Ces curieux et onéreux masques LED font de plus en plus parler d’eux. Promettant de réduire les imperfections de peau et de ralentir les signes de l’âge, ces véritables égéries de la Beauty Tech suscitent de nombreuses interrogations.
Si vous pensez qu’il s’agit là d’un déguisement de l’increvable Jason du film d’horreur Vendredi 13, c’est que vous ne lisez pas beaucoup la presse féminine ou les magazines tech. Car le masque LED anti-âge, tout le monde en parle ! De quoi s’agit-il ? Et surtout, est-ce que ça fonctionne vraiment ? Nous nous sommes penchés sur ces questions.
Le masque LED, qu’est-ce que c’est ?
Ces étonnants masques en plastique ou silicone plus ou moins souples s’appliquent sur le visage. Au cours d’un programme qui dure 10 à 15 minutes environ (un peu plus pour les modèles d’ancienne génération), ils diffusent sur la peau de la lumière à l’aide de LED, ce qui a pour effet de stimuler les cellules cutanées. Selon les références, ils embarquent d’une centaine jusqu’à 600 ampoules LED.
Sur le site officiel gouvernemental santé.fr, on peut en lire une explication : « Les lampes LED utilisées en dermatologie utilisent certaines longueurs d’onde (couleurs) de lumière froide pour pénétrer profondément la peau afin de modifier le fonctionnement des cellules du derme (fibroblastes) et, en particulier, leur faire sécréter davantage de collagène. On parle de “photobiomodulation”. »
En effet, la technologie déployée au sein de ces appareils est issue du domaine professionnel (dermatologie ou esthétique). Elle a été adaptée au grand public à travers ces solutions beaucoup moins puissantes, de manière à ce qu’elles puissent être utilisées par les consommateurs sans risque.
Les LED émettent de la lumière selon des longueurs d’onde différentes, ce qui explique qu’elles soient parfois rouges, parfois d’autres couleurs (vert, bleu, jaune, violet), selon ce que le fabricant cherche à traiter. Sur son site, la marque Shark l’explique ainsi : « Chaque couleur de lumière pénètre la peau à une profondeur différente : la lumière bleue agit en surface, au niveau de l’épiderme, tandis que les lumières rouge et infrarouge pénètrent plus profondément, jusque dans le derme, là où est produit le collagène. » La lumière bleue, par exemple, qui a des « propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires », convient au traitement de l’acné, confirme santé.fr.
À quoi ça sert ?
Cela explique qu’en fonction des modèles, les usages conseillés ne soient pas toujours parfaitement identiques. De même, certains masques LED proposent différents programmes agissant sur divers aspects (acné, taches, rides…).
Quoi qu’il en soit, les promesses sont nombreuses : régulation de la production de sébum agissant ainsi sur les peaux grasses, réduction des taches et imperfections, lutte contre les rides et signes de l’âge, réductions des rougeurs et des irritations, réduction de l’acné, effets apaisants sur l’eczéma… Par exemple, sur le site de la marque Nooance, incontournable sur ce marché, on peut notamment lire que son modèle haut de gamme Elite X600 « améliore la fermeté, l’élasticité et la qualité globale de la peau » et « unifie et illumine le teint ». Quant à la marque CurrentBody, elle promet que l’utilisation du masque LED « élimine les bactéries » [d’où l’effet sur l’acné, ndlr], contrôle la production d’huile et calme les rougeurs et les irritations ».
Précisons que l’utilisation du masque est indolore et qu’il peut être appliqué sur tous les types de peaux, claires ou foncées, sèches, grasses ou mixtes et même sur des boutons ou imperfections (ce qui n’est pas le cas, par exemple, de la lumière pulsée utilisée dans le cadre de l’épilation).
Et alors, est-ce que ça fonctionne ?
Les fabricants sont de plus en plus nombreux à être présents sur ce marché, qu’ils soient spécialisés dans la beauté ou plus généralistes – on peut notamment citer Nooance, CurrentBody, Therabody, Silk’n, FAQ, plus récemment Shark… S’agissant de technologies relativement récentes et d’appareils onéreux – les entrées de gamme ne coûtent pas moins de 300 € –, les consommateurs se demandent naturellement si cela fonctionne.
En dehors des sites des marques, nous avons consulté un certain nombre d’avis sur Internet. Il en ressort que ces masques auraient effectivement des effets sur la peau, mais à condition de les utiliser régulièrement, en effectuant plusieurs séances par semaine (il faut en prévoir deux à trois). En outre, il faut également être patient, car les résultats ne sont pas immédiats. Il faut attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant d’obtenir des résultats visibles. Les fabricants évoquent un minimum de trois à quatre semaines pour constater des améliorations et jusqu’à près de 12 semaines pour qu’elles soient nettes. Dans certains cas, comme une crise d’acné, on pourrait être tenté de multiplier les séances et surtout de les enchaîner pour gagner du temps, mais c’est une mauvaise idée, car cela pourrait au contraire finir par endommager la peau.
Pour aller un peu plus loin, nous avons sollicité les avis de deux utilisatrices de notre connaissance. Nous avons interrogé Loreleï, journaliste spécialisée dans la beauté, qui utilise de tels équipements depuis de nombreuses années (2003 ou 2004, environ). Elle utilise le masque LED dans le cadre de ses tests, mais aussi à titre personnel, principalement pour ses effets anti-âge. Elle nous avertit que cela n’enlève pas les rides de manière évidente et encore moins immédiate. « Pour l’acné, on peut voir des effets au bout de quelques semaines. En revanche, pour l’effet anti-âge, il ne faut pas s’attendre que ça lisse la peau. C’est plutôt en prévention. » Il est donc difficile de quantifier les effets bénéfiques.
En s’appuyant sur un certain nombre d’études cliniques, le site du service public d’information en santé.fr conclut toutefois : « Il semble bien que les masques à LED émettant dans le rouge et/ou le proche infrarouge puissent contribuer à réduire les ridules et favoriser la production de fibres de collagène par les cellules du derme. » Les experts précisent que ces bénéfices apparaissent au bout d’un certain temps et restent prudents, indiquant qu’on « ne sait rien de la persistance de ces effets sur la durée, ni sur d’éventuels effets indésirables à long terme ».
Anaïs, elle, en utilise un depuis trois ans, avant tout pour traiter des soucis d’eczéma au visage ; pour elle, les effets sur le vieillissement de la peau, c’est un bonus. Elle s’en tient à ses deux ou trois séances par semaine – ce qui montre au passage que son appareil a tenu le coup dans la durée. Pour elle, les effets sont indéniables : « Mes crises d’eczéma au menton sont beaucoup moins fréquentes et, lorsque j’en ai une, j’arrive à l’éradiquer beaucoup plus rapidement. » Elle complète : « J’ai beaucoup moins de petites rougeurs et inflammations qu’avant, et aussi moins de boutons. Et quand j’en ai, ils disparaissent plus vite eux aussi. » Elle qui était tellement ennuyée par ces soucis de peau qualifie l’effet du masque LED « d’assez magique au niveau de l’inflammation de la peau ». En revanche, elle n’a pas vraiment d’avis sur l’effet anti-âge, là encore difficile à évaluer.
