Critique

Sans un bruit, jour 1 : une promesse non tenue

29 juin 2024
Par Robin Negre
Lupita Nyong’o et Joseph Quinn dans “Sans un bruit : jour 1”.
Lupita Nyong’o et Joseph Quinn dans “Sans un bruit : jour 1”. ©Paramount

Malgré un postulat intéressant et une saga ne demandant qu’à être agrandie, le prequel de Sans un bruit n’est qu’une redite du premier film et rate son objectif : montrer le premier jour de l’invasion extraterrestre.

En 2018, John Krasinski fait sensation avec son film d’anticipation minimaliste Sans un bruit, dans lequel des extraterrestres aveugles à l’ouïe surdéveloppée ont envahi la Terre, plongeant l’humanité dans un silence forcé. Dès l’introduction, le réalisateur et acteur se met en scène aux côtés de sa femme, Emily Blunt, et montre avec soin le quotidien des survivants, contraints de vivre sans émettre un seul bruit. Deux ans plus tard, un second film continue l’épopée de la famille et montre les prémices de l’invasion à travers un flashback saisissant.

Sans un bruit : jour 1 a l’ambition de poursuivre cette exploration du passé, en se concentrant exclusivement sur le point de bascule. Malheureusement, le film ne parvient pas à se distinguer ni à renouveler la formule, créant un contresens immédiat avec sa promesse.

Sans un bruit : jour 1.©Paramount

Samira (Lupita Nyong’o), jeune femme atteinte d’un cancer vivant dans un hospice pour soins palliatifs à New York, fait une sortie culturelle en plein cœur de Manhattan avec d’autres pensionnaires. Au moment de repartir, le ciel s’embrase et le carnage commence. Sans un bruit : jour 1 est rapide en exposition.

Très vite, le film passe au plus intéressant, l’invasion extraterrestre. Les extraterrestres surgissent en plein New York, créant un vent de panique et une scène de carnage bien sentie. L’obscurité tombe, le bruit s’estompe et Samira commence son errance dans un New York dévasté, jusqu’à sa rencontre avec un étudiant en droit, Eric (Joseph Quinn, révélé grâce à la série Stranger Things). Le film fait également un lien avec Sans un bruit 2, en faisant intervenir le personnage de Djimon Hounsou, futur chef de la colonie.

Sans un bruit : jour 1.©Paramount

Sans un bruit : jour 1 a une thématique principale intéressante. Quand le monde bascule et que l’humanité cherche à survivre à tout prix, que fait une personne malade en soins palliatifs déjà proche de sa propre fin ?

Le regard porté sur le personnage de Lupita Nyong’o change le prisme habituel du film de survie. Samira sait que ses jours sont comptés et n’a pas le même comportement que les autres personnages (sans être pour autant inconsciente).

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À partir de là, le film crée une relation sincère et touchante entre Samira et Eric, qui l’accompagne lors de son voyage à travers New York. Le film construit avec authenticité le lien entre les deux héros et rappelle de fait le premier Sans un bruit, dans son aspect plus minimaliste, plus resserré, se contentant de peu de personnages.

Force du premier film, mais sentiment de redite avec ce prequel. Lupita Nyong’o et Joseph Quinn n’y peuvent rien. Malgré deux prestations (très) solides, le long-métrage manque de surprise et semble incomplet. En cause : l’absence totale de contexte autour de l’invasion.

Où est New York ?

Si Sans un bruit et Sans un bruit 2 s’éloignaient volontairement des grandes métropoles pour accentuer l’aspect road trip des personnages, Sans un bruit : jour 1 commence en indiquant que New York est l’une des villes les plus bruyantes de la planète. La promesse est sous-jacente : la Grosse Pomme doit sombrer dans le chaos à cause de sa spécificité.

Pourtant, le film ne fait absolument rien de son postulat. À aucun moment New York n’est véritablement mise en avant (si ce n’est une rapide scène asphyxiante de chaos humain), et la particularité autour de la ville surbruyante dans un monde contraint de se taire n’est absolument pas traitée. Le film passe à côté de sa promesse et n’agrandit pas non plus la mythologie de la saga. En optant pour une approche à nouveau très minimaliste, le manque de grandeur devient lassant et vain.

Sans un bruit : jour 1.©Paramount

Où sont les forces armées ? Quelle est la riposte des gouvernements ? Que se passe-t-il réellement dans la ville et dans le monde ? New York se limite ici à quelques rues seulement, aucun des lieux les plus iconiques n’est montré ou évoqué. Face à toutes ces interrogations sans réponse, Sans un bruit : jour 1 en devient presque cheap, fauché. Comme si la volonté de développer une relation touchante et sincère ne pouvait se faire qu’en supprimant tout superflu et en se limitant. Même dans la réalisation des scènes d’horreur ou de tension, Michael Sarnoski n’arrive pas à égaler ce que faisait bien mieux John Krasinski.

La bande-annonce de Sans un bruit : jour 1.

Sans un bruit : jour 1 aurait pu être une sorte de Guerre des mondes revisité, montrant réellement comme l’humanité est devenue silencieuse. À la place, le film se contente de montrer que le deuxième jour ressemble aux mille suivants : des gens seuls, qui marchent, en dépit d’une thématique intéressante et d’un casting solide.

Sans un bruit : jour 1, de Michael Sarnoski, avec Lupita Nyong’o, Joseph Quinn et Djimon Hounsou, 1h39, au cinéma le 26 juin 2024.

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