Entretien

Les livres de Fanny Britt : “L’Insoutenable Légèreté de l’être a fait mon éducation sentimentale pour le meilleur et pour le pire”

16 mai 2024
Par Lisa Muratore
Fanny Britt a sorti en mai son nouveau roman “Les Maisons”.
Fanny Britt a sorti en mai son nouveau roman “Les Maisons”. ©Maude Chauvin

Chaque mois, un·e auteur·rice partage avec L’Éclaireur la dizaine de livres qui l’ont particulièrement touché·e, pour différentes raisons, à différentes époques de sa vie. Ce mois-ci, c’est l’écrivaine Fanny Britt qui se prête au jeu.

Après Faire les sucres, Fanny Britt est de retour en librairies depuis le 1er mai avec Les Maisons (Flammarion). Dans ce nouveau roman, l’autrice, dramaturge et traductrice québécoise raconte l’histoire de Tessa, une ancienne chanteuse classique reconvertie en courtière immobilière à Montréal. Elle y vit avec Jim, un homme qui la chérit, elle et ses trois enfants. Mais un jour, la jeune femme va recroiser Francis, son amour de jeunesse ; une rencontre fortuite qui va la pousser à revisiter un passé mal enfoui.

C’est à l’occasion de la sortie de ce nouveau roman rempli d’émotion et d’humour que Fanny Britt a accepté de revenir pour L’Éclaireur sur les livres qui l’ont forgée en tant qu’autrice, mais surtout marquée en tant que lectrice.

Quel est le livre qui vous a le plus marqué dans votre vie ? 

Il me faut répondre Jane Eyre, de Charlotte Brontë. Aucun autre livre n’a stimulé mon amour de la littérature, mon envie d’écrire et mon désir d’indépendance que celui-là. Il a, par ailleurs, inspiré mon roman graphique Jane, le renard et moi, dans lequel j’ai pu exprimer toute l’admiration que je voue encore à ce personnage unique. 

Bande-annonce du film Jane Eyre.

Celui que vous aimez offrir ? 

Mouron des champs, de Marie-Hélène Voyer, une poétesse québécoise actuelle, dont l’écriture ciselée et ample rend avec beaucoup de simplicité le destin imposé à des générations de femmes du Québec, surtout en région rurale.  

Celui qui parle le mieux d’amour ? 

Qui a mieux décrit la souffrance d’aimer et l’absolu du désir qu’Emily Brontë dans Les Hauts de Hurlevent ? J’y reviens sans cesse depuis l’adolescence.  

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Celui qui vous obsède ? 

Kamouraska, d’Anne Hébert. C’est une écriture prodigieuse, un récit traversé d’une fièvre qui vous happe et laisse longtemps des traces. 

Celui qui vous fait le plus rire ? 

Je ne me lasserai jamais des livres de Riad Sattouf, avec un penchant particulier pour La Vie secrète des jeunes, parce que c’est le premier que j’ai lu de lui.

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Celui qui vous fait pleurer ? 

The Maytrees, d’Annie Dillard, une immense écrivaine américaine dont le parcours discret est inversement proportionnel à sa maîtrise du récit. Dans cette fiction intimiste, elle retrace la vie d’un couple ordinaire de Cape Cod, et on en sort bouleversé comme après les plus grandes tragédies. 

Celui qui vous fait rougir ? 

Vers 12 ou 13 ans, la découverte de L’Insoutenable Légèreté de l’être de Milan Kundera a fait mon éducation sentimentale… pour le meilleur et pour le pire. J’aurais voulu être une Sabine, j’étais bien davantage une Teresa.  

Celui qui vous dérange ? 

Tu aimeras ce que tu as tué, le premier roman de Kevin Lambert, m’a bousculée par sa violence, mais m’a éblouie par sa lucidité, et la virtuosité de sa langue.  

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Celui qui parle le mieux de la famille ? 

J’adore la manière dont Alain Farah a brossé le portrait de sa famille excessive et quasi mythologique, avec ses travers et son amour maladroit, dans Mille Secrets Mille Dangers.  

Celui qui est idéal pour les vacances ? 

Tous les livres peuvent être lus en vacances. Mais si on cherche des récits bien ficelés, doublés d’une écriture remplie d’humour et habile à décrire une certaine réalité américaine, je ne saurais trop recommander tous les livres de Laurie Colwin, romancière new-yorkaise partie trop tôt, qui nous a laissé des livres incisifs et mélancoliques sur le couple, la famille et la recherche de soi-même, comme Frank et Billy ou Une vie merveilleuse. La romancière Emma Straub en est sans doute l’héritière la plus manifeste, avec des romans radieux comme Demain, même heure et Modern Lovers

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste