OpenAI tente de faire oublier le (relatif) échec de son ChatGPT-5 en lançant des nouveaux produits plutôt farfelus.
Hier, OpenAI annonçait, conjointement au lancement de Sora 2, son tout nouveau moteur de génération de vidéos (concurrent du Veo 2 de Google), celui de Sora : un véritable réseau social inspiré de TikTok. Sa particularité ? Tout le contenu est généré par intelligence artificielle, et ses utilisateurs et utilisatrices consentent à ce que leur image soit utilisée pour créer des deepfakes, c’est-à-dire des faux de leur personne, mis en scène dans des clips réalisés grâce à des prompts. Oui, ça sonne comme un roman d’anticipation des années 1980, mais c’est annoncé, avec le sourire, par un Sam Altman (PDG d’OpenAI) généré par Sora 2. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
C’est quoi l’appli Sora ?
Pour l’heure uniquement disponible en bêta fermée sur iPhone aux États-Unis et au Canada, l’application Sora se présente comme un réseau social « familier », esquive OpenAI en tentant de ne pas nommer TikTok, Instagram Reels ou YouTube Shorts. En clair : une application de vidéos courtes à défilement vertical, dont l’originalité est donc qu’on n’y trouvera aucun contenu d’influenceur tenant son micro lavalier entre ses doigts, mais bien uniquement des vidéos générées grâce à Sora 2, le nouveau « moteur de création » lancé par OpenAI.
À l’installation de l’application, il est demandé aux internautes de se créer un avatar en scannant leur visage et en récitant quelques phrases afin d’entraîner l’IA à les imiter. Une phase de configuration étonnamment rapide, qui produirait d’après la presse américaine des résultats plutôt bluffants. Ensuite ? Il suffit de mettre en scène son avatar dans des vidéos générées par IA, d’une durée de 10 secondes maximum. D’après le journaliste américain Casey Newton, la génération peut prendre jusqu’à quelques minutes.
Pourquoi c’est dérangeant
Outre cet aspect déjà particulier, Sora invite surtout ses utilisateurs et utilisatrices à utiliser une fonctionnalité dite de Remix similaire à ce que l’on trouve déjà sur d’autres applications vidéos. Sauf qu’ici, il s’agit d’inviter autrui à générer des vidéos par IA en utilisant notre avatar, donc notre image. Autrement dit : Sora invite à créer des deepfakes.
Évidemment, chacun·e peut choisir qui a le droit d’utiliser cette fonctionnalité, par exemple en la limitant à ses contacts ou à un cercle encore plus proche. OpenAI explique également que la cible d’un deepfake reste maîtresse de la vidéo remixée et peut la supprimer comme bon lui semble à tout moment.
D’autres barrières sont aussi mises en place sur Sora, promet la startup américaine. « Les personnalités publiques ne peuvent pas être générées dans Sora à moins qu’elles aient uploadé un cameo [nom donné aux vidéos de la plateforme, ndlr] et donné la permission de le réutiliser », clarifie OpenAI, qui ajoute « qu’il est impossible de générer du contenu classé X ou extrême » sur sa plateforme.
Suffisamment rassurant pour lever les suspicions sur un réseau social basé sur ce qui était jusqu’à présent unanimement considéré comme un problème sociétal, voire un grave danger de désinformation ? L’avenir nous le dira. Comme il devra répondre à une question finalement centrale : qui a envie de doomscroller sur un énième réseau social, dont tout le contenu est généré à 100 % par l’IA ?