Après un début tonitruant, Kaiju n°8 fait son retour sur Crunchyroll le 19 juillet. Rythmée par de nouveaux visages, cette salve de 12 épisodes reprend l’intrigue là où elle s’était arrêtée.
Kaiju n°8 est sans conteste l’une des plus grandes sorties animées de 2024. En effet, l’adaptation du shōnen de Naoya Matsumoto a immédiatement trouvé sa place parmi les titres les plus marquants de la génération, aux côtés de Solo Leveling. En remettant au goût du jour l’imaginaire des kaijus, un genre codifié du cinéma japonais popularisé par Godzilla, la série s’est lancée dans un pari risqué : celui du renouveau.
Pour ce faire, Matsumoto a choisi de faire évoluer ce bestiaire gigantesque vers une narration du XXIe siècle, portée par une galerie de personnages attachants, un héros atypique et une esthétique dynamique. Le studio Production I.G, épaulé par Khara pour le design des créatures, a ainsi donné au manga une lecture visuelle nerveuse et explosive. Diffusée à partir du 19 juillet sur Crunchyroll, la seconde saison de l’anime phénomène (dont nous avons pu visionner les deux premiers épisodes) s’annonce comme un tournant majeur.
Quels étaient les enjeux du premier chapitre ?
Pour rappel, la première salve nous plongeait dans un Japon assiégé par ces créatures titanesques, classées selon leur puissance de destruction. Kafka Hibino, 32 ans, y exerçait le métier ingrat de nettoyeur de carcasses, bien loin de son rêve d’enfance : intégrer les Forces de défense aux côtés de Mina Ashiro, son amie devenue capitaine. Cependant, tout a basculé le jour où un mini-kaiju s’est introduit dans son corps, le transformant en monstre hybride.

Désigné comme « Kaiju n°8 », Kafka a alors décidé de dissimuler sa nature pour rejoindre les rangs de l’armée. Il a ainsi rejoint la Troisième Unité, affronté des menaces de plus en plus complexes, et croisé la route du « n°9 », un adversaire intelligent et manipulateur. Aussi tendue qu’efficace, cette première saison adaptait les 38 premiers chapitres du manga.
Une continuité narrative, mais une rupture de ton
Le second volet marque un léger tournant dans l’univers de la série. Se déroulant après les événements de la première salve, cette suite introduit une nouvelle dynamique en s’ouvrant sur la redoutée Unité n°1, le bras le plus puissant de l’armée japonaise. Faisant leur entrée dans cette équipe mouvementée, Kikoru Shinomiya et Kafka sont désormais confrontés à de tout nouveaux enjeux.

Cette fois, le protagoniste est officiellement identifié comme le « n°8 ». Il n’a plus le droit à l’erreur : pour rester en vie, il doit faire ses preuves et montrer qu’il peut être utile à la défense nationale sans la menacer.
L’origine des kaijus, leurs mutations et les véritables objectifs des plus puissants d’entre eux sont autant de questions restées en suspens qui gagnent en gravité. Si les réponses ne sont pas encore données, elles pourraient commencer à se dessiner dans cette seconde saison.

L’armée prend un poids stratégique plus fort, les questions de commandement se multiplient et l’ombre de la manipulation des monstres plane sur l’ensemble de l’intrigue. En bref, la série cherche à gagner en complexité, tout en restant lisible.
Narumi ou le faux héros de guerre
Parmi les nouvelles figures, l’introduction du capitaine Gen Narumi, chef de l’Unité n°1, mérite d’être soulignée. Présenté comme le combattant le plus fort du Japon, il incarne l’exact inverse de l’archétype du soldat modèle : paresseux, superficiel, obnubilé par sa propre image et par les jeux vidéo.
Cette ironie de casting fonctionne : sous ses airs de gamin immature, ce personnage s’impose comme une clé de lecture et un miroir potentiel de Kafka. L’humour demeure, avec son ton léger et burlesque, malgré la noirceur croissante des épisodes.

Visuellement, cette seconde salve reste dans la droite lignée de la première. Le style n’est pas révolutionnaire, mais fonctionne : un réalisme stylisé, des couleurs fluo tranchant avec des décors urbains plus ternes et des combats rythmés. Le tout est porté par un sens du découpage efficace, qui joue sur la verticalité et la mise en scène du gigantisme.
Un shōnen qui sait ce qu’il fait
L’opening, You Can’t Run From Yourself, s’inscrit parfaitement dans cette signature visuelle. Toujours entre tension nerveuse et saturation chromatique, il pousse encore plus loin l’unité esthétique de la série. Musicalement, il surpasse même le premier, Abyss de Yungblud, et impose dès les premières secondes une ambiance électrique.

La réussite de Kaiju n°8 ne réside pas dans son originalité, mais dans sa capacité à fédérer tous les bons ingrédients du genre sans sombrer dans des automatismes : un héros adulte, faillible, mais loyal, une galerie de personnages secondaires bien construite, des intrigues militaires crédibles, un univers en expansion et un équilibre habile entre action, comédie et tension dramatique.

Kafka Hibino n’est pas un énième adolescent aux pouvoirs cachés. C’est un homme dépassé par ce qui lui arrive, mais qui choisit malgré tout d’en faire une force. Et c’est peut-être là que Kaiju n°8 se distingue vraiment : dans sa manière d’incarner l’héroïsme, sans le fétichiser.