Critique

House of Gucci de Ridley Scott : luxe æterna

01 décembre 2021
Par Alexia De Mari
Lady Gaga dans la peau de Patrizia Reggiani dans "House of Gucci"
Lady Gaga dans la peau de Patrizia Reggiani dans "House of Gucci" ©Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved.

Argent, trahison, pouvoir, meurtre… Ridley Scott s’empare de l’incroyable – mais vraie – histoire de la famille Gucci.

House of Gucci est l’adaptation de l’histoire vraie de la famille Gucci, telle qu’elle est racontée dans le livre House of Gucci : a Sensational Story of Murder, Madness, Glamour, and Greed de Sara Gay Forden (2001). À l’occasion du film de Ridley Scott, une traduction française du texte est parue aux éditions Harper et Collins le 10 novembre dernier.

Patrizia Reggiani (Lady Gaga), une jeune italienne qui travaille dans l’entreprise de son père, rencontre un soir Maurizio Gucci (Adam Driver), le riche héritier de la maison de luxe du même nom. Dès lors, la narration s’organise autour du couple qu’ils vont former. On assiste à la montée en puissance de Maurizio qui, grâce aux conseils avisés de sa femme, parvient à devenir l’actionnaire majoritaire de la maison de luxe.

Si cette idylle pouvait – dans les premiers instants – ressembler à un conte de fée, la soif de pouvoir et les problèmes fiscaux contraignent Maurizio à s’exiler en Suisse – où il rencontrera une autre femme, Paola Franchi (Camille Cottin). Cette trahison poussera son ex-compagne à engager un tueur à gages.

Ridley Scott plus efficace que jamais

On dirait une histoire écrite pour être portée à l’écran – tous les ingrédients d’un film à succès y sont réunis : argent, pouvoir, amour, trahison. C’est donc sans difficulté, et sans surprise, que Ridley Scott tient ses spectateurs et ses spectatrices en haleine pendant les deux heures et demie de son film. La musique rythmée, les décors fastueux et les costumes irréprochables. Ces derniers, magnifiques, mettent autant en valeur les silhouettes que les personnalités de chacun des personnages – tout en conservant l’élégance de la marque. Le réalisateur s’attache à mettre en scène des personnages toujours exubérants, parfois caricaturaux – chacun à la manière qui leur est propre.

Un casting cinq étoiles

La famille Gucci est interprétée par un casting américain –qui assume avec plaisir l’accent italien exagéré – aussi luxueux que l’image de la marque. Si Lady Gaga et Adam Driver incarnent avec crédibilité le couple mythique, les rôles plus secondaires ne sont pas en reste : c’est Al Pacino qui tient le rôle d’Aldo Gucci, et Jared Leto celui de Paolo Gucci, le fils. La remarquable précision du jeu d’Adam Driver fait ainsi face à l’exubérance, l’exagération et l’outrance portées par Lady Gaga, soutenue par Jared Leto et Al Pacino qui semble particulièrement s’amuser dans son rôle et dont la présence permet d’amener un peu de l’univers du Parrain (Francis Ford Coppola, 1972) dans celui de la mode.

Gucci ou rien

Patrizia Reggiani – qui ne parviendra pourtant jamais à devenir une vraie Gucci – se révèle rapidement comme le véritable personnage principal choisi par Scott. Tantôt touchante, tantôt effrayante, c’est bel et bien son ascension à elle, puis sa chute, que House of Gucci retrace. La vraie question soulevée par le film est peut-être, au fond, celle de savoir si une jeune femme à l’indéniable talent pour les affaires peut accéder à la reconnaissance qu’elle mérite, même sans être bien née. Ce sont la rancœur et le sentiment d’injustice qui la pousseront à réclamer avec acharnement ce qui lui revient de droit, estime-t-elle, pour avoir participé à la construction de l’empire Gucci.

House of Gucci, de Ridley Scott, avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino. En salles depuis le 24/11/2021.

Article rédigé par
Alexia De Mari
Alexia De Mari
Journaliste