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Fours nouvelle génération : l’IA, commis de cuisine du futur ?

12 octobre 2024
Par Alexandra Bellamy
Fours nouvelle génération : l’IA, commis de cuisine du futur ?
©ORION-PRODUCTION

L’intelligence artificielle envahit petit à petit tous les équipements de la maison, y compris les appareils électroménagers. Parmi ceux-ci, les fours cherchent à en tirer profit de manière pertinente. Et les dernières avancées en la matière sont prometteuses. Décryptage.

Les fours connectés ne datent pas d’hier. Mais certaines des possibilités qu’ils offrent peuvent laisser perplexe, comme commander les paramètres de son four depuis son smartphone. On peut en effet se demander si cela n’est pas un peu gadget. Ces dernières années, grâce à des algorithmes qui s’appuient sur l’intelligence artificielle, ces appareils de cuisson ont franchi un cap. La promesse ne réside plus (seulement) dans le pilotage à distance, mais dans l’assistance de l’utilisateur, pour l’aider à obtenir des résultats de cuisson parfaits, qu’il soit amateur ou novice en cuisine.

Four Haier
Les fours intelligents de Haier, équipés d’une caméra, sont capables d’identifier environ 35 recettes – pour l’instant.©Haier

Reconnaissance de plats et surveillance automatisée de la cuisson grâce à l’IA

Ces fours proposent naturellement les mêmes fonctionnalités que les modèles connectés d’ancienne génération : suivi de recette pas à pas sur l’application puis transmission automatique des paramètres de cuisson vers le four, surveillance de la cuisson depuis l’application (via un minuteur ou éventuellement une caméra si le four en dispose), pilotage à distance depuis l’application (température, démarrage, arrêt…) et, plus intéressant, un autodiagnostic en cas de panne ou de dysfonctionnement.

Certains modèles équipés de caméras permettent aussi de visionner en direct la cuisson du plat dans l’application, voire d’en enregistrer une vidéo à partager sur les réseaux sociaux. En ce qui concerne toutes les fonctions de pilotage ou de visionnage depuis un smartphone, chaque utilisateur est libre d’y trouver une utilité ou pas.

Four AEG Electrolux
Les fours AEG et Electrolux d’ancienne génération embarquaient une caméra, qui donnait la possibilité de visionner le plat pendant la cuisson depuis son smartphone ou sa tablette. ©AEG Electrolux

Outre les fonctions citées ci-dessus, les modèles de dernière génération utilisant l’IA sont en mesure d’identifier certains plats ou aliments quand on les enfourne, grâce à une caméra embarquée. Ils proposent alors le mode le plus adapté, de même que la température et la durée de cuisson adéquates. Ils se positionnent ainsi comme des assistants de cuisson intelligents.

La plupart d’entre eux surveillent aussi l’évolution de la cuisson à l’aide de leur caméra, en vérifiant le degré de brunissement, pour la stopper lorsque le plat est parfaitement cuit. Parmi les appareils qui proposent de telles fonctions intelligentes, on peut citer les modèles de la gamme ID Series 6 de Haier (en cours de lancement à partir d’environ 1000 €) qui exploitent cette technologie sous le nom de Bionic Vision (l’ensemble des technologies de cuisson intelligentes étant baptisé Bionicook).

Samsung propose exactement les mêmes fonctions sous le nom AI Pro Cooking sur les références de sa gamme Bespoke AI. Idem pour Miele sur les fours de sa série 7000 équipés d’une caméra – la technologie se nomme cette fois Smart Food ID. Sur le four Hisense Hi9 (dont la commercialisation est prévue fin 2025), c’est la technologie AI Baking qui s’y colle – le nom marketing est différent, mais les fonctions sont les mêmes.

Four Samsung
L’enregistrement de vidéos de la cuisson en time-lapse fait partie des fonctionnalités « bonus » proposées par l’application Samsung SmartThings.©Samsung

Quant à Bosch et Siemens, ces marques sœurs utilisent des solutions un peu différentes, non pas à base de caméras, mais de capteurs. Cette fois, ce n’est pas la couleur des aliments pendant leur cuisson qui est surveillée, mais le niveau d’humidité dans la cavité pour ajuster la température et stopper le four quand le plat est prêt. Pas de reconnaissance automatique des aliments ici ; il faut renseigner manuellement le type de plat et son poids pour que le four gère le reste.

Four De Dietrich
Pas de reconnaissance de plats sur les fours De Dietrich ; il faut indiquer ce qu’on cuisine. ©De Dietrich

La technologie AI Talent Sensor développée par De Dietrich, elle, exploite aussi des capteurs pour analyser le taux d’humidité du plat, mais détecte automatiquement le poids et le volume ; il suffit de sélectionner le type d’aliment avant de lancer la cuisson.

