Critique

Le Flambeau : la flamme se serait-elle (un peu) éteinte ?

23 mai 2022
Par Agathe Renac
Après "Koh-Lanta", quelle émission Jonathan Cohen va-t-il parodier ?
Après "Koh-Lanta", quelle émission Jonathan Cohen va-t-il parodier ? ©Canal+

Après La Flamme, Marc revient pour de nouvelles aventures. Cette fois, le pilote de ligne décalé se lance dans une parodie de Koh-Lanta. Une seconde saison tout aussi absurde et drôle que la première, ou presque.

On l’aime autant qu’on le déteste. Marc est pilote de ligne. Marc brille par sa stupidité, par ses remarques futiles, quand elles ne sont pas inutiles. Macho, fermé d’esprit, Marc est lourd. Très lourd. Mais de sa bêtise naissent des situations aussi absurdes qu’incongrues, comme autant de gages de fous rires. C’est à travers La Flamme, parodie de l’émission de téléréalité Le Bachelor, qu’il s’est présenté au grand public. On l’a suivi sans relâche dans sa quête de l’amour, dans l’enchaînement de ses dates, plus fous et improbables les uns que les autres.

La première saison a connu un large succès, fort mérité. De nombreuses scènes sont rapidement devenues cultes. Preuve en est, plusieurs mois après sa diffusion, les réseaux sociaux diffusent encore des compilations de la série, avec les « ouh-ouh » de Soraya, détournent en mèmes l’affaire du pet de Valérie, fêtent la Jean-Guile, et le MAAAAAARC d’Alexandra résonne encore dans nos oreilles. Un an et demi après la fin de l’aventure, La Flamme change de nom et revient pour une seconde saison. Rebaptisée Le Flambeau, la série s’attaque à une autre téléréalité : Koh-Lanta.

Une parodie juste qui s’attarde sur les plus petits détails

Malgré son choix à la fin de la première saison, Marc s’est séparé d’Orchidée. Toujours à la recherche du grand amour, il décide de se lancer dans une nouvelle émission de dating. Direction l’île de Chupacabra. Prêt à rencontrer de nouvelles candidates, il réalise rapidement qu’il est dans une tout autre émission, dont le principe est simple : ils sont 14, et il n’en restera qu’un. À la clé de ce jeu « la somme exceptionnelle de 450€ », comme le claironne le présentateur de l’émission. L’Éclaireur a pu visionner les quatre premiers épisodes (sur neuf) et repart avec un avis un peu mitigé.

Tout comme La Flamme, Le Flambeau excelle dans l’art de la parodie. La série parvient à détourner des séances incontournables de l’émission populaire et réussit à mettre en exergue ces petits détails qui la caractérisent. Présentation des équipes, lancement du feu, épreuve des radeaux, stock de nourriture, recherches de clés sur l’île pour gagner quelques grains de riz, tensions, ragots et disputes incohérentes, éliminations lors de la cérémonie du « flambeau électrique »… Tous les codes y sont. Les candidats sont sans pitié, ou plutôt sans retenue, et tous les coups sont permis.

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On retrouve avec plaisir les candidats emblématiques – et toujours aussi « barrés » à souhait – de la première saison comme Alexandra (Leïla Bekhti), Chataléré, devenue Toutaléré (Camille Chamoux), Anne (Ana Girardot), toujours aussi détestée par Marc, Marina (Géraldine Nakache), le Docteur Juiphe (Pierre Niney), ou encore Tony Tonic (Ramzy Bedia).

De nouveaux personnages font leur apparition. Vincent Dedienne a par exemple laissé sa place de présentateur à Jérôme Commandeur, qui imite brillamment Denis Brogniart à travers des mimiques et des expressions spécifiques au « vrai » présentateur de Koh-Lanta.

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On rencontre aussi Philippe Machette (Gérard Darmon), un ancien militaire devenu auteur à succès, Patrice, dit Patoche (Kad Merad), un patron de bar à l’accent chantant, aux remarques beaufs et à la bonne humeur (pas toujours) contagieuse, William (Mister V), un influenceur qui cherche à tout prix à percer durant l’émission pour atteindre les 1000 followers, Annick (Laura Felpin), une circassienne qui cherche avant tout à « vivre en communauté », Yvan (Thomas Scimeca), un complotiste qui remet en question le moindre détail, Carole (Natacha Lindinger), une compétitrice hors pair, prête à tout pour écraser les autres candidats et se venger de son ex (présent sur l’île), et Hervé (Jonathan Lambert), un membre de la secte des Enfants de Saint-Jean-de-Luz qui a ses propres principes de vie. Cette saison 2 profite d’un casting de choix, et de personnages aux traits et aux contours savamment travaillés.

Au royaume des idiots, Marc reste le roi

Drôles, ces nouveaux personnages été développés avec le même humour absurde dont ont bénéficié les comédiens de la première saison. Le duo Darmon/Merad fonctionne à merveille. Oui, on rit de leurs blagues lourdes, souvent en dessous de la ceinture. Pourtant, malgré des acteurs excellents, convaincants, parfaits chacun dans leur rôle, malgré une écriture souvent au cordeau, Jonathan Cohen/Marc, l’essence même de La Flamme, manque au Flambeau.

Dans la première saison, les différents personnages s’étoffaient à travers leurs échanges avec Marc. En retour, tous nourrissaient le sien, lui conférant – s’il en fallait encore ! – toujours plus d’épaisseur. Ses échanges avec le présentateur, alors incarné par Vincent Dedienne, donnaient lieu à des quiproquos hilarants (on se souvient encore de l’interminable conversation autour du « Je pense qu’il est encore trop tôt pour faire un choix, mais mon choix est fait »).

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Dans cette seconde saison, il n’est plus aussi souvent à l’écran, et laisse ainsi plus de place aux autres candidats. Or si l’on rit encore quand il n’est pas là, on attend toujours son retour. Et ça ne rate pas, dès qu’il revient, il nous régale, nous fait rire. On regrette en outre les échanges avec le Docteur Juiphe (Pierre Niney), trop rares dans la première partie de cette nouvelle saison.

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S’il manque au Flambeau l’étincelle de la première saison, cette drôle de suite fait le job. On retrouve avec plaisir la patte de Jonathan Cohen et, à la fin de chaque épisode, on attend le prochain – en espérant partager plus de scènes avec notre benêt préféré.

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Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste
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