Le réalisateur de La nuit nous appartient, Two Lovers et Ad Astra va écrire et réaliser une série sur l’écrivain new-yorkais Norman Mailer (1923-2007), récemment pris au coeur d’une nouvelle controverse dans le milieu littéraire américain.
James Gray a plus d’une corde à son arc. Après s’être essayé à l’opéra en mettant en scène Les Noces de Figaro en 2019 au Théâtre des Champs-Élysées, le cinéaste américain – qui a bouclé en décembre dernier le tournage d’Armaggedon Time, son nouveau long-métrage avec Anthony Hopkins et Anne Hathaway inspiré de sa propre enfance dans le Queens – va s’atteler à la réalisation d’une série centrée autour de la vie tumultueuse et de l’oeuvre controversée de l’écrivain américain Norman Mailer, décédé en 2007. Gray s’appuiera pour ce faire sur la biographie écrite en 2013 par J. Michael Lennon, Norman Mailer : A Double Life (qui n’a pas encore été traduit en français à ce jour), le tout en étroite collaboration avec le fils de l’écrivain, John Buffalo Mailer, qui a déclaré que la série serait une « chronique intime, sans fard et sans retenue » de la vie de son père.
Norman Mailer a reçu deux fois le Prix Pulitzer au cours de sa carrière, une première fois en 1969 pour Les Armées de la nuit et une seconde fois en 1980 pour Le Chant du bourreau. Il entra en littérature en 1948 avec un premier roman choc qui fera date dans la littérature anglo-saxonne du XXe siècle, Les Nus et les Morts, inspiré de sa propre expérience lors de la Guerre du Pacifique.
L’écrivain, également connu pour ses biographies de Marilyn Monroe ou encore Pablo Picasso, affiche dans ses romans une écriture incisive et très critique envers l’impérialisme américain et plus largement les névroses de la société occidentale. James Gray s’intéressera à tous les aspects de la vie de Mailer, de ses engagements politiques à ses accrochages littéraires avec Truman Capote, Gore Vidal ou James Baldwin, mais également sa vie intime tumultueuse – marié à six reprises, Mailer avait agressé à l’arme blanche sa seconde épouse, Adèle Morales, en 1960.
Pour le cinéaste, Norman Mailer « a dépeint l’humanité dans toute sa gloire laide et scandaleuse, à travers un regard unique qui n’appartenait qu’à lui ». Le dernier roman publié de son vivant, Un château en forêt (2007), convoquait la figure du diable en la personne d’Adolf Hitler et tentait de remonter aux origines du mal absolu. Au début de l’année, l’écrivain était de nouveau pris dans la controverse outre-Atlantique lorsque la maison d’édition Random House renonça à publier un recueil d’essais politiques de l’écrivain contenant son non moins célèbre essai The White Negro (Hipsters dans sa traduction française), déjà décrié au moment sa parution en 1957 par un certain James Baldwin.
Le fils de l’écrivain, qui avait alors pour projet de republier les écrits politiques de son père en vue du centenaire de sa naissance, avait tenté d’éteindre l’incendie en expliquant que Random House s’était retiré du projet pour des raisons purement commerciales : « Leur intention n’est pas d’annuler Norman (…) Nul ne peut annuler Normal Mailer », avait-il alors déclaré.