Michel Bouquet, monstre sacré du théâtre français, qui s’est également illustré de nombreuses fois au cinéma et a remporté le César du meilleur acteur à deux reprises, est mort à Paris le 13 avril 2022.
Michel Bouquet, né à Paris en 1925, était l’une des grandes figures du théâtre et du cinéma français. Au cinéma, il côtoya les plus éminents cinéastes de son temps, de Claude Chabrol – pour qui il tournera à six reprises – à François Truffaut (La mariée était en noir, La Sirène du Mississippi) en passant par Henri-Georges Clouzot, Jacques Deray, Henri Verneuil ou Yves Boisset. Il avait reçu son premier César du meilleur acteur en 2002 pour Comment j’ai tué mon père de Anne Fontaine, puis une seconde fois en 2006 pour son interprétation magistrale de François Mitterand dans Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian. Il interpréta l’implacable Javert dans l’adaptation des Misérables de Victor Hugo (Robert Hossein,1982) et se glissa entre autres dans la peau du peintre impressionniste Auguste Renoir (Gilles Bourdos, 2013).
Mais Michel Bouquet était peut-être avant tout un homme de théâtre. De son propre aveu, il préférait sensiblement monter sur les planches que d’arpenter les plateaux de cinéma. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il contribua notamment à faire connaître l’oeuvre d’Harold Pinter en France. Jean Anouilh, avec qui il montera six pièces de théâtre, lui offrit son premier grand rôle dans Roméo et Jeannette en 1946.
Au cours de sa carrière, il s’illustra aussi bien chez des auteurs classiques (Shakespeare, Molière) que des auteurs contemporains (Strindberg, Beckett, Camus, Thomas Bernhard). On l’invitera à intégrer la Comédie-Française à trois reprises, mais il déclinera à chaque fois.
Aussi immense que fût sa carrière, Michel Bouquet ne courait pas tant après les honneurs. « L’acteur n’est pas si important à ses propres yeux que le public ne le croit. C’est un métier d’humilité. L’humilité est sacrée pour l’acteur », déclarait-il à l’AFP en 2019. « Être acteur, c’est endosser quelque chose qu’on n’est pas digne de recevoir et puis essayer de compenser. L’acteur, c’est un objet comme un autre, c’est une outrecuidance ».
Il fit une première fois ses adieux au théâtre en 2011, avant de remonter sur scène en 2013 et 2014 pour jouer à nouveau Le roi se meurt d’Eugène Ionesco, sa pièce maitresse, qu’il interpréta près de 800 fois entre 1994 et 2014 et pour laquelle il reçut le Molière du meilleur comédien en 2005. Il mettra définitivement un terme à sa carrière monumentale en 2019, à pas moins de 93 ans.
