Si le football est roi quasiment partout dans le monde, il peine à exister aux États-Unis où d’autres disciplines le devancent, comme le basket-ball. À travers sa mythique NBA, il a même réussi à se faire davantage apprécier dans sa version américaine en Europe. À l’occasion de la sortie de NBA 2K25, retour sur les raisons de la toute-puissance du basket américain.
Ce n’est un secret pour personne : la finale de la Coupe du monde de football est l’un des événements les plus regardés à la télévision aux quatre coins de la Terre. On parle ici bien de « notre » football et non de sa version américaine, reléguant le ballon rond au rang de loisir de seconde zone sous le sobriquet de soccer, très éloigné d’un autre sport incroyablement populaire outre-Atlantique : le basket-ball.
Grâce à la surpuissante NBA, sa célèbre ligue professionnelle, cette discipline est presque devenue une version améliorée du basket tel que nous le pratiquons en Europe… à tel point qu’elle intéresse davantage de fans que l’Euroligue (équivalent de l’UEFA Champions League pour le basket). Une notoriété qui s’étend évidemment jusqu’au jeu vidéo, où la seule simulation de basket annuelle rentable est la série des NBA 2K, basée évidemment sur le légendaire championnat américain.
Born in the USA
À l’image de presque tous les sports populaires de la planète, le basket-ball trouve ses origines à la fin du XIXᵉ siècle. Cependant, et c’est un cas assez rare pour le souligner, ce sont les États-Unis d’Amérique qui en revendiquent assez légitimement la paternité : un certain James Naismith, professeur d’éducation physique de son état, est unanimement considéré comme l’homme ayant inventé ce sport en 1891 à Springfield (Massachusetts).
Cela n’empêche pas le basket de rapidement débarquer en Europe, sous l’impulsion de la célèbre YMCA (Young Men Catholic Association). Il faudra toutefois attendre un gros demi-siècle avant qu’une ligue professionnelle ne voie le jour sur le continent américain : elle s’appellera National Basketball Association, et vous avez déjà deviné ses initiales.
Contrairement à tout un tas d’autres sports dont le développement après-guerre se fait principalement en Europe (comme le football et les sports mécaniques), le basket a une longueur d’avance sur sa terre natale. Il faut attendre 1958 pour voir la première compétition d’envergure européenne, la célèbre Euroligue, et assez peu de pays du Vieux Continent parviennent à se distinguer à l’échelle internationale.
Pendant 20 années consécutives, les États-Unis remportent le tournoi olympique (de 1948 à 1968), et seules des nations aujourd’hui disparues (l’URSS et la Yougoslavie) parviennent à lui contester épisodiquement cette hégémonie. Les Américains remportent l’argent en 1972 et le bronze en 1988, et boycottent l’épreuve moscovite de 1980. Le tournoi de 1984, disputé à Los Angeles, est l’occasion de révéler au monde l’une des plus grandes superstars de l’histoire du sport, dont l’aura dépassera celle de la NBA : Michael Jordan.
La domination… jusque dans le règlement
Par la suite, cette domination va s’accroître avec une série de titres olympiques quasi parfaite depuis 1992 : seul le titre de 2004 gagné par l’Argentine manque à l’appel. Une suprématie étonnamment moins marquée du côté de la Coupe du monde de basket, organisée par la fédération internationale FIBA et de notoriété étonnamment moindre (mais dont les États-Unis codétiennent le nombre de titres avec la Yougoslavie, décidément référence européenne).
La raison ? Une médiatisation moindre, l’engouement autour du basket se faisant essentiellement autour de la NBA et du tournoi olympique quadriennal. Dès les années 1960-1970, une machine médiatique sans précédent entoure les sports américains et la NBA explose aux yeux de la planète, commençant à accueillir de plus en plus de joueurs étrangers, sachant que c’est là qu’ils atteindront la gloire. En plus de créer des stars et d’en attirer, la NBA constitue le théâtre de l’évolution des règles d’un sport qui n’a tout simplement pas les mêmes qu’ailleurs sur ce continent.
