Le Porte-Etendard, toile maîtresse du peintre néerlandais, figurait dans la collection privée de la famille Rothschild depuis 1844. Mis en vente en 2019, l’État français avait obtenu son classement comme « Trésor national » en vue d’une éventuelle préemption.
La France n’a finalement pas fait l’acquisition de ce chef-d’oeuvre de Rembrandt, le célèbre peintre hollandais du XVIIe siècle. La branche française de la famille Rothschild avait décidé de se séparer du célèbre Porte-Etendard en 2019, mais le ministre de la Culture de l’époque s’était opposé à son exportation en apposant à la toile le classement « Trésor national », offrant ainsi un délai de trente mois à l’État français pour convaincre d’éventuels mécènes d’assurer l’acquisition du tableau. Mais le 7 décembre dernier, la France a définitivement renoncé à entrer en possession de la toile, laissant ainsi la voie libre à l’État hollandais pour négocier avec les Rothschild, propriétaires du tableau depuis 1844 – après avoir notamment été un bien du roi d’Angleterre, George IV. L’acquisition de la toile par les Pays-Bas est donc en passe de se concrétiser, moyennant un financement de l’État à hauteur de 150 millions d’euros, appuyé par les contributions de l’Association Rembrandt et du Rijksmuseum d’Amsterdam, versant respectivement 15 et 10 millions d’euros supplémentaires. Il ne manque à présent plus que l’aval du Parlement néerlandais pour finaliser la vente et amorcer le « retour au bercail » du tableau de Rembrandt.
Le Porte-Etendard est un autoportrait peint en 1636, alors que Rembrandt n’a que trente ans. Il incarne l’indépendance fraîchement acquise du peintre, installé à Amsterdam depuis quelques années. Une fois la vente actée, Le Porte-Etendard rejoindra les 22 autres toiles de Rembrandt conservées au Rijksmuseum d’Amsterdam. Pour Taco Dibbits, directeur général du Rijksmuseum, cette toile « (…) marque la percée artistique de Rembrandt » et préfigure en un sens la réalisation de La Ronde de nuit (1642), certainement son oeuvre la plus célèbre aujourd’hui. Exposée au Rijksmuseum, La Ronde de nuit n’en a pas fini de dévoiler de nouveaux secrets : le 8 décembre dernier, des analyses scientifiques révélaient un croquis caché sous les couches de peinture du tableau. Depuis plus de deux ans, une équipe d’experts restaurent et étudient La Ronde de nuit sous toutes ses coutures – le tableau demeure quant à lui exposé derrière une gigantesque paroi de verre pendant toute la durée de sa restauration – passant le tableau au crible des dernières technologies d’imagerie et d’analyse.