En compétition face à des mastodontes du genre tels qu’Élémentaire et Spider-Man : Across the Spider-Verse, le dernier film de Miyazaki est sorti vainqueur de cette cérémonie.
L’Académie des arts et des sciences du cinéma a eu la lourde tâche de désigner le meilleur film d’animation. Autrefois considérées comme étant réservées à un jeune public, les œuvres animées ont su montrer leur capacité à transcender les frontières de l’âge et des cultures. Cependant, cet art ne se cantonne pas à une seule technique. Les lauréats de 2021 et 2022 (respectivement Soul et Encanto) étaient des films en images de synthèse, mais la victoire, l’année dernière, du Pinocchio de Guillermo del Toro, prouvait que des formes d’expression artistiques aussi anciennes que le stop motion n’avaient pas dit leur dernier mot.
Fable moderne
Le Garçon et le héron, Élémentaire, Nimona, Robot Dreams, Spider-Man : Across the Spider-Verse… Cette nouvelle édition a mis à l’honneur des œuvres aussi différentes que percutantes. Malgré ce choix cornélien, l’Acamédie a tranché et décidé de récompenser l’animation en 2D d’Hayao Miyazaki. Le cinéaste reçoit ainsi son troisième Oscar, et nous prouve une nouvelle fois qu’il n’est pas du genre à suivre le mouvement.
Conçu il y a plus de 20 ans, Le Voyage de Chihiro avait été imaginé en opposition à ce que proposait jusqu’alors l’industrie du manga et les animes de l’époque – et plus particulièrement le genre du shōjo qu’il trouvait répétitif. Ce chef-d’œuvre lui a valu sa première statuette pour le Meilleur film d’animation, et Miyazaki en a reçu une deuxième, en 2014, qui saluait l’ensemble de sa carrière.
Dix ans après cet Oscar d’honneur, le cinéaste a décidé de sortir de sa retraite pour ce qui serait son « dernier film » : Le Garçon et le Héron. Là encore, l’artiste a décidé de travailler à rebours de ce que propose l’industrie de l’animation japonaise où les cadences infernales subies par les créateurs l’emportent sur le désir de créativité. Il lui a donc fallu environ sept ans et 60 animateurs pour concevoir à la main cette nouvelle fable qui mêle la magie de l’imaginaire à des thématiques profondes et bien réelles.
Comme à son habitude, cette œuvre ne se contente pas de nous divertir, mais propose au spectateur un voyage dans un monde poétique, éloigné de la folie technologique contemporaine. En effet, le jeune Mahito doit faire le deuil de sa mère à la campagne, où sa rencontre avec un héron change sa perception du monde qui l’entoure. Remportée ce 10 mars, cette troisième statuette prouve que la poésie d’un tel film a encore sa place dans notre monde moderne.