Chaque mois, un·e artiste (acteur·rice, auteur·rice, chanteur·se…) partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est l’autrice Maud Ventura qui se prête au jeu.
Le premier roman de Maud Ventura est paru en août dernier. Très rapidement, Mon mari (L’Iconoclaste) s’est imposé comme un véritable succès critique et populaire. Original et drôle, ce texte frénétique s’étend sur une unique semaine, du lundi au dimanche, et parcourt l’intériorité et les manies d’une femme follement amoureuse de son mari. Leurs 15 ans de vie commune n’ont aucune prise sur sa dévorante passion ; et elle ne cesse, comme pour rendre justice à ce sentiment dictatorial, d’organiser, de prévoir, de manigancer, d’imaginer. Irrésistible théâtre amoureux qui tend inévitablement vers le point de rupture, la virtuosité du texte de Maud Ventura attise la curiosité : quels textes ont formé la plume aussi habile qu’exaltée de l’autrice ?
Le premier livre qui vous a marqué ?
L’Insoutenable Légèreté de l’être, de Milan Kundera. J’avais 19 ans et j’ai lu ce livre pendant mes grandes vacances, sur les conseils de mon professeur de philosophie de terminale. À mon retour de vacances, je suis allée dans une librairie et j’ai acheté tous les livres de Kundera que j’ai trouvés (et j’ai commandé les autres) ! C’était la première fois que je lisais une œuvre entière.
Celui qui parle le mieux d’amour ?
Tout ce que j’aimais, de Siri Hustvedt. C’est un livre immense sur l’amour à l’échelle de toute une vie – l’amour pour son ou sa conjointe, pour ses enfants. Bouleversant !
Celui qui vous fait rougir ?
Passion simple, d’Annie Ernaux. C’est vraiment le grand livre de ma vie, celui qui m’a donné envie d’écrire. Et c’est aussi le livre où je trouve les mots les plus beaux sur l’amour physique et le désir.
Celui qui vous dérange ?
J’étais derrière toi, de Nicolas Fargues. Ce livre raconte une relation toxique, jalouse, dépendante – j’ai ressenti un profond malaise en le lisant ; j’ai eu tellement peur de m’y reconnaître.
Celui qui vous obsède ?
D’après une histoire vraie, de Delphine de Vigan. C’est l’obsession d’une femme pour une autre, qu’elle admire, qu’elle trouve bien plus belle, plus sophistiquée et plus brillante qu’elle ; le thème de l’amitié jalouse et toxique entre deux femmes est un thème qui m’obsède.
Celui qui vous fait rire ?
La Maison, d’Emma Becker. Je ne m’attendais pas à rire sur un tel sujet (une expérience de la prostitution en maison close), pourtant, je ne me souviens pas d’avoir autant ri en lisant ! Je prenais même des photos de certains paragraphes pour les envoyer à mes amis.
Celui qui vous fait pleurer ?
La Carte postale, d’Anne Berest. Je vous mets au défi de ne pas pleurer. Ce livre décrit l’insoutenable !
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Celui qui vous console ?
L’Année de la pensée magique, de Joan Didion. C’est un livre immense sur le deuil, l’absence… et la guérison.
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Celui que vous n’avez pas compris ?
La Fonction du balai, de David Foster Wallace : je n’ai RIEN compris !
Celui que vous voulez lire depuis des années, sans jamais y parvenir ?
Le Temps retrouvé, de Proust. Au fond, je crois que je le garde pour plus tard, comme un cadeau que je préserve pour la moi future…
À lire aussi
Mon mari, de Maud Ventura, L’Iconoclaste, 355 p., 19€. En librairie depuis le 19/08/2021.