Annoncé comme le grand tournant du DC Universe, Superman de James Gunn essuie une pluie de critiques. Dans la presse anglo-saxonne, les avis sont sévères. Le film, censé relancer la saga, ne parvient pas à faire l’unanimité.
Présenté comme la pierre angulaire du nouveau DC Universe, le Superman de James Gunn avait la lourde tâche de ranimer la flamme d’un héros à la dérive. Après les échecs répétés du Synderverse et la dispersion du DCEU, le réalisateur promettait un renouveau fondé sur une lecture plus lumineuse et plus humaine de l’homme d’acier. Malgré l’excitation qu’a suscitée ce reboot, les critiques anglo-saxonnes sont loin d’être unanimes.
Un reboot jugé terne et surchargé
Chez Forbes, le ton est tranchant. Erik Kain signe un article au vitriol, estimant que « Superman s’effondre et brûle malgré les efforts de son casting tentaculaire ». Il s’en prend à une narration sans cap, une intrigue saturée et un Lex Luthor caricatural : « Son plan machiavélique […] est plus que ridicule. […] Lex Luthor est aussi générique et oubliable que le reste du film. » L’auteur regrette une absence de vision cohérente et une structure enchaînant les événements sans logique dramatique.

Même désillusion du côté du Guardian. Peter Bradshaw évoque un film « fatalement inconvaincu de sa propre raison d’être », incarné par « un Superman joué avec une âme sans âme par David Corenswet ». Le journaliste reproche à Gunn de n’avoir su retrouver l’essence même du personnage : « Si c’était un reboot, il fallait vraiment revenir aux fondamentaux », note-t-il. L’univers est jugé artificiel et la dernière partie, noyée dans un déluge d’effets spéciaux, est qualifiée de « fausse apocalypse spectaculaire en pleine ville ».
Une ambition géopolitique mal maîtrisée
L’aspect géopolitique du récit, introduisant un conflit entre deux nations fictives (Jarhanpur et Boravia), est également critiqué pour sa vacuité. Pour Entertainment Weekly, le film est « embourbé dans une géopolitique ténue, un carrousel de personnages dont on a à peine le temps de retenir les noms ». La relation entre Lois et Clark y est tout juste développée, tandis que l’univers du Daily Planet, pourtant crucial, est relégué au second plan.

Même constat dans The Times, qui qualifie le film de « migraineux, saturé de séquences CGI répétitives sans scénario significatif ni profondeur de personnages ». Le Irish Independent, quant à lui, parle d’un James Gunn « dépassé par les événements », livrant une œuvre « étourdissante et désorientante ».
Des polémiques venues de la droite conservatrice
Au-delà des critiques cinématographiques, Superman a aussi été pris dans la tempête idéologique américaine. James Gunn a affirmé que « Superman est l’histoire de l’Amérique. Un immigrant venu d’ailleurs… », ce qui a suffi à déclencher les foudres de la droite conservatrice.
Kellyanne Conway, ancienne conseillère de Trump, a dénoncé un film « qui nous impose [son] idéologie ». Sur Fox News, Jesse Watters a même moqué « le symbole MS-13 sur la cape », suggérant une imagerie pro-immigration.

Face à ces attaques, le frère du réalisateur, Sean Gunn, a rétorqué que « ceux qui disent non aux immigrants ne sont pas Américains », et Nathan Fillion, qui joue Green Lantern dans le film, a résumé la situation d’un laconique : « Somebody needs a hug. It’s just a movie, guys. » (« Quelqu’un a besoin d’un câlin. Ce n’est qu’un film, les gars. »)
Un accueil plus indulgent en France
En France, l’accueil a pourtant été nettement plus nuancé, voire positif. La rédaction de Télérama – malgré tout divisée – a célébré dans sa partie « Pour » « un film grandiose, pile entre classicisme et relecture moderno-truculente », saluant « chaque baston parfaitement orchestrée » et « un héros qui vit, doute, aime ».

Le Monde évoque quant à lui « un virage à 180 degrés », saluant l’humour et l’autodérision d’un film qui « requalifie mythologiquement » le personnage. Le journal note aussi les « expérimentations numériques stimulantes » et l’« efficacité narrative » d’un réalisateur qui, malgré ses excès, « sait rendre l’action fluide et extrêmement lisible ».