Une petite semaine, pas plus. C’est le temps qu’il a fallu à l’éditeur du célèbre émulateur pour décider de régler son différend avec Nintendo à l’amiable.
Un commun accord dans lequel les équipes derrière Yuzu vont toutefois laisser des plumes : Tropic Haze est condamné à verser la somme de 2,4 millions de dollars à Nintendo pour avoir « facilité le piratage à une échelle colossale ». L’émulateur Nintendo Switch le plus populaire doit donc cesser ses activités, comme Citra, son petit frère dédié à la Nintendo 3DS.
Tropic Haze doit tout céder à Nintendo
Si Tropic Haze n’a pas souhaité aller au procès, c’est peut-être à la fois parce que l’entreprise se savait en tort… et parce qu’elle n’a pas les ressources financières pour tenir tête à un ogre tel que Nintendo. Courber l’échine était probablement la décision la plus sage ici, même si une somme importante devra être versée au géant du jeu vidéo japonais.
Mais les 2,4 millions d’euros à verser à Nintendo ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Les équipes de Tropic Haze doivent en effet cesser immédiatement tout développement de Yuzu et la distribution de son code source (qui pourrait servir à créer des clones). Les serveurs, sites web et comptes de réseaux sociaux associés au projet doivent également être transférés à Nintendo. Tous les outils utilisés pour contourner les protections antipiratage de la marque sont aussi concernés, ainsi que les consoles modifiées qui ont servi de banc d’essai aux équipes de Tropic Haze.
Une décision de justice tout ce qu’il y a de plus officielle et effective immédiatement. C’est ce qu’a confirmé l’un des développeurs sur le serveur Discord officiel de Yuzu (via The Verge), admettant par là même que Citra, célèbre émulateur 3DS, doit également être débranché.
D’autres émulateurs perdurent
Cela signe-t-il pour autant la fin de l’émulation de jeux Switch ? A priori, non. D’autres solutions existent et beaucoup d’internautes ont déjà effectué des copies du code source de Yuzu après que Nintendo a rendu publiques ses accusations à son encontre. Pour Richarg Hoeg, avocat spécialiste de la propriété intellectuelle interrogé par The Verge, Nintendo crée ici un précédent qui pourrait surtout décourager des « concurrents » de Yuzu.
En l’occurrence, certains estiment que si Tropic Haze a été visé ici, c’est en partie parce que le groupe animait une page Patreon particulièrement suivie, leur permettant de gagner de l’argent en poursuivant le développement de leur produit. L’émulation étant toujours considérée comme une gigantesque zone grise (ai-je le droit d’émuler les jeux Switch que je possède ? Quid des jeux pour des consoles désormais introuvables ?), peut-être cet argument pécuniaire était le pas de trop qu’il ne fallait pas franchir.
Enfin, précisons que si le développement de Yuzu est officiellement enterré, les versions déjà installées par les utilisateurs ne sont pas affectées. Elles finiront simplement par ne plus être fonctionnelles au fil du temps.