Le panier à trois points, rendu officiel à la fin des années 1970, est non seulement inventé aux États-Unis, mais la distance requise pour le valider est plus éloignée en NBA que dans les compétitions de la FIBA (7,23 m contre 6,75 m). Cela dit, très récemment, la ligue philippine a décidé de révolutionner la discipline à son tour en instaurant le tir à quatre points, situé à 8,23 m du panier et dont le tout premier a été inscrit le 18 août.
La NBA, également reine sur consoles et PC
Face à cette situation, le jeu vidéo a fait, dès les années 1990, le choix de s’intéresser quasiment exclusivement au championnat nord-américain pour s’assurer des ventes faciles en surfant sur la compétition la plus populaire. Là où sa licence FIFA met en avant des équipes du monde entier, EA Sports lance en 1994 NBA Live sur Super Nintendo, Mega Drive et PC, avant que SEGA ne lui fasse concurrence avec sa série NBA 2K à partir de 1999.
Une franchise rachetée par… 2K (ça ne s’invente pas) en 2006 et qui a petit à petit pris le dessus, jusqu’à la disparition pure et simple de NBA Live en 2019. Si EA Sports a gagné la guerre des jeux de football, il a perdu celle des jeux de basket, ultradominée par son rival. Selon son éditeur Take-Two, la série NBA 2K a dépassé les 150 millions de ventes depuis son acquisition, ce qui laisse supposer que près de 10 millions d’exemplaires de chaque nouvelle itération trouvent preneur tous les ans.
Et en France, ça donne quoi ? Eh bien, si la NBA y est également très populaire, on reste quand même loin de la domination d’EA Sports (ex FIFA). Sur l’année 2023, ce sont 10 fois moins de NBA 2K24 que d’EA Sports FC 24 qui ont été écoulés (157 543 unités pour NBA 2K24 contre 1 477 448 pour EA Sports FC 24), mais cela reste un chiffre très honorable. À titre de comparaison, la dernière édition de NBA 2K s’est quasiment aussi bien vendue sur l’exercice 2023 que le dernier jeu Star Wars en date, sorti six mois plus tôt que lui.
Paris 2024, un nouveau cap ?
Néanmoins, c’est du côté des Jeux olympiques de Paris que l’on peut espérer voir le plus gros boost de popularité du basket (pardon, de la NBA) dans l’Hexagone. La compétition olympique fut non seulement un succès, mais surtout, la finale rêvée par tout un pays a opposé la « dream team » américaine aux Bleus, défaits avec les honneurs sur un score assez serré (98 à 87). De quoi susciter sans doute d’innombrables inscriptions de jeunes en club, mais aussi et surtout, d’augmenter encore un peu plus la fascination de tout un tas de fans de sports pour une discipline toujours en avance sur son temps.
Sur le plan démographique, l’Europe reste plus ou moins l’égale des États-Unis. À en croire une déclaration récente du président de la NBA, Adam Silver, il y aurait 270 millions de fans de basket en Europe, marché en pleine croissance estimé à 20 milliards de dollars. Une immense majorité d’entre eux s’intéresse évidemment en premier lieu à la NBA – notamment en France où le principal talent, Victor Wembanyama, a rejoint les Spurs de San Antonio en 2023, espérant marcher sur les traces de Tony Parker, considéré comme le meilleur basketteur français de l’histoire. Une légende constituée à travers près de 20 saisons disputées… en NBA, évidemment.
C’est une certitude : l’écart entre les ligues professionnelles européennes et la NBA existera toujours, et n’est pas près de se réduire. L’attrait d’une ligue aussi prestigieuse reste inégalable et, tant que l’équipe olympique états-unienne continuera de dominer aux Jeux olympiques, il est évident que le grand public n’aura d’yeux que pour elle. Un jour, peut-être, le basket aura son propre équivalent à EA Sports FC, mais, en attendant, force est de constater qu’il faut encore et toujours s’incliner devant la grandeur américaine lorsque cela touche à la balle orange.
NBA 2K25 sortira le 6 septembre 2024 sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et Nintendo Switch.