Critique

“Un gros blockbuster américain sous stéroïdes” : les joueurs de Call of Duty jugent Black Ops 6

06 novembre 2024
Par Agathe Renac
“Call of Duty Black Ops”, le 25 octobre 2024.
“Call of Duty Black Ops”, le 25 octobre 2024. ©Activision Blizzard

Depuis son lancement le 25 octobre dernier, Black Ops 6 fait l’unanimité auprès de la presse généraliste et spécialisée. Mais que pensent (vraiment) les fans de la licence ?

Après la déception Call of Duty: Vanguard en 2021 et l’accident industriel Modern Warfare III en 2023, des millions de fans attendaient de pied ferme le nouveau Black Ops 6. Ses développeurs Treyarch et Raven Software avaient la pression, et pour cause : leurs précédents opus avaient reçu des retours très mitigés, joueurs et critiques pointant du doigt un manque d’innovation, des campagnes solo anecdotiques et des modes Multijoueurs déséquilibrés.

Black Ops 6 se devait donc d’être le titre de la rédemption… et le pari semble réussi. La presse spécialisée a salué une campagne aux enjeux géopolitiques forts, un multijoueur nerveux porté par de nouvelles mécaniques de mouvement, et certains médias l’ont même qualifié de « meilleur Call of Duty de tous les temps ».

D’un point de vue commercial, le démarrage de ce dernier volet a également rencontré un franc succès. Il a enregistré le meilleur lancement de toute la saga, devenant le Call of réunissant le plus de joueurs et cumulant le plus d’heures et de matchs joués dès son premier week-end.

Plutôt que de faire tester ce Black Ops 6 par l’un de nos journalistes spécialisés, on a choisi cette année de confier le jeu à trois fans de la licence pour savoir ce qu’ils pensaient vraiment de cette nouveauté. Vétéran de la franchise, Sofian s’est attaqué à la campagne solo, tandis que Yohan et Kévin, deux frères amateurs de jeux compétitifs et qui se retrouvent régulièrement sur Call of Duty, ont testé le mode Multijoueur. Voici leur verdict.

L’une des meilleures campagnes solo de la franchise

Black Ops 6 nous plonge donc en plein cœur de la guerre du Golfe en 1991, reprenant le fil des événements là où Black Ops 2 s’était arrêté. Malgré l’abondance de jeux de guerre, particulièrement du côté des FPS, il faut souligner que cette période historique reste assez rarement abordée dans les jeux vidéo.

Ce nouvel opus introduit aussi de nouveaux personnages, notamment William « Case » Calderon, le protagoniste que le joueur incarne tout au long de l’aventure. On retrouve également des visages familiers comme Frank Woods et Russell Adler, qui apportent une touche de nostalgie bienvenue pour les fans de longue date.

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L’intrigue tourne essentiellement autour de Pantheon, une mystérieuse organisation clandestine qui a réussi à s’infiltrer au sein même de la CIA. « Un scénario d’espionnage assez intéressant, qui maintient le joueur en haleine jusqu’à la fin, affirme Sofian. Treyarch nous offre ici l’une des meilleures campagnes solo de la franchise depuis plusieurs années. »

Il souligne aussi le fait que les missions sont plus longues et plus ambitieuses, et qu’il faut compter entre huit et dix heures pour en voir le bout. « C’est bien plus long que les derniers volets. Et plus intéressant aussi ! Il n’y a pas de remplissage, toutes les missions sont pertinentes et s’imbriquent bien dans l’histoire. »

Une écriture plus fine, mais peu subtile

« L’écriture est un peu plus fine qu’à l’accoutumée, même si on reste dans les standards de la série avec des complots internationaux et des retournements de situation », assure Sofian. Il ajoute, non sans malice, que « l’histoire se suit comme un gros blockbuster américain sous stéroïdes », et met en garde les « pacifistes dans l’âme » et les amateurs de jeux vidéo à l’écriture tout en subtilité : « Ce n’est toujours pas ce Black Ops 6 qui va vous réconcilier avec les Call of Duty. »

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Sans rien spoiler, la fin du jeu est un cliffhanger assez bien amené, qui laisse sans trop de surprise présager une suite dans la même veine. « Une manière habile de nous maintenir en haleine jusqu’au prochain opus – ce qui est loin d’être une mauvaise nouvelle, avance le joueur. En effet, si les Call of Duty au mode Solo scripté jusqu’à la moelle ont fini par nous lasser depuis longtemps, on reprendra volontiers une rasade de cette nouvelle formule. »

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Le scénario plaît, mais quid du gameplay ? La grosse nouveauté de ce volet est l’introduction de nouvelles mécaniques, dont l’omnimouvement qui permet de sprinter, glisser ou encore plonger dans toutes les directions avec « une fluidité assez impressionnante », trouve Sofian. Cet ajout dynamise considérablement les phases de combat, mais le joueur regrette néanmoins que ce nouveau système de déplacement ne soit pas plus exploité dans la campagne.

