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Cannes 2022 : La Maman et la Putain de Jean Eustache ouvre la section Cannes Classic

19 mai 2022
Par Félix Tardieu
Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont dans « La Maman et la putain » de Jean Eustache
Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont dans « La Maman et la putain » de Jean Eustache ©Les Films du Losange

Le chef-d’oeuvre de Jean Eustache sorti en 1973, qui avait remporté cette année-là le Grand prix du jury malgré les critiques qui déferlèrent à l’époque, a ouvert hier la section Cannes Classic avant de ressortir au cinéma le 8 juin prochain. 

Alors que tous les regards étaient rivés sur la cérémonie d’ouverture du 75e Festival de Cannes, notamment marquée par le discours surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’émotion cinéphile la plus intense est sans doute venue de la salle Debussy, au coeur du Palais des Festivals, où était présenté, dans une version restaurée en 4K par Les Films du Losange et avec l’appui du CNC, La Maman et la Putain, le film-fleuve (3h40) de Jean Eustache qui défraya la chronique il y a maintenant près de cinquante ans au Festival de Cannes.

Le film, quasiment invisible depuis sa sortie mouvementée mais qui conservera une certaine aura chez les cinéphiles de tous bords – chez Jim Jarmush, par exemple, qui a dédié Broken Flowers à Jean Eustache- ressortira en salles le 8 juin, avant de sortir en DVD et Blu-Ray. 

Jean-Pierre Léaud et Françoise Lebrun étaient eux, contrairement aux zombies du film de Michel Hazanavicius présenté en ouverture du Festival, bien en chair et en os et visiblement émus à l’issue de la projection de La Maman et la Putain. Ils étaient également accompagnés par Boris Eustache, fils du réalisateur de la Nouvelle Vague qui s’est donné la mort en 1981. Dans La Maman et la Putain, Jean-Pierre Léaud, acteur fétiche de François Truffaut, et Françoise Lebrun (à qui Gaspard Noé offrira l’un des rôles principaux de Vortex) forment, aux côtés de Bernadette Lafont, décédée en 2013, un triangle amoureux qui fera beaucoup parler de lui au moment de sa projection à Cannes.

Le film, qui finira tout de même par remporter le Grand prix du jury, choqua les moeurs de l’époque pour ses dialogues crus, ses scènes de nudité, ses monologues étalés su la longueur et une vision de la sexualité plus que jamais actuelle.  

Cette année, la section Cannes Classics, lancée par Thierry Frémaux en 2004, fêtera entre autres les 70 ans de Singin’ in the Rain de Stanley Donen et Gene Kelly, lui aussi présenté en version restaurée 4K. Comme à l’accoutumée, la section consacrée au cinéma de patrimoine présentera des films nouvellement restaurés – comme L’Adversaire (Satyajit Ray), Le Procès (Orson Welles), Poil de Carotte (Julien Duvivier) ou La dernière valse (Martin Scorsese) – ainsi que des documentaires sur Joanne Woodward, Paul Newman, Romy Schneider, Jane Campion, Patrick Dewaere et autres légendes du cinéma. 

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste