
Les influences de la cuisine japonaise dans l’Hexagone datent d’un demi-siècle. Depuis, l’offre n’a cessé de progresser en qualité et en diversité : ingrédients, boissons, formation… Chefs, professionnels de la restauration et clients toujours plus nombreux ne cessent de s’enthousiasmer pour l’art culinaire nippon.
Récemment, on comptait plus de 156 000 restaurants japonais dans le monde, de la Californie au Caire, en passant par Paris et Kuala Lumpur. Ramen, udon, soba, curry, donburi, yakitori ou encore gyoza : autant de délices locaux qui ont contribué à faire de la cuisine japonaise l’une des plus influentes et les plus reconnues. Au-delà d’être désormais l’un des trois principaux exportateurs de produits alimentaires et de boissons dans le monde, le Japon fascine partout, à commencer par le pays attitré de la gastronomie : la France. Longtemps mystérieuse pour les Occidentaux, la cuisine japonaise s’est tout simplement démocratisée de la même manière que son plat phare : le sushi.
Si la plupart des gens l’associent à la cuisine du pays, il ne s’agit en réalité pas d’un plat traditionnel japonais. Servi pour la première fois au Japon il y a environ 70 ans, à l’époque où le pays s’ouvrait au monde extérieur, le sushi s’est d’abord répandu dans les grandes villes, puis dans le reste du pays. Devenu plus accessible à la population dans les années 1960 et 1970, il s’invite même dans les restaurants ordinaires puis haut de gamme, au point d’être aujourd’hui consommé par des personnes de toutes classes sociales. Un véritable raz-de-marée qui ne laisse pas la France indifférente : entre 2000 et 2012, on estime ainsi que les Français sont les plus gros consommateurs de sushis d’Europe.

Outre les restaurateurs indépendants qui occupent une grande partie du « paysage gastronomique japonais » en France, le reste se partage entre les chaînes, dont les trois principaux acteurs sont Sushi Shop, Planet Sushi et Eat Sushi. C’est simple, les Français raffolent des sushis depuis l’arrivée des premiers restaurants japonais à Paris, il y a 40 ans déjà. Un succès dans lequel les boissons japonaises ne sont pas en reste. Thé vert, sodas, mais aussi whisky et gin rencontrent un franc succès, comme le prouvent les prix exorbitants que peuvent atteindre certaines bouteilles. En 2020, une rare bouteille de Yamazaki 55 s’était en effet vendue pour environ 800 000 dollars lors d’une vente aux enchères à Hong Kong, soit un record historique pour un whisky japonais.
Une cuisine reconnue et désormais élevée au rang d’art
Comment expliquer cet engouement sans faille ? Tout d’abord parce que les cuisines du monde fascinent toujours plus ; il suffit de se tourner vers les rayons de nos supermarchés, qui n’ont jamais autant fait de place aux cuisines du monde, pour le constater. Entre les plateaux toujours plus nombreux et variés de sushis ou les feuilles de riz pour ceux qui souhaitent s’aventurer dans la confection de nems, ce sont des morceaux d’une culture culinaire propre à un pays qui sont rendus facilement accessibles.
Concernant la cuisine japonaise, l’une des raisons du succès peut aussi être trouvée du côté de son caractère spectaculaire, à l’image de l’art du teppanyaki, cette cuisson minute sur une plaque chaude qui voit le chef manier avec agilité couteaux et aliments face aux clients. Enfin, difficile de parler de la cuisine japonaise sans évoquer les nombreux bienfaits qu’elle peut apporter, au-delà du simple plaisir gustatif.
Si les Nippons sont réputés pour leur corpulence mince et leur longévité, ils le doivent en partie à leur cuisine, qui met en avant des aliments frais qui ne font pas l’objet de longues cuissons, contiennent des rations minimales de graisses, de sucres ajoutés et de protéines animales. De ce fait, les bienfaits pour la santé sont nombreux : poids, santé digestive, système immunitaire et, donc, une plus grande longévité. Autant d’arguments qui peuvent aussi expliquer pourquoi elle fait les yeux doux aux plus hautes pointures de la gastronomie. Depuis quelques années, la cuisine gastronomique japonaise ravit les papilles des inspecteurs du célèbre Guide Michelin, qui lui accordent de plus en plus d’attention.
Parmi les lauréats de la cuvée 2024 du Guide Michelin, le chef japonais Yuichiro Akiyoshi propose avec son adresse Chakaiseki Akiyoshi, dans le 15e arrondissement de Paris, le seul établissement en France consacré au chakaiseki, une cuisine kyotoïte indissociable de la dégustation du thé. Une première étoile si symbolique qu’a également reçue le restaurant Sushi Yoshinaga, dans le 2e arrondissement.

Reflet parfumé d’une culture de plus en plus accessible
Et quand ce ne sont pas les chefs étoilés qui nous font (re)découvrir les délices de la cuisine japonaise, ce sont les fast-foods qui célèbrent le pays du Soleil-Levant à leur manière.

Ces derniers mois, les aficionados de Burger King ont par exemple pu découvrir des menus consacrés à des mangas populaires tels que Naruto ou My Hero Academia, avec des burgers et des goodies spécialement imaginés pour ces collaborations. En face, la concurrence n’a pas manqué de réagir, à l’image d’un menu Dragon Ball chez Quick ou d’une collaboration XXL entre McDonald’s et Crunchyroll, célèbre service de vidéo à la demande distribuant principalement des animes japonais et qui compte plus de 100 millions d’utilisateurs répartis dans plus de 200 pays à travers le monde. En plus d’une sauce inspirée du manga Jujutsu Kaisen, la célèbre chaîne de fast-food offrait un accès gratuit pendant une période d’essai de 30 jours à la plateforme de streaming.
Au-delà de la curiosité culinaire et de l’idée d’étoffer la carte, ces collaborations s’inscrivent une tendance forte en France ces dernières années : l’avènement du manga. Citons seulement My Hero Academia, qui est l’un des mangas les plus vendus de l’histoire, avec au moins 10 millions d’exemplaires écoulés rien qu’en France, ou encore l’inoxydable One Piece, BD japonaise la plus vendue au monde depuis sa création en 1997, avec plus de 510 millions d’exemplaires écoulés et près de 38 millions en France.
Livres et cuisine japonaise…
… un mélange qui se révèle plutôt efficace, tant les options sont nombreuses. Outre Le grand livre de la cuisine japonaise, de Laure Kié, qui propose un accompagnement complet et illustré des mets emblématiques aux préparations de base, en passant par les sauces et les accompagnements, on peut aussi se tourner vers Les recettes d’une Japonaise, à savoir 46 recettes authentiques mises en lumière par Saori Laurent.
Aussi riche et variée que la cuisine japonaise, la sélection de livres s’adresse à tous les publics : de ceux qui ont envie de cuisiner japonais sans se compliquer la vie (Japon Express par Kimiko Barber), à ceux qui souhaitent découvrir des recettes vegan inspirées des grands classiques avec Japon vegan, par Julia Boucachard. De quoi se régaler en mélangeant plaisir d’apprendre et de cuisiner.
Mais pour ceux dont le passage aux fourneaux peut se révéler être une véritable épreuve, il existe toujours des événements avec les mêmes ingrédients principaux. À l’image du festival C’est bon ! Le Japon, le désormais célèbre rendez-vous dédié à la gastronomie japonaise, présent à Montreuil en ce début d’année. Du vendredi 14 au dimanche 16 février 2025, c’est une véritable immersion dans la diversité culinaire du pays du Soleil-Levant qui attendait les curieux et passionnés au Paris Montreuil Expo.

Depuis sa création il y a une dizaine d’années, le salon francilien s’est affirmé comme un incontournable pour les amoureux de la culture et des saveurs nippones – toujours plus grand pour accueillir une quarantaine d’exposants passionnés. Une virée à C’est bon ! Le Japon est une parfaite invitation à découvrir des produits tels que le saké, le thé et les wagashi (pâtisseries japonaises traditionnelles), mais aussi d’autres spécialités culinaires comme le gyudon, qui consiste en un bol de riz chaud surmonté de lamelles de bœuf, d’oignon et parfois d’œuf, ou l’onigri, boulettes de riz généralement enveloppées d’une algue nori et très présentes dans la pop culture. Enfin, la cuisine japonaise, c’est aussi un art de la table et de la vaisselle, également à l’honneur de ce salon aux côtés d’objets vintage qui font le bonheur (et le régal) des collectionneurs.