Après La Loi des Prodiges, François de Brauer revient avec un nouveau seul en scène qui n’en est pas vraiment un puisque le comédien, auteur et metteur en scène interprète à lui seul une panoplie de personnages aussi exubérants les uns que les autres.
François de Brauer n’a besoin que d’une chaise, d’une centaine de bougies disposées autour de la scène et de son public pour mener d’une main de maître son nouveau spectacle détonnant, Rencontre d’une illuminée. François de Brauer réitère l’exploit de La Loi des Prodiges en tenant le pari d’interpréter tous les personnages de son spectacle pendant près d’une heure et demie sans discontinuer, le tout avec un sens du rythme remarquable et une précision vertigineuse.
Il saute d’un personnage à l’autre avec une aisance déconcertante et fait une nouvelle fois preuve de ses talents de mime et de ventriloque : le personnage principal, Simon, embarque alors les spectateurs avec lui dans ses souvenirs d’enfance et cherche à remonter à la source de son athéisme chevronné malgré l’éducation catholique qu’il a reçue – cela donne alors lieu à des séquences incarnées, drôles et sensibles, de la rencontre avec un grand-père ressuscité à la convocation autour d’un feu de camp avec les chefs des scouts.
Sans précipitation et avec assurance, de Brauer chemine vers la rencontre de cette fameuse illuminée – dénommée Stella dans la pièce – dont le personnage à la fois excentrique et attendrissant est en réalité inspiré de son amie chanteuse et comédienne Estelle Meyer qui, semblerait-il, a sauvé le comédien d’une profonde crise existentielle, pour ne pas dire d’une crise de foi… Car sous son apparence de one man show, Rencontre avec une illuminée est également une réflexion sur la croyance et les gages que l’on donne à autrui.
De sa rencontre inattendue avec Stella, Simon rencontrera un cercle d’amis plus exubérants les uns que les autres, connectés aux esprits, aux énergies, aux forces et êtres invisibles : malgré leurs visions du monde radicalement opposées, Simon finit par leur accorder sa confiance et s’intègre à leur groupe d’illuminés. Tous ces personnages redonnent au comédien l’envie de croire et l’inspiration pour le présent spectacle, écrit alors qu’il préparait depuis plusieurs années une tout autre création sur la masculinité toxique, Les Performants, dont les enjeux sont d’ailleurs résumés dans une scène particulièrement désopilante. Avec une bonne dose d’autodérision, François de Brauer explore ainsi les chemins insoupçonnés qui peuvent mener in fine à l’écriture d’une oeuvre tout comme à l’acceptation de soi.