Niels Juul, producteur exécutif de Silence et de The Irishman, a annoncé la création de NFT Studios en vue de développer des longs-métrages grâce à la vente de jetons non fongibles (NFT).
La folie des NFT gagne peu à peu Hollywood. Début novembre, le studio Warner Bros annonçait la vente de NFT – cette technologie de « certification numérique » liée à la blockchain qui a notamment fait exploser le marché de l’art depuis le début de la pandémie – en amont de la sortie de Matrix Resurrections, le quatrième opus tant attendu de la saga cinématographique imaginée par les soeurs Wachowski. Dans un autre registre, le réalisateur Quentin Tarantino avait annoncé la vente de scènes coupées de Pulp Fiction, son film culte (lauréat de la Palme d’Or en 1994), sous forme de NFT – une vente qui poussera le studio Miramax, détenteur des droits du film, à poursuivre le réalisateur en justice pour conflit d’intérêts. Mais jusqu’à présent, aucun projet de long-métrage financé exclusivement via la technologie des NFT n’avait été officialisé. C’est maintenant chose faite par l’intermédiaire de Niels Juul, consultant spécialisé dans la restructuration de sociétés, qui a mis un premier pied dans l’industrie du cinéma en remettant d’aplomb la société de production italo-américaine Cecchi Gori Pictures (La vie est belle, Le Facteur, Seven) au début des années 2010. Une restructuration marquée par la production de Silence (2017), film de Martin Scorsese déjà en cours de développement dans les années 1990.
Juul – à ne surtout pas confondre avec un certain rappeur marseillais – participera ensuite au financement de The Irishman (Netflix, 2019), autre projet phare de Scorsese, ainsi que Killers of the Flower Moon (Apple TV+), son prochain film avec Leonardo DiCaprio et Robert de Niro. Il coproduit également le biopic sur Enzo Ferrari réalisé par Michael Mann, actuellement en pré-production, avec Hugh Jackman dans le rôle-titre. Pour son premier projet de film hollywoodien financé par la vente d’environ 10 000 NFT, Niels Juul espère ainsi récolter entre 8 et 10 millions de dollars, promettant par ailleurs aux investisseurs potentiels une part des bénéfices et une rencontre avec les stars du film. Intitulé A Wing and a Prayer, le film sera une comédie dramatique centrée sur l’histoire de Brian Milton, premier homme à avoir effectué le tour du globe en ULM.
« Les studios produisent essentiellement des films de franchise, un film indépendant peut prendre des années et des années. Il est difficile de rameuter des investisseurs pour les films et les productions en cours de développement, avec le système hollywoodien. Nous voulons le démocratiser », a déclaré le producteur, qui révélera le casting du film lors de la prochaine Berlinale en février 2022. Reste à savoir si ce projet récoltera les fonds nécessaires, ce qui pourrait alors encourager les studios à expérimenter un nouveau modèle de production.
