Après 133 ans d’activité, l’entreprise américaine doute de sa capacité à poursuivre ses activités, malgré un repositionnement récent de son business.
Le média américain CNN rapporte que les finances de Kodak sont dans le rouge. La marque, longtemps spécialisée dans les appareils photo argentiques, avait déjà déposé le bilan en 2012 et avait repris des couleurs après de nombreuses péripéties. Aujourd’hui, l’essentiel des activités de Kodak est centralisée sur la production d’ingrédients pharmaceutiques ; les activités imagerie et impression étant devenues secondaires depuis 2020.
Un parcours chaotique pour une marque légendaire
Fondée en 1892, Kodak est une entreprise qui a traversé l’histoire de la photographie — et du monde moderne. L’Eastman Kodak Company, de son nom complet, a connu ses grandes heures après la Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle la photographie s’invite auprès du grand public. Seulement, les concurrents sont de plus en plus nombreux, et les marques japonaises, notamment, s’imposent au mitan des années 1980 avec des appareils numériques plus perfectionnés. Une technologie que Kodak a pourtant contribué à mettre au point, mais l’entreprise se persuadait alors que l’argentique et le développement instantané était la voie à suivre.
Mauvais calcul, pour l’entreprise qui, à l’époque, détient plus de 85% des parts de marché aux États-Unis, rappelle BFM. Ce n’est que vingt ans plus tard, en 2004, que Kodak opère finalement le virage de la photographie numérique. Autant dire une vie de retard, sur un marché qui s’est largement repositionné sur des marques asiatiques, alors très en avance sur le géant américain en la matière.
Suite à la perte de marchés importants dans l’imagerie médicale au début des années 2010, Kodak dépose le bilan en janvier 2012 et se place sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Pour sortir la tête de l’eau, Kodak se réintroduit en bourse et vend divers brevets à Apple et Google. Une respiration de courte durée : son action passe de 35 dollars à 3 dollars entre 2013 et 2017. Pour empêcher l’un des fleurons de l’industrie américaine de mettre la clé sous la porte, l’administration américaine invite finalement Kodak à mettre à profit son expertise en chimie pour produire des ingrédients pharmaceutiques. Une activité qui, depuis 2020, contribue l’essentiel des revenus de l’entreprise.
Quel avenir pour Kodak ?
Le dernier bilan de l’entreprise n’est pas bon. D’après CNN, Kodak est endettée d’environ 500 millions de dollars, et ne dispose ni de financements engagés, ni de liquidités disponibles pour l’éponger. Le deuxième trimestre 2025 qui vient d’être clôturé à été marqué par la perte nette de 26 millions de dollars.
Si la liquidation de l’entreprise n’est pas encore envisagée, Kodak indique qu’elle va cesser de cotiser à son régime de retraite afin de renflouer les caisses. « Ces conditions suscitent un doute important quant à la capacité de l’entreprise à poursuivre son activité », a déclaré le PDG Jim Continenza pendant la présentation de son bilan.
Heureusement, les nouveaux tariffs douaniers mis en place par Donald Trump au début du mois d’août devraient avoir un impact limité sur les finances de Kodak, assure l’entreprise, qui produit toujours l’essentiel de ses produits aux États-Unis. Kodak employait près de 64 000 personnes au début du millénaire, contre moins de 4000 aujourd’hui.
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