Critique

Paolo Sorrentino réussit son retour avec le sublime Parthenope

12 mars 2025
Par Lisa Muratore
Paolo Sorrentino est de retour au cinéma avec “Parthenope”.
Paolo Sorrentino est de retour au cinéma avec “Parthenope”. ©THE APARTMENT SRL - NUMERO 10 SRL - PATHÉ FILMS ALL RIGHTS RESERVED - Gianni Fiorito

Après avoir présenté La main de Dieu (2021), Paolo Sorrentino est de retour au cinéma avec Parthenope. Critique.

Parthenope est l’une des femmes les plus belles de Naples et d’Italie. Depuis sa naissance, elle attire tous les regards. Les femmes l’envient, les hommes la désirent. Passionnée d’anthropologie, elle rêve cependant d’être aimée pour ce qu’elle est vraiment ; une jeune femme intelligente, mystérieuse, mais surtout libre.

Pour son retour au cinéma, Paolo Sorrentino dresse le portrait de cette héroïne magnétique, brillamment incarnée par Celeste Dalla Porta, à travers un récit d’apprentissage dans lequel le réalisateur assoit une nouvelle fois ses obsessions : celle d’une beauté enivrante et d’une jeunesse débordante auxquelles sexe et religion se mêlent.

Paolo Sorrentino, fidèle à lui-même

À travers ces thèmes, Paolo Sorrentino déroule un propos sur la vie dans tout ce qu’elle a de plus beau, de plus fort, mais aussi de plus dramatique, le tout à travers les yeux de Parthenope. Il construit ainsi un film autour d’une variété de contrastes. D’un côté, la beauté de la jeune femme, de l’autre, la laideur de la ville napolitaine qui porte le même nom qu’elle. Par ailleurs, le désir et le sexe s’opposent à la religion, tout comme la mort et la vie, le cœur et la raison.

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La conférence de presse de Parthenope au Festival de Cannes.

Tout au long de son film, Paolo Sorrentino dépeint aussi subtilement qu’habillement ces dichotomies, comme une façon de représenter la vie dans ce qu’elle a de plus réel, de plus charnel et de plus humain. Ceci étant dit, sa photographie n’a rien de réaliste tant elle apparait poétique, rêveuse et baignée de soleil ; un songe d’été dans lequel le réalisateur nous invite dès les premières minutes de son film : la mer est d’un bleu ardent, son sel se mélange à la caresse du soleil de façon presque palpable.

Pathernope nous envoute autant que son héroïne, sublimée, quant à elle, par une mise en scène qui prend son temps, et qui apparaissait au moment du Festival de Cannes comme une respiration bienvenue. À la dissection des corps façon Cronenberg et le body-horror aseptisé de Coralie Fargeat dans The Substance, on préfère la manière bien à lui qu’a Sorrentino de filmer les corps et la sensualité.

L’anthropologie selon Sorrentino

Néanmoins, Parthenope n’est pas un simple objet de désir, c’est une femme d’une grande intelligence qui refuse d’être enfermée dans le carcan que les hommes ont défini pour elle. Elle choisit ainsi l’anthropologie comme libération, privilégiant les idées à la chair. D’ailleurs, c’est lorsqu’elle poursuit cette quête de la Pensée qu’elle s’accomplit entièrement. Ainsi, elle croisera tour à tour un philosophe dépressif, mais terriblement émouvant, incarné par Gary Oldman, nouera une relation passionnante avec son professeur d’université, avant de s’éprendre d’un Pape pas comme les autres. Ce n’est que quand elle « se laisse aller » dans le film que le malheur arrive.

Le comportement des hommes est également scruté à travers celui de la société italienne qu’observe à la loupe Paolo Sorrentino. À l’image de son héroïne, il devient un anthropologue napolitain en examinant avec passion et défaite le comportement des habitants de sa ville natale. On se retrouve emporté dans l’effervescence d’une ville aussi belle que destructrice à travers une galerie de personnages tour à tour troublants, dérangeants, fougueux, violents, mais aussi très sensibles et auprès desquels Parthenope va grandir.

Affiche de Parthenope.©Pathé

Construit comme un long voyage à travers une Italie aussi paradisiaque qu’amère, Parthenope offre un récit d’apprentissage et une épopée envoutante à travers le pays en forme de botte. Paolo Sorrentino est bien de retour.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste