L’humoriste joue actuellement son deuxième spectacle, Entre les deux, au Théâtre Bobino, à Paris, dans lequel il invite le public à une traversée joyeuse et subtile entre l’île de l’enfance et celle de la parentalité.
« Entre nous, la vie, c’est pas ouf ? » Cette question rhétorique résume plutôt bien le propos du nouveau spectacle de Panayotis Pascot, qui se produit actuellement au Théâtre Bobino jusqu’au 4 octobre. Pendant 1h20, l’humoriste de 27 ans nous embarque sur son navire et navigue avec brio entre les rives de l’enfance et celles de la parentalité. Et on se réjouit plus que franchement de prendre le large à ses côtés.
La mise en scène est sobre : un micro, un tabouret. Mais, très vite, le capitaine plonge la salle du Bobino dans des éclats de rire. La complicité avec son public est immédiate. D’un ton vif et assuré, l’artiste balaie la houle de l’existence de blagues ciselées, dont lui seul semble gardien du secret.
L’écriture est maîtrisée, rythmée, sans concession. Aucun temps mort à l’horizon. Panayotis Pascot ne transige sur rien et il n’hésite pas à s’engouffrer pleinement dans les bourrasques du quotidien. De son quotidien. Celui d’un jeune homme qui se cherche en permanence, qui tente de s’ajuster dans cet entre-deux existentiel qu’il sillonne du mieux qu’il peut. Il l’a dit lui-même : « La vie, c’est peut mieux faire ». Alors, il n’oublie rien des périodes de détresse traversées par le passé, mais il parvient avec finesse à trouver le juste recul pour y apposer un regard critique et éclairé. Apaisé, même.
La voix d’une génération qui se cherche
Car il y a dans ses mots comme une forme de tendresse pour celui qu’il a été. Ainsi qu’une once de nostalgie. « Le luxe de l’enfance me manque », confie-t-il, avant d’ajouter, le regard espiègle : « Profitez, le reste n’est qu’une longue chute ! »
Confiant, la démarche franche, l’humoriste n’ignore pas ce qui le travaille actuellement : l’héritage familial, la peur de la paternité – les longues démarches ardues pour y parvenir en tant que couple homosexuel –, les illusions qu’on nous vend enfant, la fourberie des adultes et la solitude dont on ne se défait jamais tout à fait. Panayotis Pascot aborde également la thématique du suicide, sans nous terrasser.
Très lucide, il incarne la voix de sa génération. Une génération qui se cherche, en quête de repères dans un monde de plus en plus fracturé. Passé le temps de la dépression, principale thématique de Presque, son précédent spectacle, il semblerait que soit venu celui des questions.
Un funambule affranchi
C’est en cela que l’artiste excelle : avancer en funambule chancelant, sans que ses jambes ne flanchent. Pas à pas, sans prétention de projection. À ne surtout pas confondre avec un manque d’envie. Car l’envie de vivre et de faire rire est bel et bien présente. Elle transparaît dans son énergie corporelle, très vive, et dans la joie que l’on ressent dans chaque élan de voix : celle-ci revêt parfois des accents fantasques, pour mieux jongler entre confessions intimes et pirouettes comiques.
Même si l’humoriste pense « avoir toujours été vioc », comme il se plaît à le rappeler tout au long de son spectacle, on se dit toutefois que le petit garçon qu’il était a parcouru un sacré bout de chemin. Le même qui s’adonnait à la pratique de l’accordéon écrit désormais sa propre partition et en soigne les entre-temps à la perfection.
Et son aventure n’est pas près de s’arrêter : après Bobino, Panayotis Pascot se produira à l’Odéon en fin d’année, à l’Olympia en janvier prochain ainsi qu’en tournée dans toute la France. L’humoriste a également dévoilé sa revue Entre les deux, qui se veut la continuité de son spectacle, dans laquelle il explore encore davantage cette période charnière entre fin de l’enfance et parentalité, en croisant le regard de plusieurs personnalités issues de divers horizons. On y retrouve, entre autres, le rappeur Damso et l’actrice Agnès Jaoui.
Entre les deux, de Panayotis Pascot, au Théâtre de l’Odéon, à Paris, du 26 au 31 décembre 2025 et en tournée dans toute la France du 18 décembre 2025 au 2 octobre 2026.