L’un des dramas les plus attendus de la saison renverse pas mal de clichés romantiques et revisite de manière plaisante le mythe du génie de la lampe.
Portés par la vague hallyu, les dramas coréens se sont largement démocratisés en Europe depuis quelques années. Cette exportation de la culture coréenne met souvent en lumière des aspects spécifiques des coutumes locales, tout en intégrant de plus en plus de références issues de la mythologie mondiale.
Avec Des vœux pour un génie, diffusée le 3 octobre sur Netflix, la célèbre scénariste Kim Eun-sook (The Glory, Mr. Sunshine), spécialiste des séries chargées en émotions fortes, revisite le mythe du génie de la lampe. Elle s’aventure aussi du côté des légendes autour du Diable et du concept de pacte faustien, pour en inverser certains stéréotypes.
Quelle est l’intrigue des Vœux pour un génie ?
Adoptant un cadre contemporain, cette nouvelle production met en scène l’impassible Ka-young, une jeune femme sévère vivant selon une série de conseils prodigués par sa grand-mère. Si rien ne semble pouvoir perturber cette travailleuse méthodique qui a l’habitude de camoufler ses émotions, l’arrivée d’Iblis, un génie manipulateur prisonnier depuis des centaines d’années qui lui offre trois vœux, va subitement la confronter au surnaturel et la mettre face à des pensées refoulées depuis l’enfance.

De son côté, Iblis réalise qu’il pourrait bien se faire manipuler par sa proie et se retrouve confronté à une rivalité délétère avec son propre frère. Des vœux pour un génie se situe dans la droite ligne des œuvres de sa créatrice : un mélange d’humour et de sentiments romantiques exacerbés, mais aussi des personnages en lutte contre les clichés de leur genre et en proie à des tourments psychologiques intenses.
Contrairement à de nombreux films ou dramas dans lesquels un personnage manipulable se voit proposer une série de vœux, le show de Netflix inverse la tendance. Ici, Ka-young est parfaitement lucide quant à la nature démoniaque de son compagnon et entend bien utiliser la rigueur de sa morale et de sa philosophie pour le remettre dans le droit chemin.

En somme, une sorte d‘Aladdin inversé, saupoudré d’une romance dans laquelle le personnage féminin mène la danse de A à Z. Loin de fouiller uniquement dans les tréfonds des émois de ses héros, l’œuvre multiplie également les scènes d’actions et des effets spéciaux spectaculaires qui se montrent largement au-dessus de la moyenne des dramas coréens. La production bénéficie par ailleurs d’une interprétation impeccable de la part de son casting, et pour cause : la plateforme a parié sur une série à très gros budget.
Une production qui délaisse son cadre orientaliste
Des vœux pour un génie ne lésine jamais sur les séquences à très grand spectacle, mettant en scène des tours de magie, des voyages dans le temps et des combats épiques – on reste sur une série fantastique avant tout. Loin de se contenter de décors désertiques en 3D sur fond vert, les producteurs (Hwa&Dam Production et le Studio Dragon) ont en partie délocalisé le tournage à Dubaï pour des séquences en plein désert ou dans des mégalopoles orientales ultramodernes.

Cette débauche de moyens est portée par un casting en or massif : Kim Woo-bin (Uncontrollably Fond, The Heirs) incarne le génie et partage la vedette avec la comédienne et star de k-pop au prestige international, Suzy Bae. Un duo qui fonctionne à merveille, et qui est soutenu par une galerie de personnages secondaires très réussis, dont Noh Sang-hyun, qui incarne le frère rival d’Iblis.
Seul bémol, à nos yeux : Des vœux pour un génie ne revisite pas vraiment les mythes de l’Orient ni celui du Diable (Iblis est une figure maléfique du Coran, ici réduite à une analogie avec Satan). Ils semblent davantage prétextes à brasser une imagerie, certes envoûtante, mais un peu clichée sur le thème des Mille et une nuits transposé dans le contexte de la Corée contemporaine.

Ce traitement assez convenu n’enlève rien aux qualités par ailleurs évidentes de cette romance qui mélange à merveille rires et larmes. On attendait néanmoins une réappropriation plus poussée de cette esthétique classique ou du mythe du génie de la lampe, qui est ici trop souvent réduit à un expédient magique destiné à faire avancer tambour battant une intrigue à coups de tours de magie. Dommage, mais pas de quoi gâcher la fête.