Personnalisation accrue de la cuisson

La principale promesse de ces technologies est d’assister le cuisinier pour garantir une cuisson toujours parfaite. Le but n’est pas seulement de faciliter le quotidien, mais d’assurer les meilleures performances. La personnalisation fait aussi partie des engagements.

Haier est sans doute la marque qui s’engage le plus sur ce point. En effet, à travers la connectivité, elle promet que ses fours intelligents apprennent les goûts de l’utilisateur en matière de préparation culinaire. Comment ? Quand il réalise une recette spécifique – des lasagnes, une pizza, un gratin dauphinois, un poulet rôti… –, s’il poursuit la cuisson pendant quelques minutes pour que le plat soit plus cuit ou plus grillé et qu’il le fait plusieurs fois, l’appareil considère que c’est sa préférence (au bout de trois fois pour la même recette). Il ajuste donc la durée de cuisson et l’applique quand le cuisinier prépare à nouveau cette recette.

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Quant à Samsung, le fabricant s’appuie sur son application Samsung Food (compatible avec ses fours intelligents) pour proposer une expérience personnalisée. Grâce à l’IA, elle va un peu plus loin que la plupart des applications de recettes qui font des suggestions personnalisées en fonction des ingrédients qu’on a à disposition ou des préférences alimentaires. Elle peut reconnaître des aliments à partir de photos, permet d’enregistrer ses propres recettes dans le même format que les autres ou peut encore adapter des recettes aux habitudes alimentaires (en remplaçant de la viande par un autre ingrédient pour les végétariens, par exemple).

Four IA Miele
Chez Miele, la fonction d’IA se nomme Smart Food ID. Au programme : reconnaissance des aliments, automatisation des paramètres de cuisson et surveillance du brunissement.©Miele

Du neuf dans la cuisson intelligente

Lors du dernier salon IFA, qui a eu lieu en septembre, cette tendance à l’utilisation de l’IA au sein des appareils de cuisson s’est confirmée. Mais Electrolux/AEG, qui a dévoilé une nouvelle gamme de fours encastrables, a choisi d’exploiter ces fonctionnalités intelligentes d’une manière différente qui nous semble vraiment intéressante.

Les technologies concurrentes présentent pour l’instant quelques limites. La première réside dans la reconnaissance des aliments – la plupart des fours sont pour l’instant capables d’en identifier un peu plus d’une trentaine. Cela va évidemment évoluer, mais, dans un premier temps, toutes les recettes ne pourront pas être préparées en s’appuyant sur la reconnaissance automatique.

Quant à la transmission des paramètres de cuisson de l’application vers le four, c’est certes pratique et les recettes sont parfaitement calibrées pour l’appareil. Mais, dans la plupart des cas, cela limite le choix aux recettes proposées dans l’application dédiée. Or, les consommateurs sont très nombreux à chercher l’inspiration sur différents sites internet, ce qui ne leur permet pas de tirer pleinement profit des fonctionnalités de leur four. Par exemple, rares sont les recettes exploitant les fonctions vapeur, qui tendent pourtant à se généraliser.

Application AEG Electrolux
La nouvelle application Electrolux/AEG promet aussi un gain de temps et des astuces pour favoriser les économies d’énergie.©AEG Electrolux

Electrolux/AEG a donc choisi d’utiliser l’IA à cette fin : adapter n’importe quelle recette à ses fours. Comme souvent, toute l’intelligence est embarquée dans l’application. Le fabricant, qui a nommé cette technologie IA TasteAssist (commune aux fours des deux marques), parle d’assistant culinaire intelligent. On peut copier le lien de n’importe quelle recette provenant d’Internet et le coller dans l’application. Celle-ci se charge de la lire, l’interpréter et la « traduire » pour l’adapter au four et obtenir un résultat optimal, en tenant compte de ses caractéristiques et fonctionnalités.

Elle peut réadapter la durée de cuisson, la température ou le mode. Elle peut également suggérer l’ajout de vapeur pour améliorer la cuisson d’un gâteau ou d’une viande qui doit être grillée à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur. La technologie sera disponible sur les prochaines gammes de fours AEG et Electrolux qui seront commercialisées au printemps 2025 (à partir d’environ 1200 €).

La proposition nous semble à la fois intéressante et judicieuse, car, bien qu’il reste nécessaire d’utiliser l’application de la marque, elle « n’enferme » pas l’utilisateur dans des choix de recettes. Ce qui permet à la cuisson intelligente de franchir un cap. La pertinence réelle de la solution dépendra bien entendu de la capacité de l’application à bien comprendre toutes les recettes et à les réadapter judicieusement.

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Article rédigé par
Alexandra Bellamy
Alexandra Bellamy
Journaliste