Sur la Croisette, la question de la Palme d’or se pose chaque année. Par le passé, de nombreux films ont été distingués, sans pour autant repartir avec la récompense suprême. Tour d’horizon de quelques-unes de ces productions qui auraient elles aussi mérité de remporter le trophée tant convoité.
| Cinema Paradiso, de Giuseppe Tornatore, 1989
Ce drame italo-français se déroule à Rome, à la fin des années 1980, au moment où Salvatore Di Vita, cinéaste célèbre, apprend la mort de son vieil ami Alfredo. Cette nouvelle le replonge alors 40 ans en arrière, dans le village où il a passé son enfance et où il partageait son temps libre entre l’église en tant qu’enfant de chœur et la salle de cinéma paroissiale dont Alfredo était le projectionniste.
Avec Cinema Paradiso, Giuseppe Tornatore revisite avec nostalgie une époque révolue et se présente comme l’histoire d’une initiation au cinéma. Présenté au Festival de Cannes, il a été récompensé par le Grand Prix du jury, tandis que Sexe, mensonges et vidéo, de l’Américain Steven Soderbergh est reparti avec la Palme d’or.
| Retour à Howards End, de James Ivory, 1992
Le réalisateur rend hommage à une Angleterre préservée et authentique dans cette adaptation d’un roman d’E.M. Forster. Retour à Howards End prend place au début du XXe siècle et suit l’histoire de deux sœurs, Margaret et Helen Schlegel, cultivées et extrêmement émancipées pour l’époque, qui se lient d’amitié avec une famille beaucoup plus traditionnelle, les Wilcox. Une histoire d’amour voit le jour et des tensions et des drames apparaissent.
Le film repart de Cannes avec le Prix du 45e anniversaire du Festival, alors que la Palme d’or est remise aux Meilleures intentions du réalisateur danois Bille August. Un choix que personne n’attendait et qui a suscité de nombreuses critiques.
| Tout sur ma mère, de Pedro Almodóvar, 1999
Pour sa première participation au Festival de Cannes, le cinéaste espagnol présente un film qui décrit le parcours de plusieurs femmes en mal d’amour : une mère en deuil qui part à la recherche du père transgenre de son fils, tragiquement décédé ; une actrice homosexuelle en plein désarroi ; une religieuse séropositive et enceinte… Tout sur ma mère explore les maternités et les sexualités, à une époque où ces thématiques étaient bien moins répandues.
Le film était le favori pour recevoir la Palme d’or, mais n’a dû se contenter « que » du Prix de la mise en scène et du Prix du jury œcuménique. Sept ans plus tard, Pedro Almodóvar a obtenu le Prix du scénario pour Volver, tandis que le Prix d’interprétation féminine est remis à l’ensemble du casting. Le réalisateur a fait partie de la sélection officielle du Festival à maintes reprises, mais n’a pour l’heure jamais décroché le Graal.
| Old Boy, de Park Chan-wook, 2004
Cette adaptation d’un manga en huit volumes traite du thème de la vengeance : celle d’un père de famille séquestré pendant 15 ans par des ravisseurs inconnus. À sa libération, il n’est animé que par l’envie de retrouver celui qui lui a fait ça et de le faire payer. Avec Old Boy, Park Chan-wook est passé tout près de la Palme d’or puisque Quentin Tarantino, président du jury cette année-là, a révélé que le film n’a été devancé que par deux petites voix par le documentaire Fahrenheit 9/11 de Michael Moore.
Old Boy a tout de même décroché le Grand Prix, deuxième récompense la plus prestigieuse du Festival. Il a ensuite fallu attendre 15 ans pour qu’un premier film coréen, Parasite de Bong Joon-ho, remporte la Palme d’or.
| Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, 2016
Adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, mort en 1995 à 38 ans du sida, ce film signé Xavier Dolan table sur un casting essentiellement français : Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel… Juste la fin du monde raconte l’histoire de Louis (Gaspard Ulliel), qui revient dans son village natal après 12 années d’absence pour voir sa famille et lui annoncer sa mort prochaine. Les retrouvailles font ressurgir d’anciens traumatismes et sont sources de tensions.
Pour ce film, le réalisateur québécois reçoit le Grand Prix du jury et le Prix du jury œcuménique, tandis que la Palme d’or est attribuée à un autre drame : Moi, Daniel Blake. À noter qu’un autre film de Xavier Dolan aurait aussi pu repartir avec la Palme d’or deux ans plus tôt, mais Mommy s’est vu décerner le Prix du jury.
| 120 battements par minute, de Robin Campillo, 2017
Surprise cette année-là avec l’attribution de la Palme d’or au film suédois The Square. Pourtant, le bouleversant 120 battements par minute faisait office de favori et a tout de même remporté le Grand Prix. Il raconte le combat des activistes d’Act Up-Paris dans les années 1990 qui ont mis en place des actions chocs ou de sensibilisation face aux ravages du sida.
Le long-métrage avait été choisi pour représenter la France aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, mais n’avait finalement pas été retenu par le comité de l’Académie américaine du cinéma.