Critique

Black Rabbit : que vaut le thriller gastronomique avec Jude Law ?

16 septembre 2025
Par Thomas Ducres
“Black Rabbit”, le 18 septembre 2025 sur Netflix.
“Black Rabbit”, le 18 septembre 2025 sur Netflix. ©Netflix

Annoncée comme l’une des séries de la rentrée, Black Rabbit débarque sur Netflix avec un casting a priori imbattable, réunissant Jude Law et Jason Bateman dans les coulisses de la restauration new-yorkaise. Duo de frères dans la sauce, doigts coupés par la mafia et ambiance film noir : la recette est-elle à la hauteur des attentes ?

À première vue, il n’y a aucun rapport entre un jeune cardinal du Vatican fumant cigarette sur cigarette (The Young Pope) et un mystérieux justicier de l’espace qui se prend pour un Jedi (Skeleton Crew). Il faut dire qu’il y a un monde entre la série papale de Paolo Sorrentino et le Star Wars pour fans de Stranger Things de Jon Watts. Et le lien entre ces deux univers a un nom : Jude Law. Acclamé au cinéma pour ses rôles dans Le talentueux Mr Ripley, Retour à Cold Mountain ou encore Sherlock Holmes, l’acteur anglais s’essaie depuis une dizaine d’années au petit écran en assumant son côté caméléon.

Autant dire qu’on n’est donc qu’à moitié surpris de le retrouver, à 52 ans, dans le rôle de Jake Friedken, patron d’un restaurant branché de Manhattan, vieux beau conduisant une Jaguar vintage sur la route du succès dans un New York contemporain. Sauf que Jake a un frère raté, Vince, incarné par Jason Bateman, de retour en ville après des années de perdition. Et c’est là que le pitch de Black Rabbit se transforme en un remake de Cauchemar en cuisine.

Alter pas égaux

Dans cette création Netflix en huit épisodes conçus par Zach Baylin (La méthode Williams) et Kate Susman (The Order), tout semble pensé autour de la rivalité entre deux frères que tout oppose – un classique narratif réinventé mille fois depuis la légende biblique de Caïn et Abel. D’un côté, le (faux) gendre idéal à qui tout réussit (Jude Law), de l’autre, le frangin raté (Jason Bateman) dont le seul talent semble être de réussir à s’attirer les pires ennuis (alcool, dettes de jeu, mafia locale).

Jason Bateman et Jude Law dans Black Rabbit.©Netflix

« Je suis un véritable cancer au stade terminal », se lamente ce dernier dans l’épisode final. Et c’est totalement vrai : rattrapé par ses erreurs, coursé par des truands pas portés sur l’empathie, ce croisement toxique entre le David Duchovny de Californication et le Jeff Bridges de The Big Lebowski va progressivement entraîner son frère dans une spirale psychologique sans fin. Au propre, comme au figuré.

Le syndrome Guillaume Canet

Si Black Rabbit, dont on estime le budget conséquent, se révèle esthétiquement clinquant et agréable – on pense parfois à Suits en version film noir –, pour le reste, on se sent un peu comme deux œufs mal cuisinés : ça colle à la poêle. Le problème n’est pas tant le rôle à contre-emploi de Jude Law en tant que patron un peu dépassé par la vie trépidante dans son restaurant lounge, que le poids des deux acteurs dans cette série où l’on ne sait plus trop qui fait quoi : Bateman est à la fois acteur, coproducteur et même réalisateur des deux premiers épisodes (les plus poussifs).

Jason Bateman et Jude Law dans Black Rabbit.©Netflix

Quant à Law, il est coproducteur avec sa société Riff Raff Entertainment, fondée en 2017 dans la foulée du succès mondial de The Young Pope. Au final, difficile de ne pas penser à Guillaume Canet, à la fois réalisateur et acteur du très contesté Astérix et Obélix : l’empire du Milieu. N’est pas Seth Rogen qui veut.

Ici, l’intrigue cousue de fil blanc pédale, le récit multiplie les pistes – affaires de séduction, menaces, drogues, dettes, harcèlement – et la durée des épisodes (60 minutes en moyenne) dessert ce duo qui remplit trop l’écran.

Jason Bateman dans Black Rabbit.©Netflix

On aurait par exemple aimé que Val, l’ex-femme de Jake (jouée par Dagmara Domińczyk, repérée dans Succession) vienne un peu bousculer ce film-casting un peu trop évident, qui peine à rendre crédible cette histoire de frères unis par le sang, les dettes et les casseroles. Pas désagréable à regarder, mais jamais vraiment addictive, Black Rabbit hérite donc de la pire des places possibles : au moment de l’addition, le plat se révèle cruellement tiède.

Black Rabbit, série en huit épisodes à regarder sur Netflix dès le 18 septembre.

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