Critique

La cache : on a vu le dernier film de Michel Blanc

19 mars 2025
Par Lisa Muratore
“La cache” est le dernier film tourné par Michel Blanc.
“La cache” est le dernier film tourné par Michel Blanc. ©Les Films du Losange

Porté par son casting brillant, et notamment un Michel Blanc tendre, dans son dernier rôle au cinéma, La cache dépeint le quotidien d’une famille aussi attachante que dysfonctionnelle sur fond de Mai 68.

Michel Blanc s’est éteint subitement en 2024 laissant derrière lui un patrimoine cinématographique teinté de comédie et de drame. Aujourd’hui, son héritage se poursuit sur grand écran, notamment avec la sortie de La cache de Lionel Baier. Dans cette adaptation du livre éponyme de Christophe Boltanski, on suit l’auteur alors âgé de neuf ans, enfermé dans l’appartement rue de Grenelle entouré de ses grands-parents et de ses oncles. Mais dehors, Mai 68 gronde et le havre de paix parisien pourrait vite basculer dans le chaos.

Filmé à la manière d’un huis clos, La cache suit le quotidien fantasque de Mère-Grand (Dominique Reymond) et de Père-Grand (Michel Blanc), entourés de leurs enfants, assez vieux pour quitter le nid, mais qui continuent de bivouaquer dans l’appartement familial. Ensemble, ils forment un étrange collectif lié par l’amour, l’engagement, mais aussi par leur traumatisme de la Seconde guerre mondiale.

La cache. ©Les Films du Losange

Tout au long du film, on devine ce sous-texte sombre. Pourtant, il se dégage une joyeuseté communicative ; une lumière dans La cache grâce à sa mise en scène vive, drôle, parfois artisanale. Malgré un propos profond sur l’importance du lien familial et sur les névroses personnelles, Lionel Baier offre un long-métrage plein d’humanité et recrée avec fantaisie la fin des années 1960.

Dans sa démonstration, le cinéaste mêle ainsi la réalité et la fiction en filmant le quotidien dysfonctionnel de cette famille d’intellectuels juifs. Cette galerie de personnage amusante et libre est composée de Mère-Grand, incarnée par une Dominique Reymond habitée, franche et déterminée. Entourée de Grand Oncle (William Lebghil), un passionné de sémantique, de Petit Oncle (Aurélien Gabrielli), un artiste incompris, et d’Arrière-Pays (Liliane Rovère), une belle-mère rêvant de sa patrie natale, elle fait également face à Père-Grand, un médecin aussi drôle que sensible, interprété avec brio par Michel Blanc.

La cache. ©Les Films du Losange

Le long-métrage s’il ne fait jamais le choix de montrer les événements de Mai 1968, se contentant de filmer à hauteur d’enfant les aventures de cette joyeuse communauté, peut ainsi largement compter sur sa distribution. Les dialogues de cette troupe apparaissent savoureux tandis que la mise en scène permet avec subtilité de retranscrire toute la palette d’émotions qui se dégage du film.

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Joyeux, sensible et drôle pourraient ainsi parfaitement résumer La cache. Avec ce nouveau long-métrage adapté du Prix Femina 2015, Lionel Baier propose une création fantaisiste et profonde en examinant à la loupe la vie d’une famille pas comme les autres. Grâce à son casting, le film explore une variété de thèmes aussi personnels qu’universels et se conclut, surtout, sur une image saisissante : celle d’un Michel Blanc marchant au loin. Un plan sobre, tendre et émouvant à l’image de l’acteur du Splendid qui, jusqu’à la fin, n’aura jamais délaissé les plateaux de cinéma.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste