Lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes 2025, Un simple accident est une plongée dans les traumatismes humains et personnels de Jafar Panahi, réalisateur iranien qui a toujours eu à cœur de dénoncer le régime autoritaire de son pays natal.
Un soir, Vahid voit débarquer dans son garage un homme tombé en panne avec sa famille. Il croit alors reconnaître l’un de ses anciens bourreaux et décide de se venger. Dans sa quête, notre héros croise la route d’anciennes victimes, cibles, comme lui, du régime autoritaire d’autrefois.
Ensemble, ils vont embarquer dans un road trip rocambolesque dans les rues iraniennes afin de savoir s’il s’agit réellement de leur ancien tortionnaire. Ils n’auront, dans cette quête filmée à la manière d’une course contre la montre, pour seul indice que la cicatrice qu’arbore leur otage à la jambe.
Effet papillon
Tour à tour road trip drolatique, véritable drame sur la torture, voire film de super-héros version cinéma d’auteur, Un simple accident réussit le pari de mélanger les genres. Sans jamais tomber dans l’exagération d’un style précis, Jafar Panahi (Taxi Téhéran, 2015) parvient à construire un scénario en forme d’effet papillon. D’un simple accident de la route va découler une quête de vengeance urgente et nécessaire pour nos protagonistes.
Bande de bras cassés, sorte de misfits malgré eux, traumatisés par un système brutal, ils vont ensemble se serrer les coudes et combattre cette violence invisible. Car c’est aussi en cela que réside la force d’Un simple accident : évoquer la violence d’un régime sans jamais la montrer, et parvenir à la rendre tangible grâce à des mots, des regards et des émotions.
Dans ce récit intime, le cinéaste iranien parle aussi de l’histoire nationale et porte un regard engagé sur l’état de sa nation. À l’instar de metteurs en scène comme Saeed Roustaee avec Woman and Child ou Tarik Saleh dans Les aigles de la république, l’artiste évoque son pays. Dans une mise en scène minimaliste, il offre un film choc sur les conséquences d’une dictature, mais surtout sur la moralité humaine. Finalement, peuvent-ils faire subir à leur bourreau ce qu’ils ont traversé par le passé ?
Véritable dissection des traumatismes, Un simple accident est aussi un film salutaire pour son réalisateur. En dressant le portrait de tous ces personnages, il sonde aussi son passé. Arrêté avec sa famille, puis détenu en 2010 et en 2022 à la suite de plusieurs projets cinématographiques dénoncés par le régime, Jafar Panahi offre un long-métrage engagé et courageux. Pas étonnant que le film ait décroché la Palme d’or au dernier Festival de Cannes. Le réalisateur s’est fait remettre le prix par Juliette Binoche en mai, et sort désormais au cinéma ce 1er octobre.