Un niveau de difficulté élevé

L’autre grande force de Black Ops 6 réside dans la liberté accrue pour approcher les missions. Grâce à des cartes plus vastes et des objectifs multiples à accomplir dans l’ordre souhaité, chaque joueur peut vivre l’expérience comme bon lui semble. « Néanmoins, bien que cette liberté d’approche soit louable, elle peut parfois manquer de naturel et donner une impression de “bac à sable” artificiel », nuance Sofian.

« De plus, certaines séquences “surnaturelles” pourront paraître excessives à certains joueurs et détonner avec le reste de l’expérience. » Malgré ces quelques critiques, le vétéran de Call of assure que « ce mode Campagne reste très agréable à parcourir. Même si tout n’est pas parfait, le positif l’emporte très largement et on ne s’ennuie jamais. »

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Notre testeur a adoré la mission du gala de Clinton, qui est « dingue » et que l’on peut approcher de plusieurs façons, « ce qui est une petite révolution dans une série qui nous sert depuis plus de 20 ans des couloirs scriptés dans lesquels il suffit plus ou moins d’avancer et de tirer sur tout ce qui bouge ». Le niveau dans le casino de Luttazzi est tout aussi « mémorable », l’ambiance étant « folle et les gunfights nerveux », et Emergence est « un véritable joyau, plongeant le joueur dans une ambiance inquiétante digne de jeux d’horreur à la Resident Evil« .

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Grand adepte de la licence, Sofian a été particulièrement surpris par la difficulté des missions. « Alors que les modes Histoire de la plupart des Call of Duty modernes peuvent s’apparenter à des balades de santé, il y a vraiment du challenge dans le mode Campagne de Black Ops 6, même en mode Normal. »

Mais rien de frustrant ou d’insurmontable, assure le joueur. « Les ennemis sont plus nombreux et certains sont même de véritables sacs à PV blindés, ce qui oblige à être plus stratégique et à bien utiliser les couvertures, ajoute-t-il. Ça change agréablement des derniers Call of Duty où on avançait sans trop réfléchir. »

Une plastique irréprochable

Autre point positif : les graphismes. « C’est beau, détaillé, les effets de lumière et les textures sont souvent somptueux, se réjouit Sofian. Sur le plan technique, Black Ops 6 impressionne par la qualité de ses graphismes et de son sound design. Le jeu a été peaufiné et chaque détail contribue à créer une belle immersion, du réalisme des environnements jusqu’aux bruitages des armes ou aux petits détails “années 1990” qui sonnent juste. »

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« Pour chipoter un peu, on note bien quelques animations faciales qui ne sont parfois pas à la hauteur du reste », conclut-il. Moins nombreuses que dans certains Call of Duty, les armes ont néanmoins « toutes un super feeling, et les sensations de tir sont dans la lignée des meilleurs épisodes de la vénérable saga », assure le joueur.

Un mode Multijoueur moins convaincant

Une chose est sûre, le mode Solo est une franche réussite. Mais que pensent les deux frères du multijoueur ? Si Yohan salue « une prise en main efficace » et un nombre de modes de jeu élevé qui permet à chaque joueur de « trouver son bonheur facilement », Kévin apprécie quant à lui les nouvelles cartes, « lumineuses et lisibles », qui sont « adaptées aux différents modes ».

Dans le détail, le jeu propose 16 cartes (dont 12 principales et quatre « Strike ») et neuf modes dédiés au 6 contre 6. Entre passages sous-marins et éléments interactifs, chacun a sa propre personnalité et « le retour de la map Nuketown nous envoie un shot de nostalgie », confie Yohan – qui admet néanmoins que les cartes sont « souvent beaucoup trop petites » pour vraiment en profiter.

Le joueur estime qu’il y a « très peu de changements » du côté du gameplay, avis que ne partage pas Kévin. En effet, son frère trouve que « quelques nouveautés sont intéressantes, dont les nouveaux mouvements ». Grande star de cet opus, l’omnimouvement a aussi séduit les deux frères, qui émettent néanmoins quelques réserves. Le premier considère que « cette nouvelle mécanique est très intéressante », mais n’a pu en profiter complètement en raison de la taille des cartes, et Kévin, quant à lui, pense qu’elle est « plus bénéfique en défense qu’en attaque ».

©Activision Blizzard

Du côté des armes, Yohan a apprécié un « système efficace, sans grande innovation », mais a été agréablement surpris par une nouveauté très particulière : le body shield. Cette nouvelle fonctionnalité permet au joueur « d’attraper un adversaire et de s’en servir comme bouclier pour absorber les balles et riposter ».

Si le multijoueur divise les deux frères, Black Ops 6 semble néanmoins réussir le pari de redorer le blason de la franchise, notamment grâce à une campagne solo ambitieuse et bien ficelée. Le challenge était de taille, mais ce Call of Duty a su viser juste.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste