
Sauvée in extremis par le Président Trump la veille de son investiture, TikTok n’est pas encore tout à fait sortie d’affaire aux États-Unis.
Désormais de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump s’est affairé à ratifier de nombreux décrets permettant une action rapide. Entre deux décisions liberticides et écocides, le 47e Président des États-Unis a également accordé un sursis officiel à TikTok, qui a désormais 75 jours pour arracher ses racines chinoises et devenir une entreprise américaine. En attendant, Instagram et Bluesky se mettent en ordre de bataille.
Une suspension aux contours flous
Votée par le Congrès l’année dernière et officiellement en application depuis dimanche 19 janvier 2025, la loi interdisant à TikTok d’opérer sur le sol américain tant qu’elle ne se sera pas détachée de son propriétaire ByteDance est donc mise sur pause… mais de quel droit ?
Donald Trump demande en effet à son gouvernement fraîchement nommé de « ne pas intervenir » pour faire respecter cette loi pour une durée de 75 jours. Le temps, officiellement, de « consulter ses conseillers ». D’après The Verge, ce temps-mort législatif frôle la légalité, deux jours à peine après que la loi est entrée en vigueur.
Toujours est-il que les fournisseurs de services travaillant avec TikTok, notamment Apple et Google, qui distribuent l’application pour smartphones dans leurs app stores, ne risquent a priori aucune sanction en continuant de le faire.
Rappelons à toutes fins utiles que l’interdiction de TikTok sur le sol étasunien était à l’origine une idée de Donald Trump qui, en 2020, avait pris un décret très similaire à la loi votée par le Congrès américain l’année dernière. « J’ai un faible pour TikTok que je n’avais pas au départ, a confessé le nouveau locataire de la Maison-Blanche, ces derniers jours. Je suis allé sur TikTok [pendant ma campagne] et j’ai ramené les jeunes », ajoute-t-il du haut de ses 15 millions d’abonnés.
Meta, Bluesky et les autres tentent de se couper une part du gâteau
Meta n’a jamais caché son opportunisme et, au moment même où TikTok a été momentanément rendu indisponible aux États-Unis ce week-end, l’entreprise (dont le patron est désormais totalement acquis à la cause trumpienne), a dégainé Edits, une nouvelle application de montage vidéo, en tous points similaire à CapCut (propriété de ByteDance et très prisée des créateurs et créatrices de contenus). Enfin, par « dégainer », il faut comprendre « annoncer ». Dans un message publié sur Threads (le clone de Twitter par Meta), Adam Mosseri explique que le lancement de l’application n’est en réalité prévu que pour mars prochain. Qui sait où en seront TikTok et ses applications sœurs alors ?
Sur Bluesky, le « twitter décentralisé » qui approche tranquillement des 30 millions d’utilisateurs et d’utilisatrices, on a également lancé une nouveauté pour le moins inattendue : un flux vidéo. Exactement comme sur X, Instagram ou évidemment TikTok, on trouve désormais (en bêta) une section « Vidéos » dans la page de recherche du réseau social. En y accédant, on retrouve l’interface à défilement vertical qui a fait le succès de la plateforme chinoise.
Enfin, le développeur de Loops a officiellement levé le rideau ce week-end sur son application de partage de vidéos courtes. Un autre clone de TikTok, donc, mais hébergé sur le fediverse (la plateforme décentralisée sur laquelle opère notamment Mastodon). Uniquement disponible en bêta et sur invitation, cela pourrait donc prendre du temps pour que la sauce prenne. D’ici là, TikTok sera peut-être revenu en odeur de sainteté outre-Atlantique, ce qui découragera les habitués du réseau à se chercher un nouveau refuge comme Xiaohongshu.