La bière la plus célèbre d’Irlande devient le décor d’une saga familiale. Dans une série disponible le 25 septembre sur Netflix, Steven Knight transpose son goût des fresques historiques à l’empire Guinness, entre tensions dynastiques et luttes sociales.
Brune, corsée, irlandaise : trois mots suffisent pour décrire une Guinness. Plus qu’une pinte, le nom cache une saga familiale qui a épris Steven Knight. Le créateur de Peaky Blinders, maître dans l’art de revisiter l’Histoire par la fiction, s’attaque cette fois à l’empire brassicole le plus célèbre d’Irlande. Avec House of Guinness, ajoutée au catalogue de Netflix le 25 septembre, il livre huit épisodes qui nous plongent dans l’arbre généalogique d’une dynastie riche et tourmentée.
L’éloge de la critique anglo-saxonne
L’action s’ouvre en 1868, à Dublin. La mort de Sir Benjamin Guinness change la vie de ses quatre héritiers – Arthur, Edward, Anne et Benjamin – confrontés à un testament qui redistribue les cartes du pouvoir. La brasserie familiale devient l’enjeu d’une lutte interne, tandis qu’au-dehors grondent les tensions sociales et politiques d’une Irlande en ébullition.

De l’autre côté de la Manche, les premiers retours de cette série longtemps pitchée sont enthousiastes. The Guardian salue « une aventure irrésistible – à l’image de Succession, mais autour d’un empire de l’alcool ». Pour la BBC, l’histoire familiale « beaucoup plus juteuse que Downton Abbey » révèle un pan méconnu de l’histoire irlandaise, tout en assumant la flamboyance de Steven Knight.

Variety abonde dans ce sens, voyant dans la série « une saga captivante […] sur la famille, l’ambition, le désir et le prix à payer pour rester au sommet ». Numerama décrit quant à lui House of Guinness comme « la petite sœur spirituelle de Peaky Blinders ». Tous soulignent la présence magnétique de James Norton en contremaître impitoyable, qui concentre à lui seul la tension dramatique.
Que reproche-t-on à House of Guinness ?
Toutefois, certains titres apportent quelques nuances. Le Financial Times avertit : « Comme une pinte de stout, House of Guinness exige un peu de patience », les deux premiers épisodes paraissant trop lisses avant que le récit ne gagne en intensité.

En France, l’accueil se fait aussi plus nuancé. Le Point estime que Steven Knight se contente de rejouer la partition de la famille Shelby, sans la même vigueur. Les ralentis, filtres jaunâtres et musiques contemporaines donnent à l’ensemble un air d’auto-parodie. Variety estime de son côté que « la seconde moitié de la saison semble sinueuse, avec des épisodes surchargés qui diluent l’impact de l’intrigue ».
À l’écran, House of Guinness dévoile surtout une curiosité : celle d’une marque encore vivante, transformée en objet de fiction. Là où d’autres sagas historiques se contentent d’exploiter des dynasties éteintes, Knight s’attaque à un nom qui continue de trôner sur les tables des pubs. Cette proximité confère à l’œuvre une étrangeté particulière : celle d’un récit où le verre n’est jamais totalement vidé.