Il y a plus de 260 000 familles homoparentales en France selon l’INSEE. Bientôt dix ans après l’adoption du mariage pour tous, les livres pour enfants présentant des familles homoparentales restent rares.
Quinze ans après la sortie de Dis… MamanS (2003), premier album jeunesse français à représenter une famille homoparentale, son autrice et illustratrice Muriel Douru dénonçait sur les réseaux sociaux le manque encore flagrant de visibilité des familles LGBTQ+ dans les livres pour enfants. Elle s’inquiétait de la disparition de son livre, désormais introuvable, en même temps que de sa maison d’édition, Les Éditions gaies et lesbiennes : « Quand les éditeurs LGBT meurent, les livres qui représentent les personnages LGBT meurent avec eux. »
Il ne s’agit pas seulement pour les personnes LGBTQ+ de se sentir représentées : écrire des histoires inclusives est aussi un outil de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Le Collectif famille.s, organisateur de la première « Family Pride » qui s’est tenue à Lyon les 2 et 3 avril derniers, ont consacré un après-midi de ce week-end de célébration des familles LGBTQ+ dans toute leur diversité à la rencontre entre le public et des autrices d’albums inclusifs.
La plupart des titres sur l’homoparentalité sont destinés au grand public. Ils déconstruisent les stéréotypes et idées reçues sur ces familles et enseignent la tolérance à la différence aux enfants (et à leurs parents). Depuis 2020, Elsa Kedadouche et Caroline Fournier, cofondatrices d’On ne compte pas pour du beurre, maison d’édition indépendante spécialisée en littérature jeunesse inclusive, prônent une autre approche, complémentaire : elles glissent des personnages LGBTQ+ dans leurs albums sans en faire le sujet. « On avait juste envie, de temps en temps, de lire des histoires simples où il se trouve qu’il y a deux mamans. »
Pour elles, « rendre visible, c’est faire exister » – une affirmation qui résonne douloureusement au vu du contexte politique étatsunien, la Floride ayant adopté début mars une loi LGBTphobe interdisant d’évoquer des questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre à l’école.
1 La Voix bleue
Lia va pique-niquer dans la forêt avec ses mamans et son ami Tinon. Mais quelle est cette chose étrange qui rôde dans la rivière… ? Une fable écologique douce et tendre dont l’héroïne est une petite fille qui aime les aventures, les fées, la nature, et ses deux mamans, bien sûr.
La Voie bleue, de Caroline Fournier et Carolane Storm, On ne compte pas pour du beurre, 2021, 15 €.
2 Jean a deux mamans
Jean est un gentil louveteau qui vit avec ses deux mamans qui s’aiment et sont toujours là pour lui apprendre à pêcher, à cuisiner ou le réconforter lorsqu’il a du chagrin. Un album pour montrer aux plus petits que ce qui fait une famille, c’est l’amour et le soin.
Jean a deux mamans, d’Ophélie Texier, Loulou et Compagnie, 2021, 8 €.
3 Les Papas de Violette
Violette a deux papas. Ses camarades de classes se moquent d’elle, et elle est triste que ses papas ne viennent jamais la chercher ensemble à l’école, même si elle sait que c’est pour la préserver. Cet album coloré vient aborder avec justesse et tendresse la question du regard des autres à l’école et des discriminations.
Les Papas de Violette, d’Émilie Chazerand, Gautier-Languereau, 2017, 9,60 €.
4 Mes deux mamans
« Dis Elvi, c’est laquelle ta maman ?
– Les deux sont mes mamans.
– Mais… c’est laquelle ta vraie maman ?
– Je viens de te le dire : les deux ! »
Un album merveilleusement illustré pour normaliser l’homoparentalité.
Mes deux mamans, de Bernadette Green et Anna Zobel, Talents hauts, 2021, 14,90 €.
5 Mes deux papas
Tom et Enzo aimeraient beaucoup avoir un enfant. Un jour, ils trouvent un œuf abandonné et décident de le recueillir. Bientôt, une petite Lilou éclot et rejoint la famille formée par Tom et Enzo. Un joli conte sur l’adoption par un couple gay.
Mes deux papas, de Juliette Parachini-Deny et Marjorie Béal, Des ronds dans l’O, 2013, 10 €.
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