Des milliers de passionnés se ruant sur des vinyles… Non, nous ne sommes pas dans les années 1970, mais bel et bien en 2025. Relégué pendant un temps par la technologie, cet objet iconique a su opérer un incroyable retour en grâce.
C’est l’histoire d’un objet, à l’apparence simpliste, mais au pouvoir immense. Commercialisé par les maisons de disques Columbia Records et RCA Victor à la fin des années 1940, le vinyle fait partie de ces supports qui ont marqué l’histoire de l’industrie musicale. Offrant une capacité d’enregistrement bien supérieure à ses prédécesseurs, ce disque en format 33 1/3 tours par minute a révolutionné l’écoute musicale à plus d’un titre.
Pendant plusieurs décennies, il a régné en maître sur l’industrie, permettant aux artistes de concevoir des albums complets. De quoi ouvrir la voie à une créativité sans précédent et à une expérience d’écoute immersive. Mais la plus grande force du vinyle reste assurément sa capacité à résister au temps et aux évolutions technologiques. Mis de côté par l’avènement du CD puis celui du streaming, il n’a toutefois jamais disparu. Mieux encore : d’abord relégué aux disquaires spécialisés et avides de nostalgie, il ressurgit dans les bacs, cette fois des grands magasins… aux côtés de ces mêmes CD qui les avaient autrefois mis sur la touche.
Parmi les plus belles revanches, celle de voir les artistes d’aujourd’hui, de la scène française aux stars internationales comme Taylor Swift ou The Weeknd, compter sur le vinyle à chaque sortie de nouvel album.
Très décrié à sa sortie à cause de sa pochette, un exemplaire neuf scellé de l’album Yesterday and Today des Beatles a atteint le prix de 105 000 € en 2016.
Une renaissance qui se confirme ces dernières années. Selon la RIIA (la Recording Industry Association of America), l’équivalent du Snep (Syndicat national de l’édition phonographique) en France, 41 millions de vinyles ont été vendus en 2023, contre 33 millions de CD. Une tendance qui s’est encore confirmée en 2024, lorsque les 33 tours ont généré un chiffre d’affaires dépassant, encore une fois, celui des CD : 98 millions d’euros de revenus en France pour le vinyle, contre 91 pour le CD. La victoire est nette.
Selon les données collectées par divers instituts d’études de marché, force est de constater qu’il existe une progression constante des ventes, avec des pourcentages à deux chiffres, faisant du vinyle un vecteur économique non négligeable dans l’industrie musicale. Un engouement pour l’audio analogique qui trouve ses racines dans la recherche d’une expérience d’écoute authentique et d’une qualité sonore supérieure.

Si les disques vinyles ont longtemps été associés à des personnes d’âge moyen ayant une affection nostalgique pour un objet de leur passé, de récentes études ont démontré que la principale force motrice de cette renaissance du vinyle vient en fait de consommateurs « millenials » et issus de la Génération Z. Des faits démontrés par les chiffres : près de la moitié des acheteurs de vinyles ont aujourd’hui moins de 35 ans. Véritable fer de lance de la renaissance moderne de ce support traditionnel, les jeunes générations, bercées par le streaming et les playlists dématérialisées, se tournent de plus en plus vers ces galettes noires aux sillons hypnotiques. En quête d’authenticité et de tangibilité dans leurs consommations culturelles, elles voient dans le vinyle un élément de collection et d’expression personnelle.
Un plaisir indescriptibles, pas seulement pour les oreilles
Devenu iconique par sa forme ou sa représentation dans les milieux de la pop culture et de l’art, le vinyle est avant tout synonyme d’une expérience sonore pas comme les autres. Il y a bien entendu les imperfections que présentent souvent les disques traditionnels, comme le grésillement au démarrage du disque, ce qui donne vie à la musique d’une manière différente. Mais pas seulement…
À une époque où un vaste catalogue de chansons peut être compressé pour tenir dans des fichiers minuscules, le vinyle offre une qualité sonore chaleureuse et organique, qui se ressent dans chaque note. Contrairement à l’écoute rapide sur un smartphone, le vinyle invite à ralentir. On prend le temps de poser le disque sur la platine, d’ajuster le bras et d’apprécier chaque morceau dans l’ordre prévu par l’artiste. Lorsque l’on écoute un disque vinyle, on ne peut pas simplement appuyer sur un bouton et vaquer à nos occupations pendant que le service de diffusion en continu garantit des heures de musique. Il faut rester près du tourne-disque pour déplacer l’aiguille et retourner le disque. Avec le vinyle, la musique n’est plus seulement un agréable bruit de fond ou un son d’ambiance, mais bel et bien une activité à laquelle on participe. Comme une connexion physique, mais aussi émotionnelle, avec la musique, qui rend le vinyle bien différent des formats numériques.

Comme évoqué plus haut, le succès du vinyle réside également dans son apparence. À la différence des playlists numériques, le disque est un objet tangible et doté d’une composante d’artistique. Car le succès du vinyle s’explique aussi par ses pochettes, bien souvent reconnues comme de véritables œuvres d’art.
De la plus artistique, comme celle de Rage Against the Machine du groupe éponyme ou Bitches Brew de Miles Davis, à la plus iconique, comme Abbey Road des Beatles ou The Dark Side of the Moon de Pink Floyd, ces pochettes viennent ajouter une dimension visuelle à l’expérience musicale. C’est bien simple : quand on pense au vinyle, on pense également à cette action reproduite à l’infini dans la culture populaire, celle de feuilleter une collection de vinyles dans un bac, comme si l’on parcourait une galerie d’art. Une expérience que l’on peut d’ailleurs reproduire chez soi, une fois sa collection établie, comme pour rappeler que la musique est un art accessible à tous.