Avec sa carrière larger than life, le pilote brésilien était la personne rêvée pour conduire Netflix vers la première série consacrée à une idole de Formule 1.
Mansell, Prost, Hill, Schumacher… Si ces noms ne vous disent rien, deux hypothèses : vous étiez trop jeune au moment de leurs sacres sur les circuits du monde entier, ou vous ne connaissez absolument rien au monde de la Formule 1. Il est pourtant un pilote des années 1990 que tout le monde connaît : Ayrton Senna, disparu le 1er mai 1994 à l’âge de 34 ans sur le circuit d’Imola, alors même qu’il était en tête du Grand Prix de Saint-Marin. Si la légende raconte que Molière est mort sur scène, le Brésilien est quant à lui décédé dans un virage. À la différence que sa disparition a été suivie en direct par 450 millions de personnes.
Trente ans plus tard, Netflix profite de cette date anniversaire pour bousculer le monde secret de la Formule 1 avec la première série du genre (dont le tournage a débuté en 2020) intégralement consacrée à une rock star des paddocks. Et devinez quoi ? C’est tout sauf surprenant.
Retour de hype sur la Formule 1
Les fans de Max Verstappen, Charles Leclerc ou encore Lewis Hamilton peuvent témoigner : même si le plus célèbre des sports mécaniques est désormais diffusé sur Canal+, les batailles livrées par les écuries McLaren, Ferrari ou Red Bull continuent de passionner les foules.
Une tendance qui n’a pas échappé à Netflix, à qui l’on doit la majorité des productions à quatre roues, des deux documentaires sur des héros des nineties (Senna et Schumacher) à la série haletante Formula 1 : pilotes de leur destin (Drive to Survive en VO).
Mais pourquoi cette dernière cartonne-t-elle, notamment aux États-Unis ? Parce que les six saisons (et une production toujours en cours) permettent de pénétrer dans les coulisses d’un sport où seule l’excellence est tolérée et où la moindre inattention peut envoyer au cimetière. Une version plus violente du célèbre adage sex, drugs and rock’n’roll qui explique en partie le statut culte dont bénéficie encore aujourd’hui Ayrton Senna da Silva, gamin de São Paulo au tempérament volcanique.
Pourquoi Senna est-il si culte ?
Si Senna est la première véritable série à retracer le parcours d’un pilote de F1, c’est d’abord et évidemment pour la légende inspirée par sa mort brutale alors même qu’il était au sommet de son art. Cette histoire digne d’un film, on en retrouve les aspects le plus saillants dans la production signée Netflix, comme ce super-pouvoir de conduire dans des conditions difficiles, notamment durant le Grand Prix de Monaco en 1984.
Surnommé le « maitre de la pluie » ou « Magic Senna », le plus grand rival d’Alain Prost pendant presque une décennie était déjà devenu un héros national de son vivant et son physique de top model, à cheval entre le pilote romantique et l’ange blessé, a joué pour beaucoup auprès du grand public.
De ce point de vue, la ressemblance avec son incarnation dans la série (Gabriel Leone, déjà repéré dans le Ferrari de Michael Mann l’an dernier) est une réussite. On y croit dur comme fer. Mais Senna de rappeler dans l’épisode 2 : « Je suis persuadé que personne ne prend les Sud-Américains au sérieux : ni les équipes ni les médias. »
De quoi motiver le pilote à se surpasser durant ses 161 courses (dans la vie réelle) et les épisodes (du show de Netflix) avec des batailles contre tous les pilotes célèbres de l’époque, qu’on revit ici avec réalisme (jusqu’aux publicités sur les bords de piste pour Marlboro ou Kronenbourg). Mais, à la fin de cette série, Senna gagne-t-il vraiment ?
Pas droit dans le mur, mais à peine sur le podium
Réalisé en collaboration avec la famille du pilote, Senna n’échappe pas au travers du genre : à force de vouloir réhabiliter les héros disparus, la tentation d’enjolivement n’est jamais loin. D’un point de vue historique, cette production est factuelle.
Les courses, elles, sont produites avec des moyens Netflix – entendre : considérables. Et si l’on suit comme dans tout bon biopic l’ascension chronologique du premier rôle, la tentation de réunir fans hardcores et grand public est un exercice périlleux qui aurait peut-être mérité, dans le cas de Senna, un autre tour de qualification.
À sa façon, la série rappelle celle dédiée au MMA signée Gastambide, avec ses mêmes forces et faiblesses. À noter néanmoins les bons choix sur la bande-son, avec des titres vintage inspirés allant du Highway Star de Deep Purple au Stumblin’ In de Suzi Quatro.
Des jeunes années en Formule Ford jusqu’à la compétition en Formule 3 en rivalité avec Martin Brundle, puis en Formule 1 contre les plus grands pilotes de l’époque, Senna reprend donc l’histoire depuis le début pour un résultat qui devrait sûrement séduire celles et ceux tombés dans un siège baquet avec Drive to Survive.
Quant aux autres, celles et ceux qui étaient devant leur poste de télévision le 1er mai 1994, l’image du choc dans le virage dans la courbe de Tamburello devrait encore les hanter un bon moment, au risque de faire de cette série un micro-événement.
Si le show ne disposera évidemment pas d’une saison 2, la popularité actuelle de Charles Leclerc (Ferrari) peut laisser imaginer que Senna pourrait servir de tour de piste pour de nouveaux volets fictionnés sur le monde de la F1. On pense notamment à Michael Schumacher, autre pilote à la vie rapide et furieuse.
Senna, série en six épisodes disponible dès le 29 novembre sur Netflix.