Le nouveau film de Lee Isaac Chung parvient à se faire une belle place dans le genre du film catastrophe grâce à sa gestion de l’humain.
Ce n’est ni un reboot, ni une suite, mais un nouveau chapitre ! Ainsi est décrit ce Twisters, quasiment 30 ans après la sortie de Twister, film emblématique de Jan de Bont sur des chasseurs de tornades.
Désormais, c’est au réalisateur coréano-américain Lee Isaac Chung de livrer sa propre itération, en conservant un postulat identique : la vie des chasseurs de tornades aux États-Unis.
Tout commence lorsque Kate (Daisy Edgar-Jones), étudiante et chasseuse de tornades, perd une majorité de son équipe lors d’une expérience à hauts risques. Des années plus tard, un ancien collègue la recrute pour analyser des tornades de plus en plus violentes en Oklahoma. Sur place, elle fait la rencontre de Tyler Owens (Glen Powell), chasseur de tornades émérite à la popularité grandissante.
Relation humaine au cœur de la tornade
Entre la simplicité de son postulat et la promesse évidente entourant les protagonistes, Twisters pourrait passer pour un simple film catastrophe portés par des personnages sans saveur et à l’action peu inspirée. Pourtant, grâce à son écriture et à sa gestion du rythme, le film de Lee Isaac Chung emporte rapidement l’adhésion. Il peut, pour se faire, se reposer sur ses deux interprètes principaux, Daisy Edgar-Jones et Glen Powell.
Ce dernier, star montante à Hollywood depuis sa participation à Top Gun : Maverick (2022) et Tout sauf toi (2024) ajoute un charme à l’américaine au film, avec sa gouaille et sa présence à la Tom Cruise (en serait-il finalement le digne héritier ?) Daisy Edgar-Jones, quant à elle, doit faire face à ses démons et tout le film joue avec sa culpabilité et son but : détruire les tornades de l’intérieur.
L’alchimie entre les deux acteurs (et les deux personnages), offre au film ses plus beaux moments : lorsque Lee Isaac Chung ralentit le rythme et laisse ses personnages vivre entre deux catastrophes, il se rapproche d’un cinéma d’auteur indépendant à la réalisation délicate. Le metteur en scène montre ainsi les coins reculés d’un pays fracturé, détaille les changements de vie et les relations fluctuantes selon les périodes de vie.
Par certains aspects, la thématique de Twisters est la même que celle évoquée dans Minari (2020), précédent film du réalisateur. Comment vivre et exister dans un pays aussi complexe et paradoxal que les États-Unis ? Plus loin encore, pour Twisters, s’ajoute une question essentielle et dramatique : comment survivre dans une ville qui peut partir en fumée quotidiennement tant la nature est imprévisible et implacable ?
Coté action, si certains plans montrent quelques limites, la caméra de Lee Isaac Chung parvient toujours à trouver l’angle efficace pour pénetrer au plus proche des tornades et pousser ses protagonistes au cœur de la catastrophe.
Qu’ils y aillent volontairement ou qu’ils subissent une tornade surprise — une scène en particulier montre la dangerosité et de la soudaineté des tornades –, Twisters malmène ses protagonistes et utilise à bon escient les éléments naturels pour immerger le public dans un chaos permanent. Et c’est peut-être en ça que l’autre propos du film prend tout son sens.
30 ans après Twister, que raconter face au dérèglement climatique ? Les tornades de Twisters sont le reflet de cette évolution et gagne en puissance et en dangerosité, arguant que le phénomène n’est plus vraiment naturel. Face à ce constat, la réponse est humaniste ou capitaliste, et derrière les séquences impressionnantes et les relations humaines touchantes, Twisters pose, brièvement, un constat politique. Une belle façon de manier les genres, sans oublier le spectacle, évidemment.
Twisters, de Lee Isaac Chung, avec Daisy Edgar-Jones, Glen Powell et Anthony Ramos, 2h02, au cinéma le 17 juillet 2024.