
De l’audace des pionniers à la brutalité du monde moderne, l’univers de Yellowstone déploie une fresque familiale où chaque génération doit se battre pour sa terre. Avec 1883, Taylor Sheridan remonte aux origines du clan Dutton, offrant une vision plus âpre et historique du western.
Avec leur arrivée début mars sur Netflix, Yellowstone et sa préquelle 1883 ont redonné au western ses lettres de noblesse. Dans un paysage télévisuel où le genre semblait en perte de vitesse, ces deux séries signées Taylor Sheridan réconcilient la tradition du grand Ouest avec des enjeux contemporains, entre conquête et survie, héritage et sacrifice.
L’épopée fondatrice : 1883
Pour comprendre Yellowstone, il faut remonter le fil du temps jusqu’en 1883. Cette année-là, James et Margaret Dutton quittent le Tennessee avec leurs enfants pour rejoindre l’Ouest américain. Leur périple, traversant les Grandes Plaines jusqu’au Montana, est marqué par la rudesse des éléments, la menace des hors-la-loi et la dureté d’une terre encore indomptée.

Mais la série préquelle ne se contente pas d’être une simple fresque historique. Son récit, centré sur la survie et l’instinct familial, tisse déjà les fondations d’un empire, celui du ranch des Dutton. Tim McGraw et Faith Hill, dans la peau de James et Margaret, incarnent des figures emblématiques de ce rêve américain en devenir.
Yellowstone, la lutte pour préserver un empire
Plus d’un siècle plus tard, Yellowstone reprend le flambeau. John Dutton III, patriarche implacable joué par Kevin Costner, n’est plus un pionnier, mais un gardien. Son combat n’est plus de bâtir, mais de conserver. Face aux pressions des promoteurs, des activistes écologistes et des revendications autochtones, son immense ranch est menacé par les dynamiques du monde moderne.

Si 1883 montrait les sacrifices nécessaires pour poser la première pierre d’un empire, Yellowstone explore la solitude de ceux qui doivent en assurer la pérennité. Là où James Dutton luttait contre la nature et les obstacles physiques, John Dutton combat la paperasse, les arrangements politiques et les trahisons. Pourtant, le parallèle entre les deux hommes est frappant : tous deux sont des chefs de clan, guidés par la même obsession de transmission et de survie.
Un écho entre passé et présent
Le lien entre les deux séries ne se limite pas à une filiation narrative. Des flashbacks dans Yellowstone, notamment dans la saison 4, rappellent le voyage de James Dutton et renforcent le poids du passé sur le présent. La terre du ranch, conquise dans la douleur en 1883, est aujourd’hui l’objet d’un combat juridique et idéologique.

La mise en scène elle-même s’amuse à créer des ponts. Là où 1883 se distingue par une réalisation contemplative et poussiéreuse, Yellowstone adopte une approche plus nerveuse, multipliant les tensions et les confrontations. Mais dans les deux cas, Sheridan conserve une écriture sobre, centrée sur des personnages forts.
D’autres séries dérivées
L’univers de Yellowstone ne s’arrête pas à ces deux séries. 1923, autre préquelle, prolonge l’exploration du passé des Dutton avec Harrison Ford et Helen Mirren, plongeant la famille dans les turbulences de la Prohibition et de la Grande Dépression. À venir, 1944 s’intéressera à l’après-guerre, tandis que 6666 délaissera le Montana pour suivre la vie des cow-boys d’un légendaire ranch texan.