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Casques de réalité virtuelle, accidents bien réels

26 avril 2022
Par Florence Santrot
Casques de réalité virtuelle, accidents bien réels
©Meta

La popularité croissante des casques de réalité virtuelle, Oculus Quest en tête, s’accompagne d’une nette hausse… des accidents domestiques.

En pleine partie de ping-pong virtuelle, c’est le drame. Un gros bruit de vase qui se casse et le cri d’Arnaud ne laissent pas de place au doute : alors qu’il essayait – en vain – de renvoyer cette balle traîtresse qui fusait, il a lourdement heurté la commode du salon. En plus de briser le précieux vase, il s’est aussi cassé le poignet. Direction les urgences. Arnaud n’est pas un cas isolé : avec le succès des casques de réalité virtuelle, les agences d’assurance voient le nombre de cas d’accidents domestiques grimper en flèche.

Aviva UK, premier assureur outre-Manche, a vu les réclamations impliquant des casques VR bondir de 31 % l’année dernière, par rapport à 2020. Depuis 2016, ce type d’incidents est en hausse de 68 %. La majorité des litiges était liée à des « dommages accidentels ». Un monstre qui surgit soudainement, l’impression de chuter d’une montagne russe, un uppercut rageur en plein match de boxe, un pas de côté pour éviter un projectile… l’expérience immersive des casques de réalité virtuelle provoque des réactions bien réelles des utilisateurs, qui ont vite fait d’oublier qu’ils sont dans leur salon, entourés de meubles et bibelots.

Les télévisions, premières victimes de la réalité virtuelle

Dans la plupart des cas, ce sont les téléviseurs qui ont fait les frais du trop grand enthousiasme des utilisateurs de casques virtuels. Aviva précise que la valeur moyenne des dommages accidentels causés par ce genre d’incident était de près de 800 € en 2021. Heureusement, pour l’heure, aucun accident grave n’est à déplorer. « À mesure que de nouveaux jeux et gadgets gagnent en popularité, nous voyons souvent de nouveaux types d’accidents apparaître, explique Kelly Whittington, directrice des litiges habitation d’Aviva UK, au Guardian. Nous avons déjà vu par le passé des tendances similaires impliquant des manettes de jeux vidéo, de jeux fitness ou encore des hand spinner (ces petites toupies à trois hélices). » On se souvient encore des écrans de télévision cassés par une manette de Wii qui s’échappe…

“VR to ER”

Pour prendre conscience de la multiplication de ce genre d’accidents, il suffit de jeter un coup d’œil sur YouTube (recherchez par exemple « vr fails » pour de belles compilations de chutes et de chocs. Sur la plateforme de discussion Reddit, un forum est même dédié au sujet. Intitulé VR to ER (de la réalité virtuelle aux urgences de l’hôpital) : on y découvre photos et vidéos des membres qui ont été victimes de leur enthousiasme débordant.

Lampe cassée, plafond abîmé, mur enfoncé, mains ensanglantées, ongles bleus, chutes inopinées, personnes qui foncent dans les murs… un vrai florilège de coups et blessures, le plus souvent bénins, mais qui parfois peuvent amener à visiter les urgences. Même les enfants et les animaux de compagnie qui passent à proximité peuvent être les victimes collatérales de ce trop-plein d’enthousiasme pour les expériences de réalité virtuelle.

Appel à la prudence avec la réalité virtuelle

Aviva a ainsi déjà eu affaire à un assuré qui a jeté une manette dans le téléviseur lorsqu’un zombie lui a sauté dessus pendant un jeu, un enfant qui a brisé deux figurines de valeur après avoir « balayé » l’espace avec son bras, ou encore plusieurs clients qui ont déclaré avoir chuté alors qu’ils portaient des casques de réalité virtuelle, tombant la tête la première dans leur télévision et explosant leur écran.

À moins d’avoir un large espace sans aucun obstacle, il peut être utile de garder quelqu’un à ses côtés, qui s’assurera que vous ne vous approchez pas dangereusement d’un meuble ou d’un mur. « Ces appareils peuvent être très amusants, mais nous encourageons les utilisateurs à faire attention au mobilier de la pièce dans laquelle ils évoluent. Et à vérifier que leur police d’assurance couvre bien ce genre d’accidents, au cas où cela arriverait », souligne Kelly Whittington. La sécurité aux manettes, une question de bon sens.

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