Critique

Ferrari : que vaut le nouveau film de Michael Mann ?

10 mars 2024
Par Lisa Muratore
Adam Driver incarne Enzo Ferrari dans le biopic éponyme de Michael Mann.
Adam Driver incarne Enzo Ferrari dans le biopic éponyme de Michael Mann. ©Lorenzo Sisti

Disponible depuis ce vendredi 8 mars sur Amazon Prime Vidéo, Ferrari signe le retour timide de Michael Mann derrière la caméra dans un film loin de l’envergure de son sujet. Critique

Neuf ans après son dernier film, Michael Mann est de retour avec Ferrari. Depuis 2015, et Hacker, le cinéaste n’avait pas foulé les plateaux de cinéma, si ce n’est pour une incursion dans le milieu de la télévision avec la série Tokyo Vice (2022). Depuis ce vendredi 8 mars, Michael Mann fait son grand come-back non pas sur grand écran, mais sur la plateforme de streaming Amazon Prime Vidéo pour présenter son biopic sur Enzo Ferrari.

Un projet particulièrement attendu depuis sa présentation à la Mostra de Venise, mais qui aujourd’hui sort discrètement, dans une indifférence générale semblable au film. Car si avec Ferrari, on espérait voir du grand Michael Mann, réalisateur de génie à qui l’on doit Le Dernier des Mohicans (1992), ou bien le chef-d’œuvre Heat (1995), l’envergure de son cinéma avec Ferrari reste faiblarde.

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Le long-métrage ne comporte aucune fulgurances, et ne parvient jamais à décoller. En effet, le cinéaste a beau nous montrer la vie parfois chaotique d’Enzo Ferrari (Adam Driver), entre liaison, deuil, et dette, le montage ne permet jamais de saisir la réelle dramaturgie de son histoire.

Le spectateur navigue ainsi de scène en scène sans pour autant y trouver de lien photographique ou scénaristique. Mis de côté, il sera le témoin d’une course qui ne démarrera finalement jamais.

Shailene Woodley dans Ferrari.©Lorenzo Sisti

Difficile alors de s’attacher réellement à la trajectoire du constructeur automobile, de saisir les enjeux que son écurie affronte dans le film, ou encore de comprendre son amour pour sa maîtresse Lina (Shailene Woodley) et sa femme Laura (Penélope Cruz). Car Michael Mann ne fait finalement aucun choix dans son biopic : le réalisateur hésite constamment entre montrer le génie automobile qu’était Enzo Ferrari, et l’homme qui se cachait derrière les autos rouges flamboyantes.

Comprendre le mythe et la légende, c’est là tout l’intérêt d’un biopic, mais surtout d’un biopic réussi. Il aurait, en effet, été interessant de comprendre le psychisme d’un homme qui a vu son destin se briser aussi souvent que ses voitures, d’un homme qui a toujours eu du mal à encaisser la mort de son premier fils, à reconnaitre le second comme son héritier, ou encore le psychisme d’un homme qui a fait face aux accidents de ses coureurs sur les pistes de course.

Penélope Cruz dans Ferrari. ©Lorenzo Sisti

Insaisissable, c’est ainsi que l’on pourrait décrire le personnage campé par Adam Driver dans le film de Michael Mann, car ce dernier ne fait finalement que survoler son sujet, ainsi que l’ensemble de ses personnages — en témoigne le rôle de Patrick Dempsey, relayé rapidement au second plan.

Il en ressort un film froid — un constat étonnant quand toute l’action se déroule en Italie — dans lequel on a véritablement du mal à s’engager. Ni l’effervescence du monde automobile, ni l’incandescence des femmes qui habitent la vie d’Enzo Ferrari ne seront sauver ce long-métrage qui avait pourtant tout pour s’inscrire logiquement dans la filmographie de Michael Mann.

Bande-annonce de Ferrari de Michael Mann.

Le mouvement et la solitude sont deux éléments importants de l’œuvre du cinéaste qui ont toujours plus ou moins fonctionné sur grand écran. Pourtant avec Ferrari, cette recette semble s’essouffler. Ici, les moteurs vrombissent timidement pour offrir un biopic sans saveur, qui malgré son casting alléchant, peine à nous porter jusqu’à la ligne d’arrivée. On espérait mieux de l’écurie Michael Mann pour son grand retour au cinéma.

Ferrari de Michael Mann, avec Adam Driver, Penélope Cruz, et Shailene Woodley, 2h10, le 8 mars sur Amazon Prime Vidéo.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste