra parfaitement à votre cahier des charges. La TEAC TN-280BT-A3, déjà évoquée, aura l’avantage de proposer une connectivité /connectique complète à un tarif encore très abordable puisqu’elle est positionnée sous la barre des 500 €.
Du côté des platines classiques on trouve d’abord des platines d’aspect très dépouillé, notamment chez le spécialiste anglais Rega ou dans l’entrée/moyen de gamme du constructeur autrichien Pro-ject. Ces platines sont volontairement simples d’utilisation mais technologiquement beaucoup plus travaillées qu’il n’y paraît. Pour parvenir à un son de qualité, les constructeurs travaillent sur les matières utilisées pour le support (souvent des sandwiches de matériaux aux fréquences de résonances différentes), sur l’écoulement des vibrations, sur la légèreté du bras, etc…
Ne vous fiez donc pas au plumage de ces platines, elles sont de très bonne qualité et s’insèrent parfaitement au sein d’un système audio d’entrée et de moyen de gamme. De plus, la tête de lecture, dite cellule phono étant souvent fournie d’origine, elles sont quasiment prêtes à l’emploi dès le déballage, à l’exception de quelques réglages.
Particulièrement recommandées dans cette gamme (- de 500 euros), la Planar 1 de Rega et la Pro-Ject T1 OM5e. Elles offrent toutes 2 une écoute détaillée, équilibrée, avec ce fameux timbre « humain », en particulier sur les voix, qui manque encore au son numérique. Et vous pourrez les faire évoluer plus tard avec une cellule plus haut de gamme, comme la fameuse DL-103 de Denon.
Dans un autre style, Audio Technica propose des platines d’aspect plus « technique », mais tout aussi faciles à vivre. Le design des platines de cet acteur historique n’est pas sans évoquer les platines DJ.
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Le haut de gamme
Dans le plus haut de gamme, les constructeurs repoussent les limites de la recherche sur l’écoulement des vibrations et la stabilité. On trouve ainsi des platines avec moteur déporté (pour éviter qu’il transmette ses vibrations à la platine), avec alimentation externe (pour les mêmes raisons), avec plateau en plexiglas (ou verre ou aluminium …) de forte épaisseur, etc. La fabrication du bras, qui relève de la mécanique de haute précision, suit la même évolution, avec entre autres l’utilisation du carbone.
On voit aussi apparaître sur certaines de ces platines des palets presseurs pour bien fixer le disque et supprimer ainsi les micro-vibrations. Ces platines, souvent fournies sans cellule, sont plus difficiles à mettre en œuvre et sont plutôt dédiées à des systèmes moyen/haut de gamme. Les réglages deviennent beaucoup plus précis, aussi bien au niveau du bras, de la cellule, que de la position de l’ensemble. Une marque comme Thorens, lui aussi autrichien, propose depuis plus de 130 ans (!) une vaste gamme de platines haut de gamme.
S’ils sont plus compliqués à mettre en œuvre, ces modèles vont beaucoup plus loin qu’une platine d’entrée de gamme, aussi bien dans l’extension de la bande passante que dans la tenue du grave, la dynamique, le rapport signal/bruit et la richesse du médium. Sans vouloir être exhaustif, d’autres noms résonnent à l’oreille des audiophiles exigeants, comme la célébrissime Linn Sondek LP12 sans cesse améliorée depuis 1973 (!) ou les platines Clearaudio, Kuzma, Roksan, Vertere Acoustics, etc . Et n’oublions surtout pas les réputées platines Technics.
L’optimisation, le maitre mot !
Que vous ayez choisi une platine d’entrée-milieu de gamme ou un modèle haut de gamme, l’optimisation de votre matériel est un passage nécessaire pour bien l’exploiter. Les bons constructeurs fournissent un manuel de réglage de la cellule, c’est souvent rébarbatif mais le jeu en vaut la chandelle, une cellule bien réglée lira plus d’informations sur le disque et n’abîmera pas le sillon.
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Autant que possible, évitez de rapprocher votre platine de vos enceintes, la lecture des vinyles est extrêmement sensible aux vibrations et donc aux déplacements d’air de vos hauts parleurs. Ensuite, si votre platine est livrée avec un plateau de protection, conservez-le fermé pendant l’écoute. C’est souvent moins joli à regarder, mais outre que cela protège vos disques de leur principal ennemi qui est la poussière, cela créera une isolation phonique qui protégera la lecture des bruits ambiants, pour une meilleure restitution.
Enfin, toujours dans le cadre de la lutte contre les vibrations, offrez-lui un support le plus stable possible, voire un support dédié pour éviter l’interaction avec les autres maillons. Évitez autant que possible les supports en verre, c’est beau, mais vous obtiendrez souvent un meilleur résultat sonore sur du bois plein par exemple. N’hésitez pas également à utiliser un niveau à bulle, souvent fourni avec les modèles moyen et haut de gamme, pour vous assurer que la platine est parfaitement horizontale.