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Moins de films originaux, plus de budget : Netflix revoit sa stratégie de production

06 juin 2022
Par Félix Tardieu
Moins de films originaux, plus de budget : Netflix revoit sa stratégie de production
©Marti Bug Catcher / shutterstock.com

En réaction à sa perte historique d’abonnés enregistrée en avril dernier, la plateforme de streaming américaine envisage une nouvelle répartition de son budget alloué à la production de films originaux. 

Le temps où Netflix tentait d’imposer sa marque dans l’industrie hollywoodienne en donnant carte blanche à de grands noms du cinéma, boudés par les studios pour leurs projets démesurés, offrant par exemple à Martin Scorsese l’opportunité de réaliser un film-fleuve de près de quatre heures (The Irishman) avec un budget de 175 millions de dollars, semble révolu. D’après une enquête publiée par The Hollywood Reporter, la plateforme de streaming plancherait sur une nouvelle stratégie pour ses productions cinématographiques, après avoir essuyé une perte historique de 200 000 abonnés en avril dernier.

Depuis, l’action Netflix s’est effondrée en bourse (-44%) et la plateforme a licencié pas moins de 2% de son effectif au mois de mai. Le géant du streaming, qui continue certes de dominer le marché en termes de nombre d’abonnés, fait cependant face à une concurrence de plus en plus coriace (Amazon Prime, Disney+, Apple TV+, etc.). Ce n’était donc qu’une question de temps avant que la branche cinéma de la plateforme, dirigée par Scott Stuber, ne mette un frein à sa folie des grandeurs. 

Robert De Niro dans The Irishman de Martin Scorsese ©Netflix

« bigger, better, fewer »

Telle semble être le nouveau maître-mot de Netflix. D’après les diverses sources (agents, producteurs, cadres, etc.) proches de la plateforme interrogées par The Hollywood Reporter, le dernier remaniement en date aurait ainsi plus particulièrement impacté les filiales de Netflix consacrées aux films familiaux (et en « live-action »)  et aux productions « indépendantes » au budget inférieur à trente millions de dollars. Les « petits » films ne disparaîtront pas pour autant, mais Netflix privilégiera un seul film à vingt millions de dollars plutôt que deux films à dix millions de dollars chacun.

La qualité plutôt que la quantité, c’est donc la nouvelle devise de la plateforme qui semble également en avoir fini avec les rêves démentiels de certains auteurs, du côté de l’animation tout comme des films en prises de vue réelle – comme donc The Irishman de Martin Scorsese, réalisé pour un budget de 175 millions de dollars, ou encore Okja de Bong Joon-Ho (50 millions). 

De toute évidence, la plateforme ne compte pas pour autant renoncer à ses super productions, censées gonfler son nombre d’abonnés, à l’image des succès planétaires que furent Red Notice, Adam à travers le temps ou Don’t Look Up. Netflix ne rechigne d’ailleurs pas à signer des accords de distribution faramineux pour s’assurer de nouveaux succès, à l’instar du contrat de 469 millions de dollars signé avec le réalisateur Rian Johnson et le producteur Ram Bergman pour les deux suites d’À couteaux tirés avec Daniel Craig.

Le 22 juillet, Netflix dévoilera également son tout nouveau blockbuster d’action avec Ryan Gosling et Chris Evans, The Gray Man, réalisé par les frères Russo (les réalisateurs des derniers volets des Avengers). Moins de prises de risques donc, cependant Netflix ne semble pas prêt à ralentir la cadence – à ce jour, la plateforme prévoit toujours de diffuser un nouveau film par semaine.

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste