Sorti le 13 mai dernier, ce cinquième album entremêle avec poésie des références historiques et mythologiques sur des rythmes extatiques.
Quatre ans après la sortie de High as Hope (2018), Florence + The Machine est de retour avec un nouvel album. Entamé aux prémices de la pandémie, il célèbre la vie, entravée par les restrictions sanitaires et les confinements successifs. Loin d’être un énième disque dansant, le cinquième opus du groupe britannique s’impose au contraire comme une manière d’exorciser la résurgence de démons enfouis, révélés par le stress collectif ambiant. Cette Dance Fever devient alors une pratique salvatrice, presque mystique, qui permet d’évacuer les peines et autres tourments.
Une catharsis spirituelle
Ce nouvel album est certainement le plus conceptuel et le plus théâtral que le groupe n’a jamais produit. Influences anciennes et plus modernes sont encore et toujours convoquées au profit d’une quête. Dans ce« conte de fées en quatorze chansons », Florence Welch recherche sa muse tragique, qui éveille en elle une douleur lancinante. Les compromis et l’auto-sabotage – que les sociétés patriarcales accolent volontiers à la condition des femmes – n’ont de cesse de la hanter. Dans « Free », elle tente ainsi de se soustraire à ces carcans et à l’oppression latente qui en découle. « Je suis toujours en train de fuir quelque chose / Je le repousse, mais il revient toujours », y déplore l’artiste.
Féministe engagée, elle prête alors une oreille attentive aux maux de ses consœurs. Elle les verbalise avec poésie dans des titres comme « The Bomb » ou encore « Prayer Factory ». Dans « Girls Against God », elle chante les émotions conflictuelles qui jaillissent du désir amoureux qu’elle éprouve. Le paradoxe se prolonge dans « Daffodil » et son « optimiste impuissant du printemps », ritournelle séculaire qui ne l’épargne guère. Une catharsis spirituelle se dessine enfin dans « Choreomania », un terme qui renvoie au phénomène de manie dansante, soit une forme de transe qui, entre les XIVe et XVIIIe siècles, a poussé des individus à danser jusqu’à l’épuisement ou la mort.
Une invitation à renouer avec ses spectres
Ici, pourtant, la mort est symbolique. Elle cristallise la renaissance après la disparition d’un monde ou d’une emprise, d’un sentiment ou d’un vide. « Back in Town » fige ainsi le souvenir d’un premier voyage, passé à New York, au sortir du confinement. « My Love » témoigne d’une envie ou d’un besoin d’aimer. Seul le mythe semble alors réchapper à une inéluctable fin, comme le suggèrent « Cassandra » ou « Morning Elvis », qui conclut l’album.
La dernière piste écoutée, auditeurs et auditrices se seront imprégnés de cet imaginaire déployé par Florence + The Machine. Comme tout « conte de fées », une morale se sera également esquissée en creux. Et celle de Dance Fever n’est autre qu’une invitation à renouer avec ses spectres, tapis dans l’ombre de nos esprits. Les fans du groupe pourront communier tous en chœur le 14 novembre prochain à l’Accor Arena de Paris, à l’occasion du Dance Fever Tour. La billetterie est déjà ouverte.