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Nouveaux horizons littéraires

05 février 2025
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Nouveaux horizons littéraires
©K. Kurigami

Et si on voyait au-delà de la domination sans partage du roman anglo-saxon pour s’ouvrir à d’autres contrées littéraires ? Entre Japon, Brésil, Allemagne, Nigéria et Hongrie, tour du monde en cinq pépites.

| La cité aux murs incertains, d’Haruki Murakami

Après presque dix ans d’un long silence romanesque, ponctué de quelques recueils de nouvelles – savoureux, mais anecdotiques comparés aux déflagrations Kafka sur le rivage et 1Q84 –, Haruki Murakami a décidé de faire taire les croquemorts littéraires avec un nouveau monument de l’imaginaire. Nouveau, pas vraiment, puisque cette histoire le poursuit depuis plus de 40 ans. Publiée en 1980 sous forme de nouvelle avant d’être instantanément reniée, La cité aux murs incertains a hanté l’écrivain toute sa vie.

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Un adolescent tombe amoureux d’une jeune fille évanescente qui prétend n’être qu’une ombre séparée de son corps originel. La « vraie elle » résiderait dans une cité lointaine et heureuse. Un jour, elle s’évanouit comme si elle n’avait été qu’une apparition. Dévasté, le jeune homme continue à vivre tant bien que mal jusqu’à ce que, des années plus tard, il soit transporté comme par enchantement aux portes de ce monde qu’il croyait inventé de toutes pièces. Une fois à l’intérieur, après s’être débarrassé de son ombre en signant un étrange pacte faustien, l’émerveillement laisse place au malaise. Il retrouve sa bien-aimée, mais celle-ci ne le reconnaît pas.

Dans la bibliothèque où il travaille, ce ne sont pas des livres qui sont conservés, mais des rêves qu’on emprisonne. Et puis, il y a les murs de la cité, forces mouvantes qui semblent le menacer. Son ombre avait pourtant essayé de l’alerter. Convoquant autant les classiques de la littérature fantastique européenne que les univers oniriques et mélancoliques du maître de l’animation japonaise Hayao Miyazaki, Haruki Murakami conte les tourments d’un homme pris en étaux entre deux mondes, un passeur qui apprivoise les fantômes et communique entre la vie et la mort. Une belle métaphore de l’écrivain.

| La route qui mène au pays, de Chigozie Obioma

Chigozie Obioma, le grand conteur du Nigéria, poursuit son œuvre homérique. Après l’Odyssée, dans La prière des oiseaux, errance et périple entre l’Europe et l’Afrique d’un éleveur de volaille nigérian qui, par amour et pour s’élever socialement, a décidé de partir étudier à Chypre, place aujourd’hui à l’Iliade avec La route qui mène au pays. L’auteur nous plonge dans un conflit méconnu, une guerre civile qui a marqué au fer rouge l’histoire de son pays.

6 juillet 1967. Sous l’impulsion du colonel Odumegwu Emeka Ojukwu, la région orientale du Nigéria fait sécession et s’autoproclame République du Biafra. En représailles, le gouvernement prend les armes et instaure un blocus terrestre et maritime, provoquant une famine responsable de plus d’un million de morts.

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C’est dans ce drame humain à grande échelle que le jeune Kunle se précipite tête baissée. Parce qu’il a des choses à se faire pardonner, parce qu’il en a d’autres à se prouver, il s’élance sur les traces de son petit frère estropié, engagé volontaire dans l’armée séditieuse, pour le ramener à la maison. Tourbillon de violence, vertiges de l’amour et de l’amitié, éveil politique : on retrouve tous les ingrédients d’une grande épopée, lyrique, mystique et haletante qui signe en lettre de sang la fin de l’innocence.

| L’amour des hommes singuliers, de Victor Heringer

Denoël confirme sa réputation de dénicheur de trésors littéraires avec la publication de ce roman inédit signé par une étoile filante du roman brésilien, Victor Heringer, décédé en 2018 à l’âge de 30 ans et auteur de deux livres qui lui prédisaient pourtant le firmament. Au croisement des romans de Julio Cortázar et de Gabriel García Márquez, L’amour des hommes singuliers narre le coup de foudre et la passion fugace entre Camilo, fils de bonne famille, adolescent infirme, timide et rêveur, et Cosme, gamin métis des favelas, bagarreur hardi, recueilli au sein du foyer afin de lui offrir une seconde chance et un nouveau départ.

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De la haine la plus féroce à l’encontre de cet étranger au désir le plus ardent envers un jeune homme comme un exact opposé, on traverse une histoire d’amour brève, belle et violente, frappée de plein fouet par la cruauté du destin, ballotée au gré des fractures sociopolitiques du Brésil des années 1970. Une épopée déchirante. Une déflagration littéraire.

| Les indignes, d’Agustina Bazterrica

À l’heure où la science-fiction s’obstine à imaginer le pire du futur et ne voit plus que par le prisme de la dystopie, devenue le fournisseur officiel de blockbusters hollywoodiens, il faut redoubler d’imagination pour renouveler le genre. Après s’être frottée, avec un premier roman brillant, à un sujet finalement peu exploré, celui des nourritures du futur, en y apportant une réponse terrifiante mais jubilatoire (l’anthropophagie institutionnalisée), l’Argentine Agustina Bazterrica s’aventure cette fois en terrain conquis puisqu’elle se pique de religion, d’embrigadement et de sororité, une obsession littéraire depuis La servante écarlate. Avec ses femmes à coiffe blanche sur fond rouge, la couverture laisse d’ailleurs peu de place au doute, elle s’inscrit dans cette lignée féministe et sanglante.

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À travers un journal, on découvre les détails du grand effondrement et on suit le quotidien d’un groupe de femmes qui vit en vase clos dans la Maison de la Sororité sacrée, dirigée par une sœur supérieure sadique, elle-même guidée par une puissance suprême, un Lui invisible. Elles sont les Indignes, mais espèrent, à force de travail et de soumission, intégrer les rangs des Illuminées. À moins que l’arrivée d’une nouvelle pensionnaire leur donne matière à rêver. Un conte postapocalyptique glaçant sur l’aveuglement tragique des âmes esseulées et sur les rouages pervers de la servitude volontaire.

| Jeux de lumière, de Daniel Kehlmann

« Le plus grand phénomène depuis Patrick Süskind. » Voilà comment on a qualifié Daniel Kehlmann à la sortie, en 2017, du Roman de Tyll Ulespiègle, récit picaresque inspiré d’une légende folklorique allemande. C’est dire donc, si on attendait son retour aux affaires littéraires. Et le contrepied est total.

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Avec Jeux de lumière, il s’élance cette fois sur les traces d’une figure bien réelle, celle du réalisateur autrichien G. W. Pabst, génie du cinéma muet des années 1920, égal de Fritz Lang, qui fut pris au piège de la machine nazie, bien décidée à faire de lui le grand faiseur d’images du Reich. Entre compromission morale et rachat de conscience, un grand livre sur le prix à payer pour continuer à créer